new start

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Ce matin, elle prend l'avion en espérant ne jamais revenir dans cette ville où trop de choses, dont elle aimerait être capable d'oublier, se sont déroulées ces 5 dernières années.
Direction San Diego pour vivre dans un appartement de luxe payé par son oncle, enfin possédé par son oncle.
Elle va rejoindre la seule famille qu'il lui reste, car son père et sa mère sont morts. Louisa entre dans cet appartement, désormais le sien, situé en face de la mer de San Diego.
Il fait froid pour un mois d'août, ou bien est-ce juste son stress qui lui donne cette impression ?
En tout cas, elle ne rêve pas, car tout est là, enfin le peu d'affaires qu'elle a emportées.
Il est 23h36, elle se pose dans le lit que sa tante lui a acheté pour meubler son appartement, sa tante, sa seule famille à présent, avec son oncle. Elle s'endort malgré elle, dans le lit sans draps et encore habillée de ses vêtements du voyage, et ses chaussures encore aux pieds.
La ville est encore lumineuse, mais elle n'a plus de force après les 9h de vol aujourd'hui.

Il est 3h quand elle est réveillée par un bruit de gouttes d'eau venant de la cuisine.
Elle se lève, constatant qu'elle est dans la même tenue que celle dans laquelle elle est arrivée et qu'elle a dormi dans son lit sans drap ni couette.
Elle arrive dans la cuisine, située à l'entrée de son appartement, et comprend en allumant la lumière que le bruit qui l'a réveillée vient d'en dessous du lavabo.
Elle se baisse, une fuite, elle a une fuite d'eau. Elle n'y connaît rien aux fuites, enfin si, mais pas ce genre de fuite.
Elle attrape son téléphone pour appeler un plombier mais se ravise, constatant qu'il est maintenant 3h du matin. Mais maintenant elle se souvient, elle a vu rentrer un jeune homme, peut-être un peu plus vieux qu'elle, dans l'appartement d'en face, avec un peu de chance il ne dort pas encore.
Alors elle prend son courage à deux mains et sonne. Elle attend comme ça 2 minutes dans le hall à peine éclairé. Elle habite au dernier étage d'un immense immeuble qui appartient à son oncle.
Elle tente une deuxième fois de sonner quand un homme brun aux yeux verts lui ouvre la porte et engage une conversation.

- Ma belle, il est 3h du matin et je ne sais pas pourquoi tu ne dors pas, mais ça ne m'intéresse sûrement pas plus que ma partie qui m'attend.

-J'ai une fuite d'eau.

Elle se dit tout d'un coup que pour une première, elle aurait pu faire mieux, comme commencer par se présenter, mais bon, elle allait droit au but, c'est comme ça avec Louisa.

- Ha, tu veux qu'on énumère chacun notre tour ce qu'on a ? D'accord, j'ai très envie de fermer la porte et d'aller jouer. À toi ?
- Je me disais que tu pouvais regarder où...

Elle fut surprise en voyant la porte devant elle se refermer si vite que de la peinture s'effrita, sympa comme voisin, pensa-t-elle ironiquement.
Elle conclut que son voisin était un connard fini qui vivait sûrement que la nuit et qu'elle appellerait un plombier demain matin.
Elle entra dans son appartement qu'elle n'avait même pas fermé et décida de placer un sceau sous l'évier puis de déplacer son lit vers la chambre la plus grande, car oui, il y en avait deux.
Elle y mit des draps, des oreillers et une couverture. Son téléphone affichait qu'il était maintenant 3h24, elle attrapa le jogging posé sur sa grande valise et s'endormit dans des draps confortables mais poussiéreux trouvés dans son nouveau dressing immense.
Elle programme alors un réveil à 13h ne sachant pas si ses cauchemars qui durent depuis maintenant 5 ans allaient la laisser dormir, si son souvenir allait la laisser dormir rien que quelques heures, heures qui selon elle ne méritent pas, mais elle a besoin de dormir pour vivre, car la mort serait une solution trop facile.

Le lendemain, elle fut réveillée par les rayons du soleil avant que son réveil sonne. Elle ouvre son téléphone et remarque qu'il est déjà 12h38, elle désactive alors son réveil et constate que sa tante l'a déjà appelée 3 fois depuis 8h17.
Louisa rappelle tout en sachant que sa tante va vouloir la voir au plus vite alors qu'elle vient d'arriver. Sa tante habite dans le quartier de La Jolla. Ça sonne.

- Allo ma Loulou ?

Elle hésite.

- Allo tía !
- Ha, Louisa, je pense que tu avais un problème avec internet parce que je t'ai appelée ce matin mais personne ne décrochait. Tout va bien ?

La vérité est qu'elle dormait comme un loir, mais elle ne lui dira pas.

- Oui, tout va bien tía. Je suis arrivée hier soir, j'ai placé mon lit et j'allais aller faire quelques courses.
- Tu as perdu la tête ma chérie ? Pas besoin, j'ai déjà rempli tous tes placards, tu ne l'as pas remarqué ? Tu as bien dû manger quelque chose hier soir après ce fatigant voyage, ma Loulou, n'est-ce pas ?

C'est vrai, elle n'avait rien mangé depuis bien plus de 24h, mais elle ne veut surtout pas ajouter un poids à sa tante ou entendre une morale sur le fait qu'il faut manger pour vivre.
Elle le sait, mais sait-elle si elle a envie de vivre ?

- Tu n'aurais pas dû, merci beaucoup. Oui, bien sûr que j'ai vu, mais j'ai besoin de shampoing et de soins pour le visage. Ment-elle.

Un coup à la porte retentit, mais n'en étant pas sûre, elle reprend la conversation qu'elle a avec sa tante. Elle a pensé à parler de la fuite, mais ça inquiéterait sa tante plus qu'autre chose, alors elle se ravise.
Un deuxième coup, maintenant elle en est sûre.
Elle a une bonne raison d'écourter cet appel, même si elle est et sera infiniment reconnaissante de tout ce que sa tante et son oncle font pour elle.

- Tía, merci pour tout, mais il faut que je te laisse, on frappe à la porte.

Elle se rend compte de l'erreur qu'elle avait faite en donnant la vraie raison de la fin de cet appel, se prépare à recevoir une centaine de questions sur qui pourrait être cette personne. Et cela ne rata pas.

- Ha bon ? Qui est-ce ? Un garçon ? Tu t'es déjà faite des amis ? Mais c'est génial, mais oui, maintenant que j'y pense, ton oncle m'a dit que tes voisins étaient des petits jeunes comme toi, est-ce un des deux, ou peut-être les deux pour te souhaiter la bienvenue ? Bien que ton oncle ait souligné le fait qu'il n'y en avait qu'un seul qui y habitait vraiment à temps plein.
- Je ne sais pas, tía, non, je ne les ai pas encore rencontrés, puis elle se rappelle de son interaction avec un de ses deux nouveaux voisins, elle espère maintenant que l'autre soit celui qui est là à temps plein, car la première impression de celui qu'elle avait rencontré cette nuit n'était pas celle qu'elle aurait souhaitée, ce qui lui fit rappeler qu'elle devait appeler un plombier.

- Alors, tu me rappelles, hein ?
- Bien sûr dès que possible.

Puis elle raccroche et se rappelle de la raison.
Elle regarde en direction de la porte et se demande si elle a envie de voir qui que ce soit.
Devant la porte, elle hésite, mais elle ouvre enfin.
Au début, elle croit rêver, mais il est bien là devant elle avec une tête d'agacé, comme si c'était elle qui l'avait obligé à venir devant sa porte.
Son voisin, son ingrat de voisin, se trouve devant sa porte avec une boîte à outils dans les mains.
Il la regarde de haut en bas et elle se sent mal à l'aise, premièrement sous son regard, alors que plus tard elle fera bien des choses pour le mériter, ce regard.

- Alors, elle est où cette fuite ?

The neighborOù les histoires vivent. Découvrez maintenant