Le Souffle de la mort

Chapitre 38

Se refusant à se perdre dans la nostalgie face à cette ancienne servante qui lui avait tout appris pour un jour qu'elle devienne une grande et belle dame, car ces moments étaient entachés par ceux du jour du massacre de sa famille. Des cadavres partout, du sang à perte de vue et rapidement, l'odeur de chair putride. Tout ça avait pourtant disparu... à part elle. 

-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda la jeune femme. 

-Je... Je suis soulagée de...

Elle écarta ses paroles d'un signe de la main, échangeant un regard avec Tomioka qui, après un petit soupir, se contenta d'hocher la tête. 

-Que s'est-il passé ici ? répéta le pilier. 

Cette dernière parut hésitante l'espace d'un instant, alternant entre le jeune homme au haori bicolore qui la menaçait de son sabre et l'enfant qu'elle avait vue grandir pendant une quinzaine d'années. 

-J'ai tenté de protéger la maison des pilleurs et de intrus qui ont voulu prendre le domaine.  J'ai tenté de le remettre en ordre pour votre retour. 

-Avez-vous tué pour vous nourrir ? Les démons doivent se nourrir de chair humaine pour survivre, mais j'imagine que vous le savez déjà. 

-Je n'ai jamais pu m'y résoudre. Je me suis résigner à manger la chair des servantes décédées, puis j'ai enterré leur corps dans la cour près de ceux des membres de la famille Yoru. 

-La mère et le frère de Tsuki ont disparu ? D'après ses dires, elle les avait enterré dans la cour avant de partir avec son oncle et son petit frère. Où sont-ils ? 

-Je ne sais pas... J'allais prier pour eux à chaque nuit depuis  des mois maintenant, jusqu'à récemment quand j'ai entendu du bruit dans la cour. J'étais partie cueillir des fleurs pour leur sépulture, mais quand je suis revenu, j'ai vu des gens. J'ai eu peur et je me suis cachée. 

-Combien ils étaient ? 

-Je ne sais pas. Je dirais... peut-être cinq ou six. L'un d'eux restait en retrait. Je l'ai vu quand l'aube commençait à arriver : Il a ordonné à ce qu'ils ramènent les corps et a découpé l'un de ses sbires en morceaux quand il a menacé de manger votre frère. Ils sont partie juste après. 

Les deux piliers échangèrent un regard. 

-Des démons ? murmura le noiraud. Sont-il revenus depuis ? 

-Je pense que leur chef revenait régulièrement. Je restais toujours caché. 

-Que voulait-il ? demanda Tsuki en se penchant, posant un genou à terre pour arriver à la hauteur de son ancienne servante. 

-Je ne sais pas. Il fouillait la maison la dernière fois et je l'ai entendu dire qu'il vous cherchait, vous et votre frère. 

-Amon ?! 

-Oui. Il avait juré qu'il vous ramènerait près de lui. 

-Revenait-il a une fréquence particulière ? 

-À tous les trois-quatre jours. 

-Ce qui veut dire qu'il n'aura sûrement bientôt plus rien à chercher ici. Qu'a-t-il pris avec lui ? 

-Très peu de chose. Ça a commencé avec le sabre de Jin, puis le Shamisen brisé de Tsuki. Il a pris quelques poèmes avec lui, puis est parti en prenant l'une des broches à cheveux d'Hareta. 

-Hmm... 

-Ça fait six jours que je ne l'ai pas revu souiller votre héritage, dame Yoru. 

-C'est parce qu'il n'y a plus rien a voler...