03 | Loélia

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Loélia Wealer

Une semaine plus tard.

J'étais ingénu.

Autrement dit, innocente et naïve.

Autrefois j'avais espoir. Je pensais du plus profond de moi que les gens finiraient par s'intéresser à moi.

J'ai eu tort.

On ne t'apprécie jamais à ta juste valeur. Rares sont les personnes qui le feront.

Tu auras beau avoir les meilleurs des qualités, un caractère unique ou je ne sais trop quoi, ça te sera inutile. Tout passe par l'extérieur.

Si tu es belle à l'extérieur, le reste suivra. Tu n'as pas besoin d'être intéressante, juste d'être parfaite.

La sélection sexuelle ne s'applique pas qu'aux animaux, malheureusement.

C'est la première chose que l'on voit lorsqu'on découvre quelqu'un, c'est là que tout se joue. C'est décisif. Tu passes ou tu casses.

Putain, j'ai quoi aujourd'hui... Je suis si morose.

On n'y peut rien au fond, c'est comme ça. Tout le monde fonctionne de la même manière. Chez certains individus, c'est très prononcé, chez d'autres plus estompé.

N'empêche, personne ne le niera, la première impression est parfois la bonne... Alors que doit-on faire, se fier à notre instinct ? Ne pas avoir d'a priori ?

J'ai choisi la facilité ; faire tout ce que j'ai pu pour plaire. Pour être certaine que la première impression soit toujours la meilleure.

Car j'ai cette préoccupation permanente, suis-je assez bien ? Belle ? Gentille ? Apprêté ? Aimable ? Drôle ?

À la fin, tu te perds dans ton propre jeu. Tu ne fais plus semblant. Tu t'effaces et finis par t'oublier.

Je mens, je mens, je mens tellement sur ma personnalité que je ne sais plus différencier la moi et l'autre moi. Ma seule bouée de sauvetage, ce sont toutes ces notions que j'ingurgite grâce à la fac. Elles me font comprendre que je ne suis qu'une vulgaire humaine qui suit le cycle de la vie. Je me noie avec les autres, tandis que le reste, ceux qui arrivent à se défaire des codes de la société, te scrute avec un sourire satisfait. "Ils sont tellement superficiels, stupides, égocentriques... "

Chaque soir, je retire toutes ces couches de maquillage. J'en mets juste assez pour cacher mes défauts et sublimer mes imperfections. C'est mon masque durant la journée, mais lorsque je le retire, je m'enfonce dans l'inconnu.

Finalement... Je suis quoi ? Que retienne-t-il de moi ? Ont-ils apprécié mes blagues, mes réflexions ?

C'est déprimant...

— Lia, tu viens ? mon amie se pointe derrière moi, Arrête de te fixer dans le miroir pendant 3 heures, t'es belle, mais ça fait mégalo là...

Belle, voilà, tu ne seras que ça.

Subi, c'est ce que tu as toujours voulu non ? Je me dis souvent à moi-même.

Tu as beaucoup "d'amis", les gens "t'apprécient", tu es "populaire" et "jolie".

Arrête de te plaindre un instant tu veux ? Ce n'est pas comme si c'était horrible.

— J'arrive, c'est juste que...

Même à ta meilleure amie, tu mens.

— Je ne trouve plus ma crème.

Comment elle fait, elle, pour être si fausse et naturelle ? Lu est le tout juste milieu.

CURIOSITÉ MALSAINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant