Chapitre 2

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Il était très tôt dans la matinée lorsque la femme était arrivée pour les leçons quotidiennes de shamisen. Tsuki attendait déjà dans le jardin avec son propre instrument accordé et prêt à l'utilisation dans les mains. 

Elle détestait ces leçons quotidiennes, il n'y avait jamais rien de nouveau à apprendre. Cette femme n'arrivait jamais à suivre son rythme d'apprentissage qui était bien trop rapide. En un regard, elle parvenait à se souvenir de la totalité de ses gestes d'exécutions. Bien sûr, le fait qu'elle les exécutait lentement lui rendait la tâche bien trop facile, mais l'adolescente n'avait pas le droit de répliquer, c'était bien trop impolie. Elle n'avait pas le droit d'exiger de celle qui venait lui faire cours d'aller plus vite. 

Bien sûr, puisque ses résultats étaient excellents et que la femme en informait son paternel à chaque fin de leçon, celui-ci était ravie et voyait un certain avenir pour sa fille, un talent qui la rendrait encore plus attrayante pour ses futurs prétendants. 

Lorsqu'elle voyait la femme traverser la porte menant au jardin, l'adolescente avait eu l'envie de lui foutre un coup de luth derrière la tête pour terminer la séance plus tôt. 

Les deux heures qui avaient suivies étaient pénibles pour la jeune femme qui voyait du coin de l'œil son frère aîné s'entrainer avec un mannequin en bois. 

-Et voilà pour vous, dit la mère qui offrait une tasse de thé à la femme après les deux heures de cours. 

-Merci beaucoup, Mme Yoru. 

La femme aux longs cheveux blancs lui offrait toujours le même sourire, celui à la fois accueillant et froid. Elle jouait toujours la comédie.

Lors du repas du soir, l'aîné de la famille racontait ses progrès sous le regard fier du paternel. Le plus jeune des trois les écoutait toujours avec ennuie, étant considéré comme étant encore trop jeune pour commencer son entraînement du maniement du sabre. 

-J'ai réussi un enchaînement de plusieurs coups sans perdre mon équilibre, annonçait fièrement l'aîné avant de prendre en bouche une boulette de riz. 

-Félicitation, Jin. Bientôt, tu seras en mesure de peut-être nous suivre pour la prochaine mission. 

-C'est vrai ? 

-Oui.

-Et moi, alors ? demandait le plus jeune en arborant une moue boudeuse. 

-Bientôt, mon fils. Dans un an, je débuterai ton entraînement. 

-Encore un an, soupirait l'enfant. 

-Allons, ne sois pas triste, répondait la mère d'une voix calme. C'est pour ta sécurité. 

-Je sais, mais je m'ennuis à la maison quand père n'est pas là. 

-Tu peux toujours essayer de suivre les cours de Tsuki à tous les matins, comme ça tu commenceras enfin à foutre quelque chose de tes dix doigts, ricanait le plus vieux.

-Jin ! le grondait son père d'un regard furieux. 

-Je suis désolé, s'excusait celui-ci en baissant la tête sous l'une des grimace que lui tirait son frère. 

-C'est sûr qu'en terme d'apprentissage, il apprendrait beaucoup plus auprès de moi en m'observant qu'en t'observant exécuter sans cesse les mêmes erreurs, répliquait l'adolescente sans dévier les yeux de son bol de riz. 

-Elle a quelque chose à dire ? 

-Tu n'apprends pas de tes erreurs.

-Ça suffit vous deux ! s'énervait la figure maternel, le regard dur. Je ne veux plus vous entendre. 

Le Souffle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant