Elly - Avril 2025
J'ai la désagréable sensation d'avoir un marteau piqueur dans la tête. Je sens mon poul battre dans mes tempes. Mon corps est recouvert d'une fine pellicule de sueurs. Je sens des gouttes perler dans mon dos. On pourrait penser que je suis en train de suffoquer sous la chaleur, mais c'est tout le contraire. J'ai froid. Je suis frigorifiée. Je ne sais pas où je suis, mes yeux sont incapables de s'ouvrir. J'ai tellement mal au crâne. Mon t-shirt me colle à la peau, je déteste cette sensation.
Bon sang, qu'est ce que j'ai foutu hier soir ? Je suis en plein bad trip ?
Mon corps est secoué par de nombreux tremblements, mon estomac se contracte et je sens la bile remonter le long de mon œsophage. Le goût amer de l'alcool se rappelle à moi. Je me relève brusquement. Cette fois, je suis pleinement réveillée. Je n'ai pas le temps d'analyser mon environnement que je vomis sur le sol. Manque de bol, j'ai raté la bassine qu'il y avait au pied du lit. L'odeur nauséabonde qui s'échappe de mes rejets intestinaux me donne des nouveaux hauts-le-cœur. Mes crampes sont incessantes. Mon corps se vide de tout le poison que j'ai ingéré hier soir. Je sens une masse imposante s'asseoir à mes côtés. Le matelas s'affaisse un peu plus sous notre poids. Quelqu'un essaye désespérément de m'attacher les cheveux. Je pense que c'est trop tard, le mal est déjà fait. Ils doivent être recouverts de vomi…
Au bout de quelques instants, je me sens un peu mieux, mon estomac n'a plus rien à renvoyer. Je grimace devant l'étendue des dégâts. Je n'y suis pas allé de mains mortes. Je suis ridicule. Je relève le visage doucement et tombe dans les yeux inquisiteurs de Maximilien. Son visage est fermé. Ses deux globes oculaires me scrutent avec leur noirceur habituelle. C'est en me confrontant à son regard que mes souvenirs me reviennent. Hier soir, j'ai été lâche… Je n'ai pas su gérer notre rapprochement inattendu. Je lui ai volé de l'argent et j'ai fui l'appartement. Je me suis retrouvée seule dans les rues de Paris. J'ai voulu noyer mon chagrin et mes peurs dans une bouteille bon marché de vodka. Il est venu me chercher.
- Je suis…
Maximilien détourne le regard. Comme si m'avoir dans son champ de vision était la chose la plus détestable qu'il ait à faire.
- Max… regarde moi s'il te plaît. Je suis désolée.
Il se recule sans même me jeter un seul regard. Son corps élancé et musclé se lève du lit. Ses épaules sont voûtées. Il se passe la main sur le visage avant de quitter la pièce sans un mot. Je ne me souviens pas bien de ce que j'ai dit ou fait hier soir, mais je regrette amèrement.
Je me flagelle mentalement pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que Max revienne avec un gant de toilette humide entre les mains. Il s'accroupit devant moi avant de saisir mon menton entre ses longs doigts. Mes yeux sont instantanément noyés par des larmes. J’ai terriblement besoin qu’il me pardonne mon écart de conduite. Je suis lâche et j’ai été effrayé par mes sentiments.
- Pourquoi tu pleures ?
Max nettoie mon visage avec douceur. Le froid humide du gant me tire le visage. Mes larmes sont balayées dans son sillage. Mon ange gardien veut effacer toute trace de souffrance.
- Je suis désolée, pardonne moi s’il te plait. J’en ai…
Une boule se forme dans ma gorge. Les mots se bloquent et je n’arrive pas à les faire sortir. Je me sens vulnérable sous son regard. Si je lui dis le fond de ma pensée, j’aurai la sensation de me mettre à nu devant lui, et je ne sais pas si je suis prête pour ça.
- J’en ai besoin.
J’évite de croiser le regard de Max, alors de son index, il relève mon menton et me fixe intensément.
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Nos cœurs sous la cendre
RomanceJeune sapeur-pompier, Maximilien est un homme qui a été blessé par la vie. La carapace qu'il s'est forgée est désormais infranchissable. Ce qu'il hait le plus ? Les junkies qu'il croise bien trop souvent dans son quotidien de héros. Les femmes ne fo...