La cité

943 71 2
                                    

Nous n'avions pas d'autre choix que d'obéir. Ils ne nous fouillèrent pas, tant mieux, car j'avais toujours un couteau de secours dans ma chaussure, comme chacun d'entre nous. Je suis sûre qu'à cet instant, ils me remerciaient mille fois. Ils nous lièrent les mains, Barek commençait à se dégager en grognant comme un ours mal léché.

-Nous ne sommes pas ici en ennemi !

-Tout ce qui peuple ce pays est notre ennemi. Lui répond le gringalet en riant grassement.

-Je vais vous...

-Nous vous suivrons. À condition que vous nous conduisiez à votre chef. Je le coupe en insistant bien sur le mot condition.

-Ferme là femelle, on ne t'a pas sonné.

Jaël grogna à son tour, je lui lance un regard d'avertissement. S'il voulait arriver à négocier quelque chose avec ces enfoirés, il valait mieux tenir sa langue et mettre de côté son sale caractère.

Nos futures ''hôtes'' s'esclaffèrent et nous forcèrent à les suivre. Tous portaient des vêtements de mon époque. Il était étonnant que des vêtements d'il y a 800 ans aient pu survivre aussi longtemps.

Nous traversâmes le désert interminable laissé par ce putain de virus. Les nouveaux anglais nous suivaient, leurs armes pointées sur nous et en se foutant de notre gueule. Mais ce qui m'étonnait le plus était leur façon de parler. Ils parlaient comme vous et moi, comme des gens du XXIe siècle.

La traversée était interminable. Il faisait tellement chaud que nos vêtements étaient trempés. Pourtant, ces idiots étaient couverts comme s'il allait neiger dans l'heure qui suit. Comme le reste du pays, il n'y avait plus rien, comme si une bombe avait tout rasé.

Ce qui parut une à deux heures de marche débouchèrent sur un portail gigantesque, tellement haut qu'il était impossible de voir ce qui s'y trouvait à l'intérieur. Une vraie forteresse. Le trapu aux dents manquantes frappa deux fois, puis quatre avant qu'un mécanisme bruyant se déclenche et fasse coulisser le grand portail.

Le spectacle qui s'offrit à nous me coupa le souffle. C'était un village, des maisons rafistolées avec tous les matériaux possibles ressemblaient à celles du XXIᵉ siècle. On aurait dit qu'ils avaient tout fait pour garder mon époque en vie.

Les gens étaient tous habillés comme nos geôliers et nous regardaient avec méfiance, mélangée à de la curiosité. Ils étaient noirs de crasse et semblaient vivre dans la pauvreté. Plus nous avancions, plus ils sortaient pour nous lorgner. Barek murmura ''cannibales'' derrière moi et je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il n'avait peut-être pas tort.

Nos geôliers nous poussèrent à avancer encore et de ne pas les regarder dans les yeux. Pas du tout chelou.

Nous nous arrêtâmes devant un portail moins impressionnant que le premier, mais tout aussi haut. Ses gardiens l'ouvrirent et nous firent entrer à la file indienne pendant que des habitants couraient vers nous en hurlant.

Ils refermèrent assez vite le portail aussitôt que nous fûmes entrés. Devant nous, une sorte de Buckingham palace revisité se dressait aussi imposant que le vrai. Je comprenais pourquoi la population tentait d'y pénétrer. Le contraste entre l'extérieur qui ressemblait à un bidonville et cet endroit était impressionnante.

Nous traversâmes une sorte de jardin vert peuplé d'arbres fruitier et de fleurs. La seule et unique verdure présente sur ce territoire, d'où notre venue ici. Ils étaient capables de préserver la nature grâce à son système d'arrosage en sous-sol.

Il y avait des gardes absolument partout, armés jusqu'aux dents. C'était la cité la plus gardée que je n'ai jamais vu. Mais nous n'étions pas destinés à y entrer, en tout cas pas par la porte d'entrée. On nous emmena dans une sorte de bunker souterrain qui sentait la viande avariée. J'avais des hauts le cur, c'était infect.

Amour FuturOù les histoires vivent. Découvrez maintenant