Chapitre 6 - Maximilien

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Janvier 2025


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Je dévale les escaliers de la résidence de Nathan précipitamment. Je suis parti sans me retourner, j'étais incapable de le faire. Je sentais des picotements insupportables me traverser le corps. Je suis partie pour ne pas m'effondrer devant mes amis.

Mes membres sont engourdis, j'a peur de rester paralysé sous l'angoisse. J'arrive au pied de l'immeuble de mon frère de cœur, complètement déboussolé. Cette journée a été éprouvante, mes émotions malmenées au point de m'en faire perdre la tête. Des vagues de souvenirs viennent noyer mon esprit. Je ne veux pas me rappeler de ça. Depuis que ma mère est morte, j'essaye d'oublier mon passé. Je le cloisonne dans un recoin de ma tête et je fais tout pour ne pas y penser. Mon passé, c'est mon enfer personnel. Les traumatismes sont trop violents pour être déterrés. Pourtant, Elly fait tout remonter en moi. Elle alimente mes cauchemars les plus sombres.

Je veux combattre l'angoisse qui monte en moi. J'essaye d'avancer dans la rue, mais un épais brouillard me bloque la vue. Mes oreilles bourdonnent. Mes doigts glissent dans mes cheveux. Je les empoigne avec rage. Je tire dessus, comme si la douleur pouvait me ramener dans le présent. La crise de panique est en train de pointer le bout de son nez. Mes poumons manquent d'air, j'ai la sensation d'étouffer. Mes mains tremblent, ma respiration est irrégulière. Mon cœur déborde d'amertume. J'ai mal. Je ne contrôle plus rien. Mes barrières s'effondrent. La porte qui retient prisonnière mes cauchemars s'ouvre. C'est la tempête dans mon crâne. Je me fais engloutir par les images du passé.

Je suis incapable de rester debout. Mon corps ne supporte plus mon poids. Je m'agenouille en pleine rue en proie à mes démons. La douleur de ces souvenirs me perfore l'âme. J'attrape ma tête entre mes mains. J'ai besoin que ça s'arrête !

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Flash back septembre 2007

Les cris de Liliana me donnent mal à la tête. J'ai besoin de l'aide de ma mère. Je me souviens qu'elle savait calmer mes crises de larmes mieux que personne quand j'étais petit. Qui mieux qu'une mère peut soulager les maux de ses enfants ?

- Maman ? Maman, t'es où ? Lilianna n'arrête pas de pleurer.

Ma mère ne me répond pas. Je la cherche partout dans la maison. Les pleurs de ma sœur ont eu raison de mes nerfs. J'ai envie d'envoyer valser tout ce qui se trouve sur mon chemin.

Mais qu'est-ce qu'elle fait bon sang ?

Mon beau-père me regarde d'un air désinvolte. Rien ne le préoccupe. Il est assis sur notre vieux canapé défraîchi. Il se fiche complètement de Lilianna, de ma mère et de moi. Il sirote sa bière tranquillement devant une émission de sport. Je le vois se saisir de la télécommande pour augmenter le son de la télé et ainsi camoufler les pleurs de ma petite sœur. 

- Maman ?!

En arrivant près de la salle de bain, j'entends des gémissements. J'ai peur de la voir encore complètement stone. Je pousse doucement la porte.

- Maman, c'est moi. Je vais rentrer.

L'odeur de la bile me prend à la gorge. Je voudrais être partout ailleurs sauf ici. Je lève les yeux au plafond pour essayer de me donner une certaine contenance. La moisissure qui zèbre le plafond me donne la chair de poule. On vit dans un taudis avec deux camés. Lily et moi n'avons pas mérité un sort pareil...

Nos cœurs sous la cendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant