17 | Loélia

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Loélia Wealer

Une semaine est passée depuis mon interrogatoire, mais rien ne s'est passé. On n'a aucun retour de la police. Ils semblent vraiment avoir pris cette affaire à la légère.

« Il y a des meurtres et des disparitions tous les jours, c'est ce que m'a dit le policier. Et tant que l'histoire n'est pas médiatisée, ils feront le strict minimum. »

Alors, ça se termine comme ça ?

L'affaire sera classée sans suite et je vais m'en sortir indemne, ou presque.

J'essaie de vivre ma vie simplement, comme avant, mais ça me parait différent. Lorsque je suis à la fac ou que je fais une sortie avec mes "amis" le sujet est toujours le même. Benjamin. Benji. Benjamin. Benji.

C'est épuisant de devoir faire semblant, mais le plus compliqué, c'est de les entendre le pleurer, d'entendre les gens faire son éloge, le plaindre. Sa disparition est le nouveau ragot tendance, alors ils ne parlent tous que de ça.

J'ai envie de leur crier la vérité, je veux leur dire qu'il n'est pas la bonne personne dont tout le monde fait l'éloge.

Puis je me dis que personne ne me croira. Benji faire ça ? Non impossible.

J'ai moi-même parfois du mal à me croire.

Peut-être que c'était de ma faute ?

— Lia tu devrais y aller ma chérie, il commence à se faire tard.

Il n'est que 14 heures, mais j'ai de la route qui m'attends.

— Il faut que je me prenne un weekend pour qu'on puisse rester ensemble.

J'observe le visage de mes parents déformé par la tristesse, une expression que j'affiche probablement aussi.

Ma mère prend les devants et m'enlace, puis c'est mon père qui se rapproche et me serre contre lui.

Mon cœur rate un battement lorsque je réalise ce qui vient de se passer. J'écourte les adieux et me presse vers la sortie. Je m'en vais comme une voleuse, honteuse.

Je ne me comprends pas. Pourquoi est-ce que cette étreinte est si désagréable, pourquoi est-ce que j'ai presque instinctivement repoussé mon père ? La scène tourne en boucle, ma mère qui m'enlace avec tendresse, tandis que je suis figé. Je refuse d'y croire. Cette présence qui, avant, pouvait par miracle soigner tous mes maux m'est à présent pénible.

Il y a un problème, je dois être malade.

Oui, c'est ça... Je suis un peu malade, inutile d'y repenser...

J'ouvre la portière et m'installe dans la voiture de Lucrecia.

— Tu pars déjà ?

— Je n'arriverai jamais à l'heure pour travailler si je reste encore.

C'est elle qui m'a proposé de m'amener, alors j'ai dit oui en pensant que ça me changerait les idées.

— D'ailleurs Lia, il fallait que je te parle.

— Dis-moi ?

Je déteste cette phrase en temps normal, mais je suis tout de même curieuse de savoir ce qu'elle a à me dire, car dans son cas, ça ne doit être rien de très important.

— Je dois te l'avouer, je n'ai pas été une bonne amie. m'annonce-t-elle en bafouillant.

— Pourquoi tu dis ça Lu ?

Le silence règne dans la voiture durant une bonne minute où elle semble chercher ses mots.

— Je vois bien que tu ne vas pas bien, et je ne suis pas là pour t'épauler comme je le devrais.

CURIOSITÉ MALSAINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant