LETTRE XII

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HUENING KAI A CHOI SOOBIN, BOÎTE AUX LETTRES BLEUE DE SEOUL


J'espère sincèrement que ma dernière lettre n'a pas provoqué ton inquiétude. Ce n'est pas mon but. Je m'excuse si c'est le cas. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne devrai pas te partager la pression qui pèse sur mes épaules et mes craintes quotidiennes. Tu n'as pas besoin de les recevoir et je refuse que mon anxiété ne se métamorphose en un virus contagieux qui se transmet à travers les univers. Je ne parviens même pas à expliquer pourquoi je te raconte toutes ces histoires sur ma famille. Je ne les ai jamais racontées à personne. Tu es la première personne à qui je parle de toutes ces choses, Choi Soobin. Je te fais une confiance aveugle pour garder mon secret.

Quand je pense aux mots de ma dernière lettre, je ne peux pas m'empêcher de penser à l'étrange tournure qu'ils ont pris. Je l'ai commencé par te complimenter, car tu es une sublime personne et je l'ai terminé en pleurant sur mon sort. Elle doit avoir un ton étrange.

Puis-je t'avouer quelque chose qui te confortera dans cette idée absurde que je suis un abominable tueur en série ? Je ne me sépare plus de la photo que tu m'as envoyée. Cela fait cinq jours que je l'ai reçu et elle ne quitte jamais mes poches. La mine concentrée que tu affiches se transforme entre mes mains et elle devient cette amulette qui me protège des œillades sévères et malveillantes de Maleko. Il se doute de quelque chose. J'en suis persuadé. Son regard s'est durci depuis que j'ai commencé à t'envoyer des lettres et sa silhouette me suit dans les quatre coins du manoir comme s'il analysait chacun de mes mouvements.

Mes lettres risquent de s'espacer le temps que je parvienne à calmer ses suspicions. Il ne supporterait pas l'idée que je puisse entretenir une relation avec une personne qui n'appartient pas à mon cercle familial. Debout dans le coin de la pièce, les mains jointes dans son dos, il s'érige comme une statue inquiétante. Il est comme une seconde ombre ; une ombre menaçante dont l'existence me glace le sang.

Je t'écris cette lettre à une heure si avancée de la nuit que la lumière de la lune inonde ma chambre. Allumer la moindre lampe alerterait Maleko et je donnerai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas lui manifester que je suis encore éveillée. J'entends sa respiration régulière de l'autre côté de la porte et je le suspecte de feindre le sommeil pour être témoin d'une action défiant les règles de la maison. Il doit croire que je vais dans le mur. Je ne lui donnerais pas le plaisir de me surprendre. Je refuse qu'il puisse mettre la main sur une de tes lettres ou celles que j'écris.

Tu es mon secret, Choi Soobin.

Mon secret le mieux gardé.

J'imagine tes sourcils se froncer alors que tu lis cette lettre encore plus inquiétante que la précédente. Me prends-tu pour un fou ou un paranoïaque ? J'ignore si je le suis. J'espère seulement que tu continueras à m'écrire. Mes prochaines réponses vont s'espacer dans le temps. Je vais tenter de dissiper la méfiance de Maleko.

Je te garde avec soin dans ma poche en attendant ta prochaine lettre.


Boîte aux lettres bleue d'Astéria

30 avril


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on arrive vers la moitié de l'histoire. ça n'avance pas très vite mais je crois que j'aime bien. j'espère que c'est aussi votre cas.

on se retrouve bientôt !

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