/!\ Chapitre très sombre. Âme sensible s'abstenir /!\
Février 2025
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Je me réveille la gueule en vrac et la bouche pâteuse. Ma gorge est sèche, mes lèvres craquent à chacun de mes mouvements. La sonnerie stridente de mon téléphone sonne pour essayer de me réveiller. Je dois partir travailler dans quelques minutes, mais mon corps n'est pas de cet avis. J'ai mal partout, mon crâne va exploser.
J'ai peut-être un peu trop forcé hier soir.
Le mélange d'alcool et de cocaïne ne fait pas bon ménage. Mes vieux démons ont repris le dessus. Ils ont débarqué en grande pompe, fracassant tous mes efforts. Je suis stone la plupart du temps. Je me noie, et cette fois, j'ai l'impression qu'aucun retour en arrière n'est possible. Cette nuit, je suis retournée voir Jacky, et je suis restée avec lui, dans son trou à rats, jusqu'à trois heures du matin. Je l'ai vu beaucoup trop souvent ces derniers temps. Je ne me souviens pas du tout de comment je suis rentrée chez moi et encore moins comment j'ai gravi les six étages de mon immeuble. J'étais dans un sale état. Je le suis toujours d'ailleurs. Mes oreilles bourdonnent, je n'ai aucune envie de sortir de mon lit. Je ne veux pas retourner travailler au EasySmart, j'ai peur de me confronter à Camille. J'ai tellement honte de moi que je passe le plus clair de mon temps à l'éviter. Si elle comprend que j'ai replongé, je vais la décevoir. Je ne suis pas prête pour ça.
Je suis toujours affalée au milieu de mon lit. Mon réveil sonne pour la deuxième fois. Je frotte mes yeux comme si ça avait le pouvoir de me réveiller et d'enlever les dernières traces d'alcool de mon corps. Ce qui me pousse à bouger de mon lit, c'est l'appel de la drogue. J'ai besoin de m'enfiler un rail de coke avant de partir au travail. Je me suis donnée une limite : je ne me drogue pas et je ne bois pas au travail. J'essaye de garder le peu de dignité qu'il me reste. Les fins de journée sont dures à encaisser, mes veines bouillonnent d'impatience à chaque fois que je quitte le travail. Ça fait plus d'une semaine que je ne rentre pas directement chez moi en sortant du travail. Je finis toujours par rejoindre mon nouveau meilleur ami : Jacky. Je suis en train de me condamner, j'irai en enfer.
Mes mains tremblantes attrapent mon sachet de cocaïne, il est presque vide. Je ne préfère pas m'occuper de ça pour le moment, j'ai besoin d'une dose pour réfléchir. Je disperse le peu de poudre qu'il me reste sur ma table de chevet. Je m'agenouille devant, et avec une vieille carte de bus, je gratte la coke qui se coince dans les ridules du bois. Je ne veux pas perdre une seule paillette de cet élixir de vie. Je trace une belle ligne blanche devant moi, l'heure de la délivrance a sonné. Mon cœur bat la chamade, il est impatient de se retrouver loin du tracas de la vie quotidienne. Lui aussi, il veut fuir la réalité et se réfugier dans ce monde artificiel dans lequel nous emprisonne la cocaïne. Je me penche au-dessus de ma petite table et aspire la poudre blanche. Je sens mes muscles se détendre. Je laisse ma tête basculer en arrière. Je me sens submergée par un sentiment de béatitude. Mes neurones sont embrumés par la drogue qui s'échappe dans mon corps. Je me sens plus légère, j'ai l'impression d'être capable de m'envoler et de toucher les étoiles. C'est si bon. Je suis prête pour partir travailler.
En arrivant à la supérette pour l'ouverture, je flotte toujours sur mon nuage artificiel. Mes membres sont tout mous, et j'ai envie de rire. J'esquisse un sourire, je me trouve ridicule, mais au moins, je suis heureuse. Mes yeux embrumés se posent sur Camille. Elle me scrute avec attention, à ce moment-là, je prends conscience qu'elle sait. Elle n'a jamais été stupide, et le fait que je l'ignore autant lui à sûrement mit la puce à l'oreille. Je fuis ses yeux inquisiteurs et me précipite vers les vestiaires. Je me cache derrière la porte de mon casier, mais je sais qu'elle est là derrière moi.
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Nos cœurs sous la cendre
RomanceJeune sapeur-pompier, Maximilien est un homme qui a été blessé par la vie. La carapace qu'il s'est forgée est désormais infranchissable. Ce qu'il hait le plus ? Les junkies qu'il croise bien trop souvent dans son quotidien de héros. Les femmes ne fo...