Exécution⚠️

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Le soir arriva assez rapidement. Après avoir attrapé quelques lièvres au collet, nous rentrâmes au village en parlant du cinéma et de la photographie. Je suis sûre que Jaël aurait été un cinéphile invétéré et mordu de jeux vidéo. Après, il s'enthousiasmait beaucoup trop, je pense, pour me faire plaisir. Je pourrais passer pour une gnangnante, mais il était parfait en tout point.

Nous franchîmes à peine les portes du village que des cris nous interpellent. Nous déposâmes nos lièvres à un couple qui passait par là et courûmes vers la place qui servait la plupart du temps aux banquets. Une foule criaient les poings dans les airs. Nous nous frayons un chemin sans peine, car nous fûmes reconnus.

Au centre se trouvait le grand bûcher qui était souvent allumé lors des fêtes que donnait régulièrement les villageois et lors de leurs prières aux dieux survivants. Kendhal, Meïlah étaient assis sur leur chaise respective et regardaient le grand bûcher, inexpressifs. Les hurlements venaient d'Adélie qui tentait d'échapper aux deux bourreaux qui la tenaient fermement par les bras. Je pus apercevoir Paula qui me lança une question muette à laquelle je répondis en hochant la tête.

Adélie se débattait farouchement. Ses poings étaient liés par une chaine qui cliquetait à chacun de ses mouvements. Elle était sale, ses cheveux ébouriffés tombaient devant son visage terrifié. Elle hurlait à gorge déployée à la vue du bûcher. Malgré la méchanceté dont elle avait fait preuve envers moi, je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir pitié pour elle. Personne ne voulait mourir comme ça.

Ses yeux fous croisèrent les miens puis elle leva un doigt accusateur vers moi. Même si rien s'en échappa, je le regardais avec méfiance. Lors de mes nombreuses missions dans certains pays dit ''sauvages'', nous avions appris que parfois lever le doit vers quelqu'un était synonyme de malédiction. Même si j'étais une personne terre à terre, j'avais vu certaines choses qui m'avaient glacé le sang.

-Toi, que les Dieux te maudissent ! Hurle-t-elle en furie.

Qu'est-ce que je disais ?

-C'est à cause de toi ! Je vais mourir à cause de toi sale sorcière ! C'est toi qui devrais brûler sur ce bûcher !

Des cris de contestations me soutinrent, même si cela me touchait, j'aurais donné n'importe quoi pour disparaître. Jaël pose sa main au creux de mes reins pour me signifier que tout ira bien. Mais Adélie ne comptait pas s'arrêter là.

-Regardez là ! Elle l'a ensorcelé, vous aussi elle vous a eut !

Les villageois crachaient vers elle en la traitant de folle et de catin.

-Tu étais avec moi Jaël! Je suis celle qui était là quand Léna est morte !

-Je te préviens Adélie, tu devrais t'arrêter là. Gronda Jaël à côté de moi.

-J'étais la seule femme à la hauteur, à ta hauteur !

-Tu n'étais qu'une esclave ! Hurla quelqu'un.

-Sale catin, on t'est tous passés dessus ! Renchéris un autre.

-Cela suffit ! S'exclame soudain Kendhal en se levant.

Le silence envahis l'espace quand il descendit de son trône en bois et s'avança vers Adélie qui recula. Sa voix grave se percuta sur les murs quand il parla pour la première fois depuis que nous étions arrivés :

-Je suis le seul responsable de ce mariage entre mon frère et Mila, elle n'y est pour rien. Aveuglée par ta jalousie, tu as tenté de leur porter préjudice, la sentence est sans appel. Si ces paroles honteuses sont tes dernières, je te somme le silence.

-Je ne dirais qu'une seule chose : cette femme devrait être à ma place, c'est une ensorceleuse tout comme son amie guérisseuse. Crache Adélie avant de cracher au sol.

-Ces deux femmes sont des membres de ce village et de ma famille. Elles ont sauvé ma femme et ma fille, pour cela, je leur en serais éternellement reconnaissant. Ensorceleuses ou pas.

Ces paroles me touchèrent. Paula tentait de calmer Vikem qui était furieux. Je me sentis coupable de ne pas avoir dit la vérité à Kendhal et je commençais à me demander si je ne devais pas le faire. Il fallait que j'en touche deux mots à Jaël qui regardait la scène la mâchoire serrée. Je glisse ma main dans la sienne, il la serre en réponse à mon réconfort.

-Attachez là, finissons en !

Sur ordre de Kendhal, les deux bourreaux d'Adélie l'emmenèrent jusqu'au bûcher et la forcèrent à monter dessus. Ils durent la porter, car elle ne se laissait pas faire. Je comprenais et ressentais de la peine pour elle.

-Est-ce que c'est nécessaire ? Je demande à Jaël.

-Quand un homme ou une femme fait acte de trahison, c'est la seule sentence possible. On dit que ça purifie l'âme du condamné. M'explique celui-ci sans quitter le bûcher des yeux.

-Dans le passé, on brûlait des femmes innocentes pour sorcellerie et les traîtres perdaient la tête. Elle a juste comploté contre moi.

-Elle n'est pas innocente Mila, elle a tenté de te tuer. Elle t'a fait du mal et elle n'aurait pas hésité à recommencer si nous l'avions gracié.

-Comme quoi rien ne change, peu importe l'époque.

Jaël se tourne vers moi et me prend par les épaules. Son regard était froid et sa voix profondément grave.

-Si j'en avais le pouvoir, je la tuerais de mes propres mains et je me fous de savoir si elle est seulement complice ou innocente. Je tuerais pour toi Mila.

Je ne réponds pas, j'en étais incapable. Une douce chaleur envahie le bas de mon ventre, les mains moites et les jambes lourdes, je me tourne vers le bûcher. Si je devais éteindre le feu qui brûlait mes reins, une exécution était un bon moyen.

Le feu commençait à embraser les pieds d'Adélie qui pleurait et hurlait à gorge déployée. La terreur mêlée à la folie dévorait son visage tout comme les flammes qui se firent plus intenses. Elle toussait à en cracher ses poumons à cause de la fumée. Bientôt, une odeur de chair brûlée chatouillait mes narines.

Ses hurlements étaient atroces, j'en avais la nausée. Adélie priait en regardant le ciel et implorait le pardon des Dieux pendant que la peau de son visage commençait à se détacher de son corps. N'y tenant plus, je prends mon arc et encoche une flèche. Celle-ci se logea entre les deux yeux d'Adélie qui arrêta enfin de hurler. Son abdomen explosa et ses organes se déversèrent à ses pieds. Je lui avais épargné ça, mais n'en était pas fière. J'aurais dû l'achever dès le départ.

Les visages se tournèrent vers moi, tout le monde s'était tu. Je passe mon arc sur mon épaule et quitte l'assemblée qui s'écarte sur mon passage.

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Coucou tout le monde! J'espère que ce chapitre vous a plu! Oui il y a un petit passage assez glauque, j'ai tenté d'être le plus soft possible.

En tout cas n'hésitez pas à me donner votre avis!

Gros bisous! Lilie <3

Amour FuturOù les histoires vivent. Découvrez maintenant