Another love - Terminé

11. Montagne russe... dans mon cœur

Ashya

Je dois me lever. Il le faut.

Ça fait trois jours que je patiente dans mon lit, je n'ai pas la force de me lever, ni même de prendre une douche. C'est comme si le programme interné dans mon cerveau était disjoncté. Je déteste vivre le jour où maman est morte, comme les jours suivants. Je fais en sorte de m'en sortir et de continuer à avancer, mais c'est éphémère.

Je prends une bouffée d'air frais et me redresse pour sortir de mon lit. Quand j'y arrive enfin, je sens mon corps devenir lourd et basculer en arrière. Heureusement pour moi, je suis dos au lit. Mon dos heurte les draps, je lâche un soupir. Je hais d'avoir une carence en fer. À nouveau, je me lève, plus lentement, et marche jusqu'à la cuisine pour me faire un petit déjeuner. Ça fait trois jours que mon appétit est restreint, j'ai dû perdre du poids.

— Brunette est enfin sortie de sa tanière, lance Amadeo de bonne humeur.

Je le jauge du regard. Le lézard perd son sourire et s'excuse. Il n'arrête pas de le faire depuis qu'il sait pour maman. Enfin... il sait seulement qu'elle est décédée. Il ne connaît pas la vraie raison. Je n'ai pas envie de lui avouer des choses importantes sur ma vie alors que l'on se connaît à peine, même si les mois défilent à vitesse grand V.

— Ne tarde pas à te préparer. On sort aujourd'hui, m'informe-t-il.

Quoi ? Pourquoi ne m'a-t-il pas informé plus tôt ?

— Je n'ai pas envie de sortir, réponds-je avant de fourrer un gâteau dans ma bouche.

— Tu n'as pas le choix. Kyle et Lucrezia arrivent dans vingt minutes. Et ce n'est pas comme si tu avais quelque chose de prévu, je me trompe ?

— Je vais me préparer, dis-je, n'aillant pas le choix.

Que je reste ici ou non, ma journée sera toujours monotone. Rester dans mon lit n'est pas la bonne solution pour vivre et oublier le passé.

Et jamais je ne vais recevoir un message ou un appel de Lucas. Il y a trois jours, il n'a pas essayé de me contacter, il devait être surchargé de travail, même s'il avait promis de m'appeler. Le seul message que j'ai reçu de lui était :

« Je viens te voir la semaine prochaine, tu me manques. Désolé de t'avoir laissé seule la veille, j'ai eu une journée chargée. »

C'était il y a deux jours. Depuis, je n'ai plus aucune nouvelle de lui. J'ai beau m'inquiéter, jamais il ne me donnera de raison spécifique. Il est vague. Sous ses mots règne le mensonge, mais il ignore que j'ai compris. Sa voix est trop sûre contrairement aux fois où il tente de parler avec moi.

Je secoue la tête et pioche des vêtements dans la penderie. J'y sors un short en jean noir, un débardeur de même couleur, des sous-vêtements et une veste en coton noir. Je vais dans la salle de bain et ne tarde pas à me laver. Je n'ai pas particulièrement envie de faire attendre Lucrezia et Kyle. Une fois propre, je me brosse les dents, les cheveux et applique de l'eye-liner, du mascara et du gloss discret.

J'enfile la veste et sors de la pièce. Pendant que je noue mes cheveux d'une tresse, j'avance vers le salon. Ma meilleure amie et Kyle ne sont pas encore présents.

— Où as-tu eu cette veste ?

Je me retourne en sursaut, la main sur la poitrine. Ce lézard m'a prise de court.

Il me regarde profondément, comme si sa vie passée était devant lui. Je l'appelle une fois, deux fois, puis une troisième fois, avant qu'il ne glisse ses pupilles dans les miennes.

— Il y a des milliards de personnes sur Terre, et je ne suis pas la seule qui porte cette veste.

— Donne-moi ta veste, ordonne-t-il d'une voix que je n'avais encore jamais entendue chez lui.