Chapitre 12

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Quelques jours s'étaient écoulés depuis qu'il l'avait véritablement accueilli chez lui. Bien qu'il devait la couvrir et la réprimander lorsqu'il décelait en elle l'envie de tester un mouvement d'un autre souffle auquel son corps n'était pas habitué, il avait très vite vue l'étendue et les failles dans ses capacités. Elle avait beau être capable de se souvenir d'un événement à la perfection, il ne pouvait la laisser participer à l'épreuve des pourfendeurs si elle continuait à ne pas prendre au séreux ses avertissements. Et même s'il avait intensifié son programme d'entraînement au point où il était lui-même persuadé que plusieurs pourfendeurs entraînés n'arriveraient même pas à en venir à bout, jamais le corps de cette fillette ne parviendrait à s'adapter à tous les styles de souffles sans en retirer des séquelles. Il hésitait à lui proposer de se créer son propre style de combat et se demandait si ça n'allait pas être trop dur à assimiler pour celle-ci. Car oui, elle avait beau reproduire à la perfection ses mouvements et ceux des autres, il était certain qu'elle n'était doué qu'à ça. Et au vue de son manque constant d'émotion et de réaction, il se demandait si elle allait être capable d'y consacrer un peu d'énergie, elle qui ne se consacrait qu'aux entraînements sans jamais s'attarder sur le reste. 

Entretemps, il avait accepté de la laisser s'immiscer un peu dans son quotidien, que les autres piliers pourraient qualifiés de banal. Il s'entraînait tous les matins avec elle, acceptant de lui mettre une dérouillée quand elle insistait pour se battre avec son bandeau sur les yeux, de lui faire porter presque la moitié de son poids lors des entraînements de soulevé de poids et de lui faire courir le double de la distance qu'elle avait pris l'habitude de faire avec son ancien maître. Il lui faisait refaire l'entraînement sans même culpabiliser un temps soit peu quand il trouvait que ça lui prenait trop de temps. 

Dans l'après-midi, il la laissait vaquer à ses occupations pendant une heure ou deux, s'occupant des siennes. Il l'avait déjà retrouvé assise à son petit bureau dans sa chambre, regardant une feuille blanche dont il ignorait se qu'elle comptait en faire. Au final, elle abandonnait la feuille sur son bureau et se perdait dans ses pensées sans rien laisser transparaître. Parfois elle l'accompagnait dans ses corvées, l'observait en silence, s'intéressant un peu à ses activités et ses devoirs de pilier. Elle avait eut la chance de pouvoir se mesurer au pilier du feu, nouvellement arrivé, Rengoku. Pour être excentrique, il n'avait jamais vue un type similaire à lui. Il était persuadé qu'elle allait vouloir le prendre comme nouveau maître, mais en assistant à la séance d'entraînement depuis le perron de sa cour, il fut surpris de ne voir aucun sourire se démarquer sur la visage de sa successeur. 

En fait, il ne l'avait jamais vu sourire depuis son arrivé à son domaine ou à celui des papillons. Kanae expliquait qu'elle était probablement en état de choc et qu'il ne fallait pas la brusquer et lui poser des questions sur le pourquoi du comment, mais de devoir entraîner un être semblable à un Giyu Tomioka, c'était devenu chez lui un non catégorique. Il allait lui tirer les vers du nez bientôt, très bientôt. 

-Aïe ! avait-elle gémis après avoir effectué une attaque que Rengoku avait exécutée un peu plus tôt, attirant dans l'immédiat l'attention des deux piliers. 

-Tu t'es fait mal ? lui avait demandé l'homme à la chevelure flamboyante, se penchant près de l'adolescente qui se tenait maintenant le bassin et l'épaule. 

-Ça va, grimaçait-elle. 

-Tu ne m'as pas écouté ! grognait Sanemi en s'arrêtant près d'elle. 

En relevant la tête, elle croisait le regard de son maître. C'était la première fois qu'il voyait dans ses yeux briller une lueur autre que celle du néant, l'implorant de la pardonner pour son manque de brillance. 

Le Souffle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant