Le conseil

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Les semaines passèrent, puis des mois. Paula et Vikem étaient mariés depuis un an ainsi que Jaël et moi. Nous nous étions habitués à notre petite routine quotidienne. On s'occupait de la ferme avant d'aller chasser, puis l'après midi, nous nous occupions des récoltes. Paula avait mis au courant Vikem de notre passé à tous les deux. Il était surexcité et posait sans arrêt des questions, parfois à dormir debout. Mais tout cela avait suffi à renforcer nos liens.

Puis ce fut au tour de Kandhal d'être au courant. Jaël et moins, nous nous étions mis d'accord afin de lui révéler la vérité suite à l'exécution d'Adélie. Je ne voulais pas mentir à quelqu'un qui me faisait une confiance aveugle.

-Je m'en doutais un peu. Avait-il dit.

-Quoi ? Nous nous étions exclamés Paula et moi.

-Quand Driss est apparu du jour au lendemain, j'ai senti qu'il était différent. Il avait beau faire des efforts d'élocution, je me doutais de quelque chose. Puis, vous êtes arrivé, il s'est porté garant de vous, il semblait même soulagé. Alors, j'ai compris que vous veniez du même endroit. Qui aurait dit que ce fut du passé ?

-Nous sommes désolés de vous l'avoir caché. S'était excusé Paula.

-Nous nous protégions. J'ajoutais en retrouvant mon côté protecteur envers Paula.

-Et je comprends. Mais cela doit rester entre nous, Meïlah le saura bien évidemment, mais personne d'autre que vous quatre ne doit être au courant. Ces villageois sont des croyants invétérés, ils adorent nos Dieux anciens. Leur dire que ce ne sont que des êtres humains ayant survécus à une sorte d'apocalypse reviendrait à vous condamner à mort et je ne pourrais rien faire pour vous protéger.

-Cela n'est pas très différent de notre époque. J'ironisais en reniflant.

-Alors ne répétons pas les erreurs passées et continuons comme si de rien était. Vous êtes deux survivantes voisines dont le village n'a pas survécu à l'hiver et nous vous avons recueilli. Tant que personne ne se pose de question, personne ne risque rien.

Et nous avions vécu ainsi pendant un an. Je n'avais pas cherché à repartir dans le passé et je n'avais plus aucune raison de le faire. J'avais Jaël, mon mari. Notre complicité et notre amour s'étaient renforcé grâce mon secret qui était aussi le sien. Nous ne chassions qu'ensemble, même si parfois, il arrivait que je chasse avec Vikem ou Aaron quand Jaël avait d'autres priorités. Mais nous étions des inséparables, les premières années de mariage sont toujours les plus belles n'est-ce pas ?

Au vu de mon ancienne carrière dans l'armée, Kendhal m'avait laissé une place au conseil. Les membres du conseil n'étant pas tous au courant de ma situation m'avait regardé avec curiosité, pour d'autre, c'était tout naturel. Aujourd'hui certains avaient encore quelques réserves et je commençais moi aussi à me méfier d'eux. En politique, on ne sait jamais à qui on a affaire.

Aujourd'hui, il était question de la sécheresse des sols à cause de la canicule. Puis, nous venions à parler d'un sujet qui fâche, un accord avec le village de l'ancienne Angleterre. C'étaient a priori des ennemis du nôtre, mais au vu de la sécheresse à venir, Kendhal était prêt à faire une trêve. D'où ma présence au sein du conseil.

-Mila, je compte sur toi pour former une équipe en éclaireur. Nous devons être sûrs qu'ils acceptent de faire affaire avec nous. Tu iras avec Jaël et Barek en premier lieu avec quelques hommes. Les plus robustes que nous avons et ceux en qui tu as le plus confiance.

-Oui mon seigneur. Je réponds d'un air solennel.

Il était en quelque sorte le Général du groupe et ça me donnait une raison en plus de vivre ici. J'étais dans mon élément et j'adorais ça.

Quand tous les membres du conseil furent sortis, Kendhal me garda avec Vikem, Barek et Jaël. Oui, les frères étaient tous au courant de ma situation et celle de Paula. Kendhal ne s'adressait qu'à moi à ce moment-là :

-Là où vous allez, c'est dangereux. Ces gens sont nos ennemis, ils sont sadiques, cruels, mais nous avons quelque chose qu'ils n'ont pas et vice versa. Leur chef Gauderic ne vaut pas mieux, mais il est assez intelligent. Il vous écoutera, mais méfiez-vous.

-Je dois m'inquiétez à quel niveau ? Je demande

-Très haut, seul notre grand-père a eu affaire à eux, d'après lui, il avait un petit penchant pour la chair humaine. Me répond Barek.

-Ce sont des conneries, il délirait souvent à la fin de sa vie. Raille Aaron.

-Parfois, on ne croit pas les fous alors que ce sont eux qui ont raison. Rétorque Barek.

-J'ai déjà eu affaire à des cannibales lors d'une mission dans l'ancienne Afrique.

Tous se retournent vers moi. Je regardais le milieu de la table, hantée par mes pensées.

-Je m'occupais des missions dont personne ne voulait. Mon équipe et moi étions dans une région de l'Afrique presque inconnue. Nous devions libérer des otages français et tuer leurs geôliers. Quand nous sommes arrivés, ils étaient tous morts. Ils ne restaient que leur tête et le buste pour la plupart. Ils les avaient mangés un par un. C'est moi qui les ai découverts la première, le Capitaine m'a dit de tout brûler. J'ai dû expliquer aux familles pourquoi nous n'avions ramené aucun corps.

Personne ne dit rien. De toute façon, que pouvait-on dire dans ces moments-là ? Les gens comme moi ont tous des traumatismes. On a beau voir des psychologues à foison, c'est toujours là. Je les vois souvent en rêve. Pourtant j'en ai vu des horreurs dans ma petite carrière, mais ça je ne l'oublierais jamais. Même après une vie de thérapie.

Je me lève et mes beaux-frères ainsi que mon mari suivirent. Je me tiens devant eux la tête haute, si je devais mener l'expédition, je devais m'en montrer digne.

-Nous ferons attention, j'y veillerais.

Une heure plus tard, je retrouve dans ma cuisine à préparer le repas avec l'aide de Paula qui me faisait la morale.

-Tu es complètement folle d'accepter cette mission Mila !

-Parles moins fort s'il te plait Paula.

-Tu dois lui dire, le dire à tout le monde ! Il est hors de question que tu te jettes dans la gueule du loup. Pas dans ton état !

-Paula, je ne risque rien, on fait juste un aller-retour.

-Et Jaël? Tu comptes lui dire quand ?

-Quand on sera revenu ici.

-Tu n'es pas possible ! Tu es la femme enceinte la plus irresponsable que je connaisse !

-Fermes là, Jaël pourrait t'entendre !

Il était hors de question qu'il soit au courant. Je voulais faire cette mission, j'en avais besoin. Je ne m'arrêterai que quand je ne pourrai plus.

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Coucou tout le monde! J'espère que ce chapitre vous a plu!

Alors cannibales ou pas cannibales?

La suite au prochain chapitre!

N'hésitez pas à commenter ou voter pour ce chapitre ;)

Bisous!! Lilie <3

Amour FuturOù les histoires vivent. Découvrez maintenant