Another love - Terminé

19. L'amour est la plus grande trahison

Ashya

— Alors le mariage ?

Lucrezia arrive à me faire sortir de mes pensées. Mes pupilles scrutent sa chevelure auburn, parfaitement ondulée. Ma meilleure amie a toujours montré ses cheveux avec fierté et cela même si des idiots d'adolescents ont tout fait pour l'en dissuader. Elle a bien été entourée, entre son père et moi. Ses amies de lycée étaient présentes dans l'unique but de profiter de l'argent de son père et de leur belle maison.

— C'était amusant, réponds-je la tête à l'envers sur son lit.

Dans la même position, Lucrezia me regarde et en attend plus. Elle me connaît depuis plusieurs années alors elle sait qu'il n'y a pas toute la vérité dans cette phrase. La boule dans mon ventre risque d'éclater à tout moment si elle persiste à me regarder avec ses yeux de chien battu.

Kyle ne lui a rien dit si elle me pose la question Ça m'étonne. Ces deux-là sont pires qu'un pot de glu. Dès qu'ils ont l'occasion d'être ensemble pour s'amuser, ils le font. Leur amitié grandit aussi vite que la faim d'un bébé.

— J'aurais aimé être là ! serre-t-elle les dents.

— Tu ne pouvais pas savoir pour ton père. Un accident peut arriver à n'importe quel moment, essayé-je de faire fuir sa culpabilité.

Lucrezia s'en veut de ne pas être venue au mariage, mais elle s'en veut encore plus de n'être pas arrivé à temps chez son père. Il l'a élevé seul et étant milliardaire, beaucoup mettent sa tête à prix. D'où l'accident qui a eu lieu. Mon amie n'aurait rien pu faire, même si elle avait été présente.

— Comment il va ?

Son sourire grandit dès que son père entre dans la discussion. Elle l'aime plus que quiconque, contrairement à sa mère qui l'a abandonnée.

— Il est grognon avec quelques côtes cassées. Sinon il est en pleine forme.

Son père est résistant. Il aurait plus souffert si c'était Lucrezia qui était à sa place dans un vieux lit d'hôpital. Lucrezia a beaucoup de chance d'avoir son seul parent qui l'aime plus que sa propre vie, qui ferait n'importe quoi pour rendre sa fille heureuse. Elle a la chance que j'ai eue.

La sensation de se retrouver dans le passé me met des œillères. Je nous vois quelques années plus tôt essayant de nous faire confiance. Lucrezia fréquentait un groupe d'amies qui m'irritaient la peau - et c'est encore d'actualité. Je me souviens parfaitement de la première fois où l'on s'est adressé la parole. Nous devions être par deux en sport. Évidemment, ses amies étaient déjà dispatchées entre elles, la laissant seule. Je l'étais également. La confiance que l'on s'accordait était minime.

Après des jours, des semaines et des mois à s'adresser un « salut », nous avons cisaillé notre carapace. Lucrezia a arrêté de parler à son groupe d'amies lorsqu'elle s'est rendu compte qu'elles se servaient d'elle. Puis nous avons formé notre duo. Les allers chez elle et les venues chez moi étaient de plus en plus réguliers. Nos pères n'avaient plus le choix de se parler. Ça ne les dérangeait pas tant que nous étions heureuses, mais nos escapades chez l'autre les ont vite énervés. Surtout lorsqu'une de nous n'allait pas bien, le père de l'autre devait amener sa fille qui n'était également pas dans son assiette.

Finalement, je suis bien contente d'être venue à ce cours de sport plutôt que de sécher. Si un jour je perds ma meilleure amie, je ne pourrais pas me relever. Même si mon entourage fait en sorte de m'aider.

Je m'assois en tailleur sur son lit et ouvre la trousse de vernis. Nous devons manucurer nos ongles depuis plus d'une heure. Il est facile de se prendre dans les mailles du filet au point d'oublier ce qu'on va faire. En partie lorsqu'on se trouve en compagnie de notre meilleure amie qui se trouve être une pipelette. Je dois m'estimer heureuse qu'aucune bouteille d'alcool ne se trouve dans sa chambre, elle est encore plus bavarde sous des grammes d'alcool.