Chapitre 21

433 20 0
                                    


Tsuki était allongée sur sa couchette, caressant d'un air distrait la tête pelucheuse d'Éclipse. Elle avait beau fixer le plafond depuis une dizaine de minutes, son attention n'était pas concentré sur les poutres en bois. Non, elle se rappelait du passé, du rêve qu'elle avait fait entre autre. Elle avait l'habitude de faire des cauchemars depuis la mort de sa mère et de son frère aîné, mais ce rêve qu'elle avait fait dans le champ de fleur lui avait parut à la fois réel et angoissant. 

Le champ de Lycoris rouge qu'elle avait traversé et la marre qui s'était transformé en océan, c'était une habitude. La vision de ses parents et de son frère dans l'eau, c'était pareil. La lame du sabre n'avait en revanche jamais été brisé, comme si son cerveau s'était souvenu des derniers événements. 

La peur qu'elle avait eu une fois émergée dans l'eau la fit frissonner, faisant relever la tête d'Éclipse quand elle s'arrêtait de le cajoler, prise dans ses pensées. Elle était persuadée d'avoir entendu la voix de Sanemi dans son dos à ce moment-là. C'était lui qui l'avait protégé de cette pointe d'acier qui avait pris la direction de son cœur. 

Se redressant légèrement, elle tendait le bras pour atteindre son sac en bandoulière, en retirant d'une main aveugle une des nombreuses fleurs qu'elle avait ramené pour l'amener à la hauteur de ses yeux. Son regard traversait les nombreux points scintillants des pétales de lune. Elle fit cependant l'erreur de l'approcher près de son nez pour sentir le parfum de celle-ci. 

L'effet fut presque instantané, son regard vacillant dans tous les sens à la recherche d'un danger potentielle et d'une issue. 

La plainte que poussa Éclipse en se faisant reverser et les bruits de fracas du bureau lorsque Tsuki tenta tant bien que mal de se relever pour trouver une arme pour se défendre alerta Sanemi dans la pièce voisine. 

Quelle ne fut pas sa surprise de retrouver sa disciple, tenant serré dans ses mains, dont les jointures blanches témoignaient de son effort, le katana brisé de Ryuk, la lame près de son cou. 

-Tsuki ! criait-il en se jetant sur elle pour l'empêcher de commettre l'irréparable. 

La peur dans ses yeux, accompagnée par le tremblements de ses épaules et de sa respiration hachée, lui faisaient comprendre tout l'intérêt qu'il avait d'être doux avec elle, bien qu'il eut de la difficulté à penser , dans l'immédiat, à un moyen de l'aider quand elle l'attaqua dans un cri d'effroi, l'atteignant au flanc gauche. D'un geste rapide, il l'arrêtait dans sa prochaine attaque et se glissa derrière elle pour effectuer une prise avant de s'écraser au sol sous les agitations de la jeune femme, écartant de justesse la tête quand elle tentait de lui planter la lame dans l'œil pour se libérer. 

-Arrête ! grognait-il alors qu'elle se débattait contre lui pour fuir son emprise sous le regard effrayé et confus des chiots qui avaient trouvé refuge derrière le bureau renversé. 

Sanemi espérait que personne ne viendrait lui rendre visite, n'étant pas certain de vouloir expliquer pourquoi on entendait sa successeur crier au meurtre, bien qu'il ne connaissait pas la réponde non plus. 

-SANEMI ! criait la jeune femme dans l'espoir de le voir débarquer sur le seuil de sa chambre et l'aider à se libérer du monstre squelettique qui l'avait pris en otage. SANEMI !

-Tsuki, calmes-toi ! peinait à articuler l'homme à la chevelure argenté. 

-SANEMI ! À L'AIDE ! 

-C'est moi ! Tsuki ! 

Dans une dernière tentative, il enroula ses bras autour du cou de sa disciple et tenta de lui couper son souffle. 

Le Souffle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant