- Chapitre 14 : Petite lumière -

39 4 70
                                    


Le sol est encore chaud. Mon dos sent la chaleur à travers mes vêtements.

Je regarde au loin la petite lumière créée par Mani, déambulant dans ce qu'il reste du Repaire.

Plus aucune maison, plus aucun cube, plus de souffle, plus rien.

La seule chaleur que je ressens encore, vient du feu que Mani à mis à ma disposition. Créées avec des débris, ces flammes dansantes me semblent vivantes, et m'appellent.

Je crois qu'elle m'a mis quelque chose sous la nuque, une sorte d'oreiller fait à la vas vite.

Je me suis écroulé dès que j'ai réalisé qu'il n'y avait aucun survivant. Et depuis, je n'arrive plus à bouger mon corps.

Je suis aimanter à ce sol, devenant froid au fil des heures s'écoulant. Quand mes yeux se ferment, je vois ce couple s'étant assis sur le même banc que moi, en train de courir dans les flammes, avant d'être écrasé sous une maison de bois.

Je vois aussi cette Butterfly, en train de pleurer sous des décombres, sans que personne ne vienne l'aider, qui va finir carbonisé.

Où, cette femme, Rouge, qui va tout simplement tomber d'une maison en verre.

Je ne parle pas de tous ces enfants qui criaient et pleuraient alors qu'ils mouraient à petit feu.

La seule partie non détruite, fut les maisons de briques. Il n'y avait pas une once de bois ou de choses inflammables, alors, rien n'a brûlé.

Mais, personne ne s'y est mis en sécurité.

Personne n'a survécu. Joseph, qui courait partout, espérant sauver le plus de personnes possible, est décédé en se faisant écraser par les gens en panique.

Toutes leurs morts, leurs dernières pensées, leurs dernières vues...Sont encrée en moi.

— Il est midi Gathiel, je vais te donner un peu à manger.
J'espère que je ne te fais pas mal en te tenant assis comme ça.
J'ai fait de la soupe de champignons. Désolée, ce ne doit pas être assez salé... La cuisine est complètement détruite, écrasée par l'hôpital qui s'est effondré dessus... Je n'ai donc pas trouvé de sel. J'ai quand même eu de la chance de trouver des champignons, et de l'eau.
Gathiel...
Quand tu t'es évanoui... Non, oublie ça. Oublie ça, je n'ai rien dit.
Je vais y retourner après, on sait jamais, il y a peut-être quelqu'un de vivant, qui ne demande que de l'aide depuis hier. Peut-être...
Je peux au moins enterrer les corps que je vois, je peux au moins faire ça. Comme je n'ai pas pu les protéger.

Et, elle repartit. Mangeant encore moins que moi, étant plus triste que moi. Pourquoi suis-je le faible qui ne parvient à rien ? Je n'arriverais sans doute jamais à être à leurs hauteurs.

— Il y a quelqu'un ! Je suis là pour vous aider, faites du bruit !

Les seules choses que j'entends, sont leurs esprits. Ma mère n'a pas eu encore le temps de venir chercher tout le monde, étant en sous-effectif, il est compliqué de faire vite en suivant la procédure. En tout cas, cela ne m'aide absolument pas. Ils crient à l'aide, ou pleurent de chagrin. 

Tout en pleurant dans le bol, Mani tend la cuillère à ma bouche, me donnant à manger, et s'excusant de son retard. J'entends ses larmes tomber, tout comme ses reniflements. Je peux même apercevoir ses mains ensanglantées venir vers moi. Mais, je n'ose pas trop ouvrir les yeux. Les morts me regardent. Je ne veux pas leur parler, je ne veux pas les voir. C'était beaucoup plus facile de voir des fantômes quand je ne les connaissais pas de leurs vivants. Cela me faisait moins mal, et ne me donnait pas envie de vomir. Il y en a qui restent juste assis sur leurs lieux de mort, pleurant leurs destinées. Comme ce couple que j'avais vu au parc, qui regarde le corps inanimé de leurs fils. D'autres, discutent entre eux comme si de rien n'était. Certains déambulent, dans un silence terrifiant, regardant juste devant eux. Puis, il y a ceux qui recherchent quelqu'un désespérément. Et, ceux qui viennent vers moi, espérant des réponses à leurs questions. Mais, je n'ai rien à donner. Certains d'entre eux ont mystérieusement une libellule sur eux, sans vraiment comprendre pourquoi.

Gallia ÉtoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant