Ils marchent à droite d'un canal rempli d'une eau verte, puante et opaque, qui sépare les égouts en deux. Tout en évitant les flaques, dans un silence suspect, personne ne semble vouloir commencer une communication. Un tel vide ne convient pas à Gathiel, qui a besoin de bruits, de paroles.
- Où allons-nous ?
Aucune réponse. Comme si personne ne l'avait entendue, alors que sa voix portante résonne contre les parois.
- Je vois. Vous ne voulez pas parler ? Alors, je vais le faire pour vous. Madame Léonie se sent actuellement coupable de je ne sais quoi. Ça se voit comme le nez au milieu du visage.
- Quoi ?
- Mais oui ma chère Léonie, tu es distante envers le chef, n'allant pas à plus de deux mètres de lui. Jusqu'à maintenant, vous étiez très proche. Tu t'es assise à côté de lui, tu le regardais avec une amitié sincère dans le regard. Mais, chuchote-t-il en s'arrêtant, tes yeux ne montrent que de la tristesse au vu de ce cher Baptiste. Donc, tu te sens coupable ? C'est lié aux cris de tout à l'heure ?
- Tu ferais mieux de la fermer. Lui répondit Baptiste de dos, tout en continuant de mener la troupe.
L'homme ayant commencé cette dispute s'arrête, laissant passer devant son amie Mani avant de reprendre.
- Bien. Passons à vous dans ce cas. Libre à vous de me stopper si je me trompe. Vous évitez clairement le contact visuel avec votre amie, mais pas par rancune. Je dirais... par empathie. Mais, vous stressez. Je le remarque à cause de vos tics nerveux. Le fait de pencher la tête sur le côté frénétiquement, de se cogner les doigts entre eux, de cligner des yeux trop rapidement... Tout ça, montre votre anxiété. Mais, pourquoi ?
- Tu veux vraiment le savoir ?
- À vrai dire, Baptiste, pas réellement. Mais je déteste le silence. Donc, je vais supposer. Vous ne voulez pas nous montrer votre côté faible. Surtout le jour de notre rencontre, pas vrai ? Vous savez montrer votre autorité, je ne peux le nier. Mais, vous avez fait quelque chose de stupide, et vous vous en voulez.
- Je te pensais intelligent au départ, mais, je remarque que non, au final.
- Oh, vous me pensez donc idiot ? Cela devrait changer la conversation en me mettant en colère. Pourtant, je ne suis pas un alcoolique parlant trop au bar. De telles paroles ne me font rien. Mais, cela me montre une facette de vous, celle que j'ai découverte plus tôt. Votre "ÉGO". Il est surdimensionné, au point que vous pensez avoir tous les droits, n'est-ce pas ?
- Il m'a sauvé la vie ! ... Cria Léonie, aux bords des larmes, faisant tout se stopper. T'es content ? Putain !
- Non, je ne le suis absolument pas. Je suis surtout désolé.
La rousse baisse le regard tandis que la marche reprend. Plusieurs heures suivant, avec le silence gênant d'après dispute. Alors qu'il fait presque noir dans ces canaux circulaires, où les seuls bruits à des kilomètres à la ronde sont les résonnements des pas contre les pavés. Une lumière parvient au loin. Comme si une boule de feu volait au milieu du chemin.
En se rapprochant, on aperçoit une lanterne faite de fil de cuivres et de verres accrochés au plafond par une fine ficelle brune. À l'intérieur, une bougie mauve est allumée, vacillante dans son cocon transparent. Mani se rapproche de cette chaleur, tend ses mains en dessous de celle-ci et ferme les yeux. "C'est comme la maison", dira-t-elle.- On s'arrête là pour le moment. Ordonne Baptiste.
Tous tombèrent contre les murs de pierres à l'origine douteuses. Grâce à Mani, une petite boule de feu jaillit en leur centre, les réchauffant assez pour que leur grelottement s'arrête.
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Gallia Étoilée
FantasyDans un monde asservi par le cruel dictateur Ib, les Étoilés, un groupe de cinq divinités, se lèvent pour défier son règne oppressif sur Gallia. Sous la direction de Baptiste, leur chef, ils utilisent leurs dons exceptionnels pour combattre les forc...