Another love - Terminé

12. Jouer a des conséquences

Ashya

— Donc tu n'as jamais essayé de passer ton permis ? demande Amadeo, pendant que nous patientons à l'accueil du centre de police.

Je le regarde de biais. Pense-t-il vraiment que cette idée m'a traversé l'esprit ? Ce lézard sait parfaitement ce qu'il s'est passé dans mon enfance lorsque j'ai pris la voiture avec ma mère. Comment pourrait-il penser que j'ai eu envie de passer mon permis ? Certes, c'est plus simple pour se déplacer, mais la peur m'envahit assez lorsque je suis dans l'habitacle.

— Non. Je suis assez angoissé pour ça.

Son regard devient insistant sur moi. Je crois discerner dans ses pupilles une envie d'avoir plus de réponses. Ce n'est pas une grande partie de ma vie, alors lui parler de ça ne compromet pas ma relation avec Lucas. Enfin, lui, il ne le verra pas du même œil. Après tout, il n'est pas obligé de le savoir.

Depuis la semaine dernière, je me suis adoucie avec Amadeo. J'évite de lui lancer des reproches sur ma présence chez lui. Lui, il est toujours borné à vouloir me mettre dans son lit. Et comme une débile, je rentre dans son jeu. Je dois bien avouer que ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti cette pression dans mon estomac. Celle qui montre que j'ai le pouvoir et que, quoi que je fasse, Amadeo me suivra aveuglément.

Lu' est contente de moi. Elle voit que je fais des efforts. Lucrezia n'a pas eu besoin de le faire autant que moi, elle s'est vite liée d'amitié avec Kyle. Ce sont des âmes-sœurs, amicales. Je connais parfaitement ma meilleure amie, alors je sais qu'elle n'est pas prête à avoir de relation. Pas parce que le barman trotte dans sa tête depuis le premier jour, mais parce qu'elle n'a jamais eu de relation auparavant et que ça l'effraie. Je l'étais aussi, en rencontrant Lucas.

— En étant derrière un volant, je suis effrayée d'être paralysée et de causer un accident, pouvant provoquer la mort d'un innocent, avoué-je.

Il ne me quitte pas des yeux, fait un pas de côté, ses lèvres frôlant mon lob. Il laisse glisser ses doigts dans ma nuque, jusqu'à enrouler une mèche de mes cheveux bruns autour de son index.

— Personne n'est innocent.

— Où veux-tu en venir ? demandé-je le souffle coupé.

Il me laisse sur ma faim et s'avance vers le policier qui se trouve devant nous. Je soupire et reprends mes esprits. Le policier lève la tête dans notre direction et s'excuse pour l'attente ; celui-ci a reçu un appel important.

Amadeo énonce les faits de notre venue. Nous venons pour savoir où en est mon dossier. J'ai besoin de savoir s'ils ont réussi à découvrir qui est entré chez Amadeo et qui m'a voulu du mal. Chaque soir, je me remémore ses iris d'un vert profond. À l'intérieur se trouvait de la rancœur et une haine profonde. Et par-dessus ça, il y avait cette envie qui me glace le sang. Cette personne voulait me voir morte. Le couteau qu'il tenait fermement, je l'imagine se planter dans mon cœur, chaque nuit, jusqu'à me réveiller en sursaut. Et cette odeur qui plane dans l'air, celle de l'eau de Cologne. L'agresseur portait le même.

Alors j'ai un besoin profond de savoir si je suis enfin en sécurité ou si je dois me méfier à chaque fois que je sors seule.

— Oh, bien sûr. Je vous invite d'abord à remplir ce formulaire, s'indigne le policier barbu, en glissant une feuille et un stylo devant lui.

Amadeo lui lance un sourire doté d'une facette et lui tourne le dos, à la recherche de chaises. Il me fait un signe de tête pour le suivre, puis s'assoit pour remplir les papiers.

— Comment peux-tu remplir le formulaire sans me connaître ? demandé-je d'un sourire idiot.

Il reste concentré sur le formulaire, en train de lire chaque question posée, puis je le vois qui commence à écrire. Il me laisse indifférente et ça m'agace. Je lui repose ma question, d'un ton plus abrupt, alors il relève la tête, un sourcil arqué.