Amour Futur

La meute

Je ne revis pas Jaël de la soirée, ni le lendemain, ni le jour suivant. J'en déduis que j'allais passer notre semaine de noce toute seule. Je mangeais ce que je trouvais dans le garde-manger. Parfois, Paula venait me rejoindre pour s'assurer que je mangeais un repas complet.

Je me levais à l'aube et courait pendant deux heures autour du village. Certains de ses habitants, pour la plupart des fermiers, me saluaient avec de grands signes. Je leur répondais en souriant. Je commençais à reconnaître certains visages et à y mettre quelques prénoms. Par chance, personne ne me posait de question.

Puis je rentrais et m'occupais à arroser le jardin comme me l'avait montré Vikëm qui venait s'occuper des poules et de la vache Nina. Paula nous rejoignait sur l'heure du midi et m'apprenait à cuisiner quelques plats au cas où Jaël rentrerait. Mais toujours pas de signe de lui.

D'après Vikëm, il était surement parti se réfugier dans la cabane de chasse à un jour de marche du village. Je remerciais la discrétion de son petit frère avec qui j'avais tissé des liens amicaux très forts. C'était un chic type en qui je pouvais avoir confiance et je lui étais très reconnaissante de toute l'aide qu'il m'avait apporté.

L'après-midi, je faisais quelques séances de musculation pour m'occuper. Le soir, je me posais devant la cheminée ou dans mon bain en espérant secrètement que Jaël rentre à la maison. Puis la fin de notre semaine de noce arriva.

-Tu devrais peut-être aller le voir ? Me proposa Paula.

Elle me montrait comment faire un gâteau aux fruits secs. Je n'en raffolais pas, mais nous n'avions pas beaucoup de choix en termes de garniture. Entre le miel, les graines et quelques baies, le choix était restreint.

-Je ne peux pas laisser la ferme sans surveillance. Je lui réponds en haussant les épaules.

-Vikëm s'en occupera avec Gaïd, il faut que tu y ailles Mila. Insiste mon amie.

-Ce ne sont que des superstitions et puis je ne me vois pas être mère. En tout cas, je n'y ai jamais pensé.

-Tu n'es plus miliaire Mila, tu peux penser avenir dorénavant.

-On n'en a aucun avec Jaël et tu le sais.

-Sûrement, mais ça ne t'empêche pas d'aller faire une petite partie de chasse avec ton mari. Après tout, tu es censée apprendre le métier d'où ton mariage avec Jaël.

-Il ne veut pas m'apprendre à chasser.

-Tu es une combattante, Major Sanders, chasse à ta manière.

Je regarde mon amie avec un nouvel intérêt. Elle n'avait pas tort, j'étais une experte en chasse à l'Homme et si quelqu'un pouvait trouver Jaël c'était bien moi. J'embrasse Paula sur le front et cours dans la chambre. J'ouvre la malle et sort un pantalon en cuir marron fabriqué par le tanneur du village pour la chasse, mes rangers et une chemise blanche. Je passe une veste sans manches du même cuir que le pantalon puis le manteau en peau de cerf que m'avait offert Jaël.

Paula me passe mon couteau que je range à sa place : dans ma chaussure. Puis, elle me tendit quelque chose que j'étais censé avoir caché sous un rocher.

-Paula, pourquoi l'as-tu prise ? Je lui demande en regardant mon arme et mon chargeur surprise.

-C'était au cas où. Utilise-le en cas d'urgence !

Je hoche la tête et range le tout dans ma ceinture. Paula me raccompagne et prend mon visage dans ses mains.

-Ramène-le, même si c'est par la peau du cul.

Les gardes me laissèrent passer sans broncher, mon statut de femme de chasseur y était pour beaucoup. Je me retrouve seule sur la route. Mon parcours militaire m'avait appris à repérer chaque détail me permettant de retracer un chemin déjà parcourut. Je marche droit devant jusqu'à repérer un arbre au tronc marqué par le temps et tourne à gauche. Je m'engage sur un sentier que je reconnais sans peine. À force e l'emprunter, l'herbe avait du mal à repousser et laissait apparaître des traces de pas. Tous les chasseurs passaient par là.