07 | Loélia

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Loélia Wealer


J'ai attendu qu'il vienne, j'ai patienté toute la nuit.

Mais il n'est pas revenu.

Absurde, c'est complétement absurde.

Il ne me laissera pas m'en sortir aussi facilement...

— Allô la terre à Lia, tu nous écoutes là ? me lance la voix aiguë de Zélina.

— Mh, oui ?

— T'es vraiment pas concentrée aujourd'hui, renchéris Benji.

Il a raison.

Je n'aurais peut-être pas dû aller à la fac... J'aurais pu rester chez moi... Seule.

Considérer cette option me glace le sang. Je ne peux pas, je ne veux pas.

Je refuse d'être isolé du monde, comprimé entre les quatre murs de mon appartement. Je ne retournerai plus jamais là-bas.

— T'es défoncée ou quoi ?

— Non... On m'avait juste séquestrée. soufflé-je sans conviction.

Juste.

Mes amis me fixent un sourire malicieux au visage, ils se jettent un regard complice avant de rire jaune.

— T'es hilarante dit donc Lia.

Pas autant que toi Benjamin Lester, l'homme le moins futé que je connaisse.

— Chelou, ouais. elle rétorque pleine de mauvaise foi, pour ne pas changer.

Évidemment qu'ils ne me croient pas.

Personne ne considéra ma déclaration, même pas un instant. Il a vraiment bien fait les choses ce connard. Si je vais voir les flics avec cette allure, ils ne prendront que pour une folle qui a trop picolé la veille.

Les chances de survie dans ce genre de situation sont tellement maigres. Et pourtant...

— Trop drôle hein, j'ai révisé mon humour durant le weekend.

Me voilà encore en vie seize heures après ma libération. C'est un exploit.

Dont deux heures de sommeil dans ma baignoire, barricadé dans la salle de bain, recroquevillé sur moi-même.

Seulement trois cigarettes grillées.

Zéro gramme de cocaïne dans le sang. Un autre exploit.

Je ne suis pas dans le déni, j'accepte visiblement tout ce qui se passe.

Je n'esquive malheureusement pas au trouble de stress aigu. Avec un peu de chance, j'échapperai au stress post-traumatique. (Si je suis encore en vie pour y avoir le droit.)

Mes mains migrent sur mes genoux afin de contenir les tapotements incessants de mes pieds contre le sol. Mes réflexes anxiogènes irritent mes amis, je me sens alors contrainte d'arrêter. Mais mes doigts s'agrippent à mes cuisses, et involontairement je me mets à les griffer. Je suspends un automatisme pour un autre, c'est aberrant.

J'ai la sensation de n'avoir jamais été aussi proche de la mort, et j'ai un autre sentiment qui me dit que je m'enquiers trop. Peut-être qu'au fond, c'est ce que je cherche... La mort.

Si même Lu ne me croit pas, alors qui percevra mes appels à l'aide ?

« Tu fais la fête en mon absence ? Ce n'est pas sympa ! » Je suis lucide putain. C'est ce que j'aurais aimé répondre.

CURIOSITÉ MALSAINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant