Les Préparatifs

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L'aube nous accueillit enfin. Gilles débarrassa les corps des pauvres gens et nous laissa sa charrette. Il savait que du moment qu'il rentrerait, l'alerte sera lancée. Il nous laissa deux heures d'avance avant de rentrer. Le temps que les hommes de Gauderic se lancent à notre recherche.

Jaël et Vikem lancèrent les chevaux au galop. Nous avions deux heures avant nous, deux heures avant de sortir du territoire de l'ancienne Angleterre.

Les secousses ne m'aidaient pas à gérer la douleur. Allongée dans la charrette et protégée par une couverture de la poussière, je tentais de me reposer comme me l'avais prescrit Gilles. La perte de notre enfant m'avait ébranlée, chose à laquelle je ne m'y attendais pas. Moi qui pensais ne pas m'être attaché à un enfant, si petit soit-il.

Gilles avait des réserves sur ma capacité à concevoir une seconde fois. La possibilité de refaire des fausses couches étaient un coup dur pour moi. Jaël, aussi parfait soit-il, avait tout fait pour me rassurer. Nous avions passé le reste de la nuit, blottis l'un contre l'autre. J'avais pleuré tout mon saoul la mort de notre enfant et mon mari m'avait serré contre lui en silence.

Deux heures passèrent, car au loin, une alarme raisonna. L'alerte était lancée. Jaël accéléra la cadence. Nous étions bientôt sortis du territoire de Gauderic et il faudra au moins une heure à Gauderic pour s'organiser. D'ici à ce soir, il sera en chemin.

  Deux semaines plus tard.

-Aucun signe de Gauderic, je commence à croire qu'il va nous tomber dessus au moment où on ne s'y attendra pas.

Nous étions rentrés depuis plusieurs jours au village. Après avoir fait un rapport détaillé à Kendhal, de notre séjour traumatisant en nouvelle Angleterre, il n'a pas eu d'autre choix que de lancer l'alerte. Le village et ses habitants étaient aux aguets et commençaient déjà à préparer la riposte.

Une cérémonie funéraire pour Barek fut organisée et un grand banquet en son honneur a eu lieu. C'était la fête la plus triste que le village ait connue. Paula s'occupa de moi sans faire de commentaire sur le fait qu'elle avait raison sur les dangers que représentaient notre excursion et ma grossesse. Elle m'avait seulement prise dans ses bras et soigné mes blessures ainsi que celle de Jaël et Vikem qui avait perdu sa joie de vivre.

Ce que nous avions vécu là-bas nous avait fortement marqué. Vikem était le plus jeune et le plus proche de Barek, sa mort l'avait traumatisé. Paula me confiait qu'il faisait des cauchemars toutes les nuits malgré les remèdes qu'elle lui donnait pour l'aider à dormir.

Jaël et moi en faisions, nous aussi. Nous en parlions pendant des heures, parfois la nuit toute entière. La vie avait repris son cours, mais nous étions tous sur nos gardes. Kendhal nous avait chargé d'entraîner toute personne capable de se défendre. Alors chaque matin, des hommes, des femmes et des adolescents couraient avec moi durant deux heures avant de s'entraîner avec les hommes guerriers du village.

S'ils avaient peur, ils ne montraient rien. Les villageois étaient courageux et avaient la rage de vaincre. Ils voulaient se venger de la mort de Barek et défendre leur seule maison. Kendhal envoya un messager prévenir Ysée de la guerre qui nous attendait. Nous avions besoin de toute l'aide possible et les nouveaux Irlandais étaient des guerriers aguerris, hommes comme femme.

Le messager était revenu avec la confirmation que la Nouvelle Irlande sera là dans deux jours. Seulement, l'armée de Gauderic n'a pas attendu deux jours pour pointer le bout de son nez. Un éclaireur revient un matin avec la confirmation que son armée s'était installé dans la forêt.                                                                                      

-Nous allons devoir partir rencontrer Gauderic avant qu'il ne vienne à nous. S'il nous devance, nous pouvons dire adieu à notre village. Nous dit Kendhal, défaitiste. 


-Ils ont des armes plus avancées que nous, des copies de mon époque. Je lui dis sur le même ton. 

-Il va nous massacrer. Soupire Vikem. 

-Nous n'avons pas le choix que de riposter. Arme à feu ou pas, nous devons nous défendre. Rétorque Jaël. 

 -Nous allons devoir être plus malin que lui. Combien sont-ils ? Je demande à Kendhal. 

-Selon notre éclaireur, environs 8000. Me répond celui-ci. Nous sommes 2000 et Ysée compte 4000 hommes. Ils sont supérieurs en nombre et armée comme un dragon en colère. -Il faut envoyer un homme prévenir Ysée que Gauderic est à nos portes. Dit Jaël. 

 Kendhal hoche la tête et fait signe à l'un de ses hommes d'aller chercher l'un de ses éclaireurs. Nous devions nous creuser la tête si nous voulions venir à bout de Gauderic sans perdre un village tout entier. J'avais quelques idées en tête que j'exposais à Kendhal, mais est-ce que cela suffirait à surpasser Gauderic? 

-Combien de personnes savent tirer à l'arc ? Je demande soudain.

-Tous nos hommes, nous avons aussi des femmes qui se débrouillent aussi bien que leurs maris.

-Nous n'avons pas d'arme à feu. En revanche, nous pouvons en créer, nous avons tous les outils pour Paula et Driss sauront fabriquer des bombes artisanales, il faut en fabriquer suffisamment pour le faire reculer en attendant Ysée et son armée. Nous avons réussi à leur voler une de leurs armes, si nos forgerons sont assez rapides, peut-être qu'ils sauront nous en fabriquer une petite centaine.

-Ne perdons pas de temps, amenez cette arme à notre maitre forgeron. Donnons-nous deux jours.

Nous sortîmes de la réunion, plus déterminés que jamais à tuer Gauderic. Jaël voulait l'anéantir. Il ne pensait plus qu'à ça. Gauderic était l'acteur de beaucoup de malheurs dans notre vie. Il méritait pire que la mort.

Nous ne pouvions plus chasser, Gauderic avait investi tout notre territoir. Il voulait nous affamer et nous prendre notre nourriture. Mais, nous étions plus malins que lui. Nous avions de quoi tenir un an. Kendhal le disait intelligent. Il ne l'était pas du tout. Son aveuglement pour la vengence et la mort était sa seule motivation. Bientôt, il subira ce pourquoi il jubile.   

Amour FuturOù les histoires vivent. Découvrez maintenant