LETTRE XXIII

1 1 0
                                    


CHOI SOOBIN A HUENING KAI, BOÎTE AUX LETTRES BLEUE D'ASTERIA



Je ne sais pas si tu as reçu ma dernière lettre. Je pense qu'une part de moi essaie de se persuader qu'elle est entre tes mains tremblantes d'émotions. Je me sens un peu coupable de mon énervement et mon esprit ne cesse de s'imaginer ton visage ravagé par les larmes. Mon cœur se serre à cette image. Je tends les bras dans le vide dans l'espoir de voir ta silhouette fantomatique s'y glisser. J'imagine le parfum des roses de ton jardin se répandre autour de toi comme une aura rassurante et tes larmes mouiller le vieux t-shirt qui me sert de pyjama. Mais mes bras ne rencontrent rien et ils se referment dans le vide. Ton absence n'en est que plus saisissante. J'ai pourtant conscience que jamais je n'aurais pu serrer ton corps contre le mien, que jamais mes lèvres n'auraient goûté le goût salé de tes larmes et celui fruité de tes lèvres, que jamais je n'aurais posé ma tête sur ton épaule alors que nous plongerions nos prunelles dans cette romance clichée dont je me nourris lorsque je déprime.

J'ai passé les derniers jours à me plonger dans ces comédies romantiques. Je nous imaginais à la place des personnages. Je nous imaginais vivre cette romance idyllique. Je nous imaginais nous embrasser sous une pluie torrentielle et choper une angine.

Cette tristesse familière m'enveloppait au défilement des crédits. Notre histoire est morte avant même de commencer. Mon cœur se déchire dès que mon cerveau se dirige vers toi. Es-tu enfermé dans cette prison dorée aux allures de chambre luxueuse ? Peux-tu vagabonder dans les couloirs de ton immense manoir et profiter de la présence de tes sœurs ? Parviens-tu à échapper à la présence menaçante de Maleko ? Partages-tu ma peine ? Je me pose tant de questions.

Ta silhouette se dessine dans mes rêves chaque nuit. Les bras amicaux de Morphée me portent dans cette chambre confortable et tu te trouves au milieu de ce lit immense. Un sourire rayonnant illumine ton visage — je camoufle le rougissement de mes joues derrière mes mains glacées — et tu m'invites à te rejoindre. Je n'hésite pas une seule seconde. Tu m'accueilles par un rapide baiser au coin des lèvres et je me love dans tes bras. Nous refaisons le monde au milieu de ce lit immense. Nous construisons notre monde autour de ce lit immense. Pendant des heures qui me paraissent toujours trop courtes, nous parlons et nous nous embrassons. Chaque seconde me remplit de joie. Chaque seconde ne rend le réveil que plus compliqué. Car je sais que lorsque mes paupières s'ouvriront, tu ne seras pas à mes côtés.

Et je ne peux pas m'empêcher de fondre en larmes. Je m'emmitoufle sous les couettes alors que la chaleur transforme mon appartement en un véritable four. Je crois que Yeonjun désespère de me voir dans un tel état. Il me regarde dépérir sans pouvoir rien faire. Je repousse chacune de ses tentatives et je culpabilise dès que je remarque ses yeux blessés. Madame Kim et Monsieur Park s'inquiètent aussi. Je le vois dans leurs prunelles. Je me sens pathétique de leur provoquer tant de soucis.

Je dois me faire à l'idée de ne plus jamais recevoir la moindre de tes lettres. C'était inévitable. Notre relation n'aurait pas pu durer sur la longueur. Ça aurait été trop compliqué pour nous deux. Nous nous serions détruits. Nous nous serions haïs. Dans un sens, je suis heureux que tout se termine alors que nous nous aimons. C'est douloureux ; tellement douloureux que je souhaiterais avoir un trou à la place du cœur pour ne plus ressentir ce pincement ; mais je ne suis pas amer.

J'ai aimé échanger avec toi, Huening Kai.

J'ai aimé chaque seconde de nos échanges.

J'ai aimé plonger à pieds joints dans ton monde et te partager le mien.

J'ai aimé que tu ne sois pas un abominable tueur en série.

Nos lettres s'arrêtent là. Je suis rongé par la tristesse pour le moment. La douleur finira bien par s'estomper avec le temps et il ne restera que les bons souvenirs. Une partie de moi continuera à t'aimer aussi longtemps que tu resteras dans ma mémoire.

Je te souhaite tout le bonheur du monde, Huening Kai. J'espère que tu deviendras la personne que tu as toujours voulu être.

N'oublie jamais que je t'aime.



20 août

Boîte aux lettres bleue de Séoul


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


l'histoire arrive sur sa fin et celle-ci n'est pas vraiment une happy end. je vous parlerai de tout ça la prochaine fois. j'espère que cette lettre vous a plu.

on se retrouve dans deux semaines pour la dernière lettre et les remerciements !

letterbox romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant