Loin de toi (Terminée)

Chapitre 21

Lucy

- Alors, c'est bien toi qui les a ? Dis-je en le défiant du regard. Pourquoi ? Qu'est-ce que ça t'apporte ?

Je tremblais de rage. Ce n'était pas l'envie qui manquait de lui flanquer ma main dans la figure mais la raison m'intimait de ne rien tenter. Non seulement, il était physiquement plus fort que moi mais il détenait quelque chose qui m'était précieux. User de la violence ne me serait d'aucun secours et ne ferait qu'empirer la situation.

- Cela me permettait d'être sûr que tu reviendrais, me répondit-il en haussant les épaules nonchalamment. C'est d'ailleurs ce que tu as fait.

- Ce n'est pas la seule raison de ma venue ici, lui fis-je remarquer.

- Je sais, dit-il en esquissant un bref sourire. Tu voulais rompre avec moi en face-à-face, tu trouvais ça plus "correct", n'est-ce pas ? Je trouve l'usage de ce mot plutôt cocasse, étant donné ce que tu as fait dans mon dos, qui était tout sauf "correct".

Je ne répondis pas. Non seulement il avait raison mais, étant donné qu'il pouvait lire mes pensées, que pouvais-je dire qu'il ne savait déjà ?

- Je ne lis pas tes pensées en permanence, précisa-t-il en réponse à ce que je venais justement de penser. Seulement de temps en temps. Comme maintenant.

- Pourquoi m'avoir caché le fait que tu étais un mage ?

Il fit un pas de côté et m'indiqua le fauteuil, m'exhortant à m'y installer. Je n'en avais pas la moindre envie mais j'avais vu, et surtout ressenti, ce dont il était capable quand on le contrariait et je n'avais pas envie de réitérer l'expérience. Je pris donc place dans le fauteuil et attendis patiemment qu'il daigne m'expliquer les méandres tortueux de son esprit perturbé.

- En fait, de base, je n'avais pas l'intention de te le cacher, répondit-il en prenant place face à moi. Mais, du fait de mes expériences passées, j'ai appris que la plupart des gens sont réfractaires à cotoyer des télépathes. Ils sont tous persuadés qu'on est branchés sur leur cerveau en permanence et qu'on épie la moindre de leurs pensées.

- Et ce n'est pas le cas ? Demandais-je en faisant mine de m'intéresser à son histoire.

Me parler le rendait plus doux et, étant donné qu'il détenait quelque chose qui m'appartenait, rétablir la communication était un mal nécessaire.

- Bien sûr que non ! S'exclama-t-il, un brin vexé par ma question. J'ai déjà assez à faire avec mes propres pensées alors je n'ai pas envie d'écouter tout le temps celles des autres.

- Pourtant, avec moi, tu ne t'en es pas privé, lui reprochais-je.

Il émit un bref rire coupable, tel un enfant qui vient d'avouer une bêtise qu'il a faite. 

- Je l'avoue, me dit-il en se penchant vers moi. Ce n'est pas une excuse mais tu m'as plu dès que je t'ai vu et je voulais t'impressionner. Lire tes pensées me permettait d'en savoir plus sur toi et de faire en sorte qu'on soit sur la même longueur d'onde. Ne te méprends pas, nous avons réellement beaucoup en commun, ajouta-t-il devant mon air dépité. Je n'ai fait que glaner quelques informations dans ton esprit, ce qui m'a aidé à mieux te comprendre.

- Tu essaies de me faire croire que tu as fait ça dans un but louable ? Dis-je d'un air méprisant. Violer l'intimité de quelqu'un n'a rien de louable. Il y a d'autres moyens pour en apprendre plus sur quelqu'un. Surtout que, de mon côté, je te faisais confiance et t'ai confié pas mal de choses. Tu n'avais pas besoin de lire mes pensées, vu que je te les dévoilais de mon propre gré.

- Tu sais comme moi que ce n'est pas tout à fait vrai, me dit-il avec une pointe de colère dans la voix. Je sentais qu'il y avait des choses que tu ne me confiais pas, aussi ai-je été obligé d'aller les puiser à la source. La plupart du temps, quand je m'immisçais dans ton esprit, la première chose que je voyais, c'était le visage de cet homme. Au début, je trouvais ça normal, il venait de te briser le coeur et tu avais du mal à l'oublier.  Mais, même quand on était ensemble, tu pensais tout le temps à lui. Tu n'imagines pas le mal que ça m'a fait. C'est pour ça que je ne voulais pas te laisser partir seule mais ce voyage loin de moi et de mon influence était un test et je suis au regret de te le dire que tu as brillamment échoué.