Loin de toi (Terminée)

Chapitre 27

Lucy

Après plus de deux jours enfermée dans cette maison, j'en avais assez. Je voulais sortir prendre l'air mais Jake s'entêtait à ne pas accéder à ma requête. Lui-même ne sortait que pour faire des courses, ce qui ne lui prenait moins d'une heure par jour, et revenait tout de suite après. Je m'étonnais qu'il n'aille pas travailler et, quand je le lui avais fait remarquer, il avait juste haussé les épaules en marmonnant qu'il avait démissionné. Apparemment, s'être fait démolir par Natsu avait eu plus de conséquences que je ne le pensais. Jake était devenu complétement parano et m'interdisait formellement de mettre le nez dehors, de peur que Natsu traîne encore dans les parages et nous retrouve.

Lui-même mettait une casquette et des lunettes de soleil quand il sortait. Je trouvais tout ça ridicule mais m'abstenais du moindre commentaire. De toute façon, Jake savait ce que je pensais, vu qu'il avait recommencé à espionner mes pensées. De toute évidence, j'avais échoué au test de confiance, mais je ne savais pas pourquoi. La bonne nouvelle, c'est qu'il y allait plus doucement qu'à l'accoutumée et, comme auparavant, je ne ressentais plus ses intrusions, ce qui m'évitait des maux de tête en fin de journée.

Plus le temps passait, moins j'avais d'espoir qu'un de mes camarades vienne m'aider. Natsu m'avait fait ses adieux mais était-il sérieux ou était-ce une ruse ? Rien dans son attitude ne me laissait supposer la seconde option. Durant les rares absences de Jake, j'avais eu le temps de me promener dans la maison et j'en connaissais maintenant le moindre recoin. C'était une maison ordinaire qui ne renfermait pas le moindre secret dont j'aurais pu me servir contre celui qui se considérait comme mon petit ami. Pour tromper l'ennui, je prenais parfois un livre dans la bibliothèque mais je n'arrivais pas à me concentrer. Je restais vingt minutes sur la même page, la relisant plusieurs fois avant de, finalement, reposer le livre où je l'avais trouvé.

La chambre que Jake m'avait attribué était agréable mais, mon esprit était tellement focalisé sur la porte attenante à nos chambres, qu'il m'était difficile de trouver le sommeil. J'imaginais sans cesse cette porte s'ouvrir durant mon sommeil et Jake se faufiler dans mon lit. Rien que d'y penser, cela me rendait malade. Je ne pensais pas, un jour, détester quelqu'un mais, avec lui, c'était pourtant le cas. A cause de son obsession pour moi, il m'avait volé ma vie : mes amis, mon petit ami, mon travail....tout ce qui me tenait à coeur. Et c'était frustrant de ne rien pouvoir y faire. J'aurais voulu être à la place de Natsu et lui montrer ce que je pensais de lui, avec mes poings.

- Voilà des pensées bien violentes, dit soudainement une voix qui me fit sursauter.

Assise sur mon lit, je tournais la tête vers la porte pour y découvrir mon geôlier, un sourire narquois sur les lèvres. Il n'était pas encore tout à fait remis de sa rencontre avec Natsu et son visage en portait encore les marques. Bien qu'atténuées, elles étaient encore bien visibles.

- Tu me hais donc à ce point ? Ajouta-t-il en entrant dans la chambre.

Je ne répondis pas et me contentais de le fixer avec le regard le plus noir dont je fus capable.

- Tu sais que je peux te faire changer d'avis ? Me dit-il en souriant. Il ne me faudrait que quelques minutes avec ton subconscient et tout pourrait redevenir comme avant. Souviens-toi, comme on s'entendait bien tous les deux.  Tu ne voudais pas qu'on retrouve cette complicité ?

Il plongea son regard bleu dans le mien et je me sentis basculer lentement vers une légère léthargie. Si je ne regardais pas ailleurs rapidement, j'allais me faire happer et il pourrait faire de moi ce dont il désirait. Je me forçais donc à cligner des yeux rapidement et tournais la tête vers la fenêtre. Le ciel était gris et sombre, à l'image de ma situation.

- Comme tu voudras, soupira-t-il en rebroussant chemin. Je suis patient et je sais que tu finiras par changer d'avis.

- N'y compte pas, répondis-je abruptement. Manipuler mon subconscient est bien la seule chance que tu aies pour qu'on redevienne un couple. Jamais je ne serai ta petite amie de mon plein gré, tu entends ? Jamais.