|Chapitre 19 : Cage à poupées|

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Allongée, dans ce lit me ramenant dans un passé que j'aimerais oublier, j'analyse le plafond. Ce plafond, blanc et parsemé de taches noires un peu partout. Ce plafond me regardant autant que je le regarde. Ce plafond, servant de couvercle étanche de cette boîte nommée "pièce". Cette boîte, aux quatre faces appelée mur, et aux poupées magiques se mouvant dans tous les sens. Et moi, je suis là, au milieu de tout ça. Sur un lit. Un lit blanc. Aussi blanc que le plafond. Aussi blanc que ce couvercle fermant ma vue, comme une poupée dans une boîte à quatre faces, immobile, sans vie.

Des fois, on me déplace. On me met assise, on me met debout. On me met sur le ventre, et même sur le dos. On bouge mes bras, on parle pour moi, mes yeux voient tout, ils ne se ferment pas. C'est comme ça, la vie d'une poupée, celle d'une poupée consciente, mais, sans vie.

Et pourtant, même si dans ma vie mouvementée, j'ai déjà été une poupée, ça fait longtemps que j'avais arrêter. Un beau prince m'avais libérer. Un beau prince, aux cheveux de blés, et aux yeux de soleil. Ma peau de plastique, pétrifier par les autres poupées, avait disparût. Comme fondue par sa chaleur. Et, j'en suis tombée amoureuse. Moi, la poupée solitaire, qui restais allongée. Moi, la poupée dépétrifier. Moi, la poupée libérer. Je me suis mis à l'aimer.

C'était même étrange. Car, même si je n'avais jamais aimé. Je l'ai tout de suite compris. J'ai immédiatement su, que je ne pourrais pas vivre sans lui. Que je devais le suivre. Que je n'étais rien sans lui. Finalement, je suis redevenue une poupée après toutes ces années, mais, je n'ai peut-être jamais arrêté de l'être. Car, ce prince aux cheveux de blés et aux yeux de soleil, avait aussi des cheveux de mer et des yeux de pluie. Il avait des mains de sang, une bouche de feu et un esprit de miroir. Rien n'allait chez lui. Ses traumatismes l'ont rendu fou. Et, il était déjà amoureux.

Il aimait la reine des glaces, la belle aux bois dormant, la traumatiser, l'amie, la séquestrer. Celle avec qui il avait grandi. Celle qui était sa sœur. La seule survivante. Celle pour qui il aura toujours peur, pour qui il pensera toujours en premier. Et ce, même si elle est devenue un poupon de porcelaine. Fragile, immobile, servant à la décoration.

Cette fois encore, je vais attendre qu'on vienne me sauver. La poupée que je suis...ne bouge pas de sa propre volonté. Mes membres sont trop engourdis et mes pensées sont trop plastifiées. Impossible pour moi, de partir d'ici. Ici, cette grande pièce, cette grande boîte. Remplis de machines bruyantes, encombrantes, et, coupantes. Et aux poupées en blouse blanches et aux lunettes noires me regardant.

— Le spécimen Léo est réveiller Docteur. On peut dés à présent commencer.

— Bien. Alors, commençons. Scalpel.

La poupée de papier à ma droite donne quelque chose à la poupée à ma gauche. Sous des lumières aveuglantes, tellement blanche et tellement forte que je ne peux plus rien voire. Moi, la poupée aux yeux ouvert, ne ressent plus que la douleur s'emparant de mon ventre. Le liquide chaud fourrée à l'intérieur de moi, coule le long de mes cotes. Comme une poupée de chiffon, ma bouche est cousue. Comme une poupée de bois mes membres sont immobiles. Je ne sens plus que la chaleur allant de mon bas ventre à ma poitrine.

Mes doigts s'aggripent violemment aux tissus me recouvrant. De plus en plus fort, de façon parallèle à la douleur que je pense ressentir.

— Regardez ça attentivement. Vous voyez, son pouvoir ne vient pas de son sang ni ne son cerveau. Mes anciennes expériences sur elle le prouvent, mais bien du squelette.

— Du squelette ? Je ne pense pas Docteur. Je reste convaincue que ses pouvoirs viennent de son sang.

— Voyez développer.

— Hé bien, j'ai justement lu vos recherches sur elle, et, vous reniez complètement l'idée qu'il vienne du sang, car il n'y a aucune trace de magie dans les vaisseaux sanguins. Mais... elle est la fille du vent et de la nuit. Donc, stoppa-t-elle une seconde en regardant le trou fait à la patiente plus tôt, sa magie peut être entièrement invisible à l'œil nu, ou plutôt, trop rapide pour qu'on puisse le voir.

— Violette, je dois dire que vous m'étonnez. Qui aurais cru qu'une femme puisse être aussi intelligente.

— Merci beaucoup Docteur, un tel compliment m'honore au centuple venant de vous, mais, veillez m'appeler Madame Tbgl je vous pris.

Elle sourit, ça se voit même avec un masque. Et lui, il est absolument abasourdi. Si je pouvais parler, je dirais qu'elle a raison, mais pas complètement. Nos dons divins viennent de notre sang. Directement liée aux descendances, elle transmet tout. Les peurs, les joies, les directives, les ordres, les obligations, les droits, les potentiels, les ancêtres et les dons. On pourrait se dire que du coup, il suffit de prendre du sang de beaucoup de divinités et de se les injecter pour devenir un être surpuissant, mais, si c'était si facile, le chaos régnerait. Non, tout comme les mortels, les immortels ont aussi plusieurs types de sang.

Tous les sangs se ressemblent en un point, il y a des paillettes dorées à l'intérieur. Tellement fines, qu'il est impossible de les voir normalement, mais, cela dépend des personnes et de leurs types sanguins. Les grandes divinités, donc, la famille directe du Créateur, ont des cristaux à l'intérieur. Les moyennes divinités, de ce fait, celles créées par les Couturières, n'ont pas de pierres précieuses. Les divinités créent tout seul ont un type de sang presque que rouge. Bien sûr, plus la divinité est puissante, plus il y aura de doré dans son sang, et donc, il sera difficile de la contrôler sans en mourir.

Oh, et, bien évidement, si un être humain essaie de s'injecter même le plus faible de tout le sang des Épée, il en mourrait. Mais, ça, c'est logique.

Cette Violette Tgbl. Cette poupée de papier. Cette scientifique de génie. Cette évadée de prison. Cette femme, pouvant changer le monde, est là. Elle analyse mon sang. Inspect mon squelette. Fouille dans mon crâne. Creuse dans ma chair. Casse mes os. Coupe mes cheveux. Pince ma peau. Observe mes réactions.

Elle fait tout, pour me comprendre, et me torturer. Sans que je puisse bouger. Sans que je puisse parler. Juste, en la regardant. Je le vois. Je vois son sourire, son large sourire, sous ce masque de papier. Je les vois. Je vois ses yeux enjôleurs à chaques découvertes. Et ses mains me découpant. Et ses doigts se faufilant dans mes entrailles. Et sa blouse se recouvrant de mon sang. Mon sang, rouge et brillant comme un rubis. Mon sang, aux multiples tâches dorées se collant n'importe où.

— J'ai compris... le pouvoir vient bien du sang ! J'avais raison !

Tout en fixant une fiole au liquide rouge, elle se met à rire. Son rire, un rire de poupée automatique. Pré enregistré. Agaçant. Effrayant.
Un rire de poupée savant fou. Après une seconde de silence. Elle se retourne pour me fixer moi, dans les yeux.

— Léo... grâce à toi...on a fait une énorme découverte. On va pouvoir créé des choses... impossible jusqu'à lors ! Merci beaucoup !

Elle me prend par les épaules de ses mains ganté en caoutchouc. Et me prend dans ses bras. Moi, le cadavre vivant. La poupée plastifiée. Le sujet de laboratoire.

— On va crée une arme pouvant tuer des dieux...une arme, pouvant contrôler Théophanie. On va pouvoir créé un vrai Tekanemos.

— Théophanie ? Fanny... ? Cronnie !

Mes yeux s'ouvrent enfin. Je ne serais plus jamais une poupée. Je ne serais plus jamais une princesse en détresse. Je suis moi. Adieu Léo. Adieu Léonie.



---|Petit mot de l'auteur|---

Merci d'avoir lu le chapitre 19 !

Que feriez-vous à la place de Léonie ? Vengeance, destruction, altruisme, pardon ?

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L'image du chapitre est une idée que j'ai eu en lisant l'histoire "L'amour ou quelque chose comme ça" de Madking_
C'est leurs idées d'images de chapitres. Je vous conseille de lire leurs histoires !

Gallia ÉtoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant