10 | Loélia

222 17 44
                                    

Loélia Wealer.

La douleur me consume de l'intérieur.

Mon corps s'enflamme peu à peu.

Je crois que je me décompose progressivement.

En l'espace de quelques jours seulement, j'ai l'impression d'avoir été détruite.

Il l'a fait.

C'est de sa faute.

Et même si mon inconscient me rappelle que j'étais déjà bien amoché par le passé, il a donné le coup fatal.

Cette pression constante.

L'impression d'être oppressé en permanence, observer.

Je suis juste une erreur dans le système.

Ma vie en elle-même est une erreur.

Et être toujours vivante à l'heure actuelle l'est encore plus.

Ce soir-là, j'aurais dû mourir.

Une légère brise estivale fait virevolter mes cheveux. Plus les semaines passent, plus elle se rafraîchit, signe qu'août est bel et bien clos.

Nous sommes le deux septembre et je suis toujours en vie.

Mais pour combien de temps ?

Point positif, les choses ne peuvent plus s'aggraver. Je crois avoir touché le fond et pour de bon.

Je n'y arrive presque plus ; me battre.

Je peux encore sauver les apparences, mais après ?

J'achèterai un nouveau fond de teint plus foncé qui cachera ma carnation livide.

Je fais de plus en plus pitié.

Est-ce que même durant un court instant il s'est rendu compte de ce qu'il fait ? Est-ce que durant juste une seconde il s'est remis en question ?

Ça ne lui fait rien ?

J'ai du mal à y croire.

C'est irréel. Et pourtant ce que je traverse n'a jamais été aussi réel.

Ses regards « vides ».

Des regards perçants et inoubliables.

Même en y insistant, on n'y trouve rien.

Ce regard qui n'a plus rien à perdre.

Ce regard maudit.

Ce regard qui hante.

Ce regard qui ne sait plus pleurer.

C'est effrayant.

Je n'avais jamais vu une telle chose auparavant.

Alors mon angoisse est croissante et vient m'étouffer.

Je peux fuir, survivre, subir, mais pour combien de temps ?

Ma gorge se noue.

Une seule personne n'est plus assez.

Il faudrait me diviser en deux, et mettre une partie de ma peine de chaque côté.

Et peut-être que là, je supporterai.

C'est ce que j'ai toujours fait après tout, afficher un beau sourire.

Et même si des larmes salées viendraient à perler le long de mon visage, je le maintiendrais pour les convaincre que ce n'est rien.

« Allergie, poussière, rhume. »

CURIOSITÉ MALSAINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant