La sorcière pénétra dans le bâtiment puis monta un escalier en spirale qui conduisait à un corridor. Elle dépassa une salle dont la porte entre-ouverte laissa deviner une armurerie. Jamais elle n'avait vu autant d'équipement différent. D'immenses sabres, épées ou haches. Il y avait aussi des arbalètes et des arcs ainsi que plusieurs objets inconnus aux yeux de la jeune femme. Elle n'eut pas l'occasion de s'arrêter pour les examiner que son guide tournait à nouveau vers des marches en marbre.
Encore dans un couloir, ils suivirent le chemin cérulé qui menait vers une porte ornée d'arabesques complexes. C'était là que l'homme l'abandonna.
— Vous pouvez entrer, annonça-t-il d'une voix assurée, marquant son respect par le salut régalien.
Il resta ensuite parfaitement immobile, sans ciller, même lorsque Helja dévoila entièrement son visage, passa doucement une main devant ses yeux, ou lui fit une petite pichenette sur l'oreille. Finalement, elle décida de poursuivre son chemin, au grand soulagement du garde.
Un extraordinaire tapis bleu et jaune parcourait cette pièce tout en longueur, recouvrant le sol en dalles blanches. Des étendards aux mêmes couleurs, le symbole du souverain en son centre – un poing surmonté d'une couronne – décoraient chaque colonne de pierre. De hautes fenêtres en ogive laissaient percevoir la lumière de la lune et de la ville en contrebas. Des torches et bougies disposées en quantité phénoménale ajoutaient davantage d'éclairage. Plusieurs gardes patientaient le long des parois, totalement statiques.
Au milieu du séjour, sous d'immenses lustres, une table était dressée, pouvant accueillir pas moins de trente convives. Une profusion de luxe qui ne déplaisait pas à la sorcière. Elle contemplait avec avidité les nombreuses assiettes, verres, couteaux et fourchettes en porcelaines ou en or. Peut-être pourrait-elle en subtiliser quelques-uns. Les énormes vases remplis de camélias et de chrysanthèmes devaient se revendre pour une véritable fortune. Elle imagina déjà les sorts pour réduire leurs tailles bien trop imposantes quand une porte tout au bout de la pièce s'ouvrit.
Un petit homme entra, vêtu d'un beau costume en soie mauve et d'élégants souliers en cuir. Il tourna la tête à la recherche de son invitée. Lorsqu'il l'aperçut au loin, il l'appela d'une voix presque enfantine :
— Approchez, je vous prie.
Helja avança, le son de ses poignards qui se balançaient doucement résonnant en échos. Le regard des gardes se posa immédiatement dessus.
De plus près, le nouveau venu avait l'air encore plus minuscule. Son visage rond ne paraissait pas plus grand qu'un ballon et une unique touffe de cheveux argentée semblait avoir poussé sur son crâne. Une moustache grisonnante cachait le haut de sa bouche et une paire de lunettes ovale grossissait anormalement ses étranges yeux clairs qui étincelaient d'une lueur mauvaise. Ses mains tremblantes se dirigèrent vers la jeune femme quand il se présenta :
— Je suis Dolos, c'est moi qui vous ai contactée.
Helja ne serra pas la main tendue. À la place, elle attrapa une chaise et laissa tomber son sac à ses pieds.
— Oui bien, asseyez-vous.
L'homme avança d'un pas claudicant et se posa face à son invitée. Helja remarqua qu'il avait l'air d'un petit être fragile que l'on pourrait briser en un claquement de doigts.
— Je ne savais pas que les nains travaillaient au service du roi. Vous vous êtes échappé de la ville souterraine ? se moqua-t-elle.
— Oh non, je ne suis pas un être magique, répondit-il totalement décontenancé par cette accusation.
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Sorcière I : Le livre de la vengeance
FantasíaIl est bien difficile d'envisager l'avenir quand le passé s'enchevêtre au présent, même pour Helja, la sorcière la plus puissante du pays. Mais le jour où le roi l'engage pour un contrat des plus banals, tout son univers se retrouve irrémédiablement...