Ant-man

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Du plus longtemps que je me souvienne, Scott et moi avons toujours entretenu une relation tendue et conflictuelle. Enfin, je doute que l'on puisse parler de relation étant donné que nos seules interactions consistent à s'envoyer des piques ou à lever les yeux au ciel dès que l'autre ouvre la bouche.

Il a le don de m'agacer. Il ne prend jamais rien au sérieux et fait toujours preuve d'un manque de professionnalisme cuisant. L'ancien détenu ne manque pas une seule occasion de me rappeler que notre désamour est mutuel. Pour lui, je suis trop coincée et trop sérieuse. Je prends surtout mon travail à cœur, ce qui n'est apparemment pas toujours son cas.

Et aujourd'hui ne fait pas exception.

C'est une de ces missions où nous sommes forcés de collaborer, à notre plus grand malheur. Nous formons une bien piètre équipe, à toujours nous envoyer des vacheries et à ne pas être capables de communiquer simplement.

"Je t'avais dit que c'était pas la bonne direction ! protesté-je une fois de plus.

— C'est bon, détends-toi. La sortie doit être par là.

— Comment tu veux que je me détende alors que ton sens de l'orientation est aussi mauvais que celui d'une brebis ! Ils vendaient pas d'antennes, avec ton costume de fourmi ?

— Ce serait plus simple de se concentrer si tu passais pas ton temps à râler."

Je m'apprête à répliquer quand il me fait signe de me taire.

Dans cet entrepôt sombre où règne un silence glaçant, nous distinguons un tictaquement lointain et régulier. L'instant d'après, la minuterie s'interrompt et une explosion retentit. Nous nous jetons au sol tandis que les murs tremblent et que des éclats métalliques nous décoiffent.

Cette mission ne tourne pas comme on s'y attendait. Mon oreillette qui me permettait de communiquer avec le reste de l'équipe vient de s'envoler et le bâtiment est en train de s'écrouler. Nos gadgets ont beau être performants, il est presque impossible de se repérer à travers l'épaisseur de ce mélange de poussière et de fumée. Respirer se révèle aussi être une entreprise difficile. À moins que la sortie ne s'ouvre miraculeusement devant nous, nous sommes coincés.

"Attention !" lancé-je en bondissant sur mon coéquipier.

Nous roulons sur le côté et évitons de justesse le débris qui s'écrase là où il se trouvait une seconde auparavant. Je me retrouve sur lui, à quelques centimètres de son visage marqué par une expression préoccupée que je ne lui connais pas. Il semble tout aussi paniqué que moi. Pour une fois, nous devons partager la même analyse de la situation.

"Merci, articule-t-il en se redressant.

— Pour que tu me remercies, ça doit vraiment être la fin."

Ma remarque lui fait esquisser un sourire soucieux. Pour la première fois, il ne me répond pas par une pique dont il a le secret. En d'autres circonstances, je me serais vantée de lui avoir cloué le bec. Au lieu de ça, j'esquive un nouveau débris qui me force à me rapprocher de lui. Le plafond et les murs sont en train de se déverser sur nous et nous n'avons aucune issue.

Nous échangeons un regard ; nous nous savons condamnés.

Je ressens subitement beaucoup de compassion pour celui qui se trouve dans la même situation que moi. C'est peut-être ce qui me pousse à avoir la réaction la plus stupide ou peut-être la plus commune pour toute personne voyant approcher la fin.

Je pose mes lèvres sur les siennes et ses yeux s'agrandissent. Loin de me rejeter, il m'étreint intensément à son tour et approfondit ce baiser inopiné.

Une aventure avec...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant