Lies

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« Nouvelle notification Uber Eats » qui résonnait dans l'appartement de Liam.
Il était maintenant 18h30, mais il n'avait pas mangé depuis beaucoup trop longtemps pour s'en souvenir. Il avait commandé un plat de pâtes bolognaises qui aurait sûrement été raté s'il les avait préparées lui-même. Cependant, un problème se dressait entre lui et son prochain repas : l'ascenseur.
Il fallait descendre et remonter cet ascenseur d'une longueur insoutenable, mais sa faim était trop intense pour abandonner. Alors, il se dirigea vers l'ascenseur qui, à sa grande surprise, était déjà là, bien que l'immeuble comporte 17 étages et qu'il se trouve au 17ème de celui-ci.
Il appuya sur le bouton pour l'ouvrir quand il manqua de crier de peur et de surprise.
Elle était là, en pleine crise d'angoisse et semblait côtoyer l'effroi en personne de très près. Recroquevillée contre elle-même, elle se balançait d'avant en arrière. Perdu, il attrapa son fragile corps et le posa dans le couloir. Il s'assit à ses côtés, son prénom lui revint en mémoire.

- Louisa, Louisa, c'est moi, c'est Liam. Écoute ma voix, calme-toi, je t'en supplie. Parle-moi, je suis là, il faut que tu respires. Il s'adressait à elle comme s'ils se connaissaient depuis une éternité, se dire que son repère dans cette situation c'est lui lui donna un haut-le-cœur, elle est si seule.

Il ignorait combien de temps elle était coincée dans l'ascenseur, mais s'il avait bien déduit, elle aurait dû le croiser lorsqu'il était sorti vers 16h si c'était ça la cause de son mal-être. Cela faisait maintenant deux heures qu'elle n'arrivait pas à se calmer et cette conclusion lui glaça le sang.

- Louisa, écoute-moi, respire comme moi. Inspire, puis expire.

Elle essayait en vain de respirer, mais la peur, l'anxiété, la tristesse et la culpabilité l'envahissaient simultanément, prenant possession de son corps. Agrippant son bras comme pour demander de l'aide, il savait qu'il était là où il devait être, qu'elle avait besoin de lui.

- C'est bien, continue comme ça. Ce n'était pas le cas, la situation ne s'arrange pas et la panique s'installe peu à peu dans son esprit, mais il ne faut pas qu'elle le remarque alors il essaye en vain encore une fois de la soutenir.
Comment peut-on avoir autant peur de quelqu'un?
Il aurait été surpris de voir à quelle vitesse il allait le savoir si on lui avait dit à l'instant présent.

Un quart d'heure plus tard, il l'aidait enfin à se relever. Une fois chez elle, il se rappela qu'il avait un repas à aller chercher ; avec un peu de chance, le livreur l'aurai attendu.
Par miracle, le livreur l'avait effectivement attendu. Récupérant son plat, il remonta dans l'ascenseur maudit qui n'était toujours pas plus rapide que lorsqu'il l'avait descendu juste avant.
Bien qu'il ait voulu rentrer chez lui, l'envie de la voir, de la protéger, était plus forte. Voulant s'assurer de son bien-être constant, il toqua.
Elle arriva rapidement, comme si elle aussi espérait son retour.
Les larmes coulaient, encore. Son mascara avait coulé, encore pourtant il avait entendu parler de ceux qui résistent à l'eau, cette remarque le fit rire nerveusement. Cette fois-ci était différente.
Elle le prit dans ses bras, et les sanglots reprirent.
Il se sentit comme un enfant avec de la porcelaine dans les mains.

- Je suis désolée, répétait-elle entre deux sanglots.
- Pourquoi ?
- Je ne comprends pas pourquoi tu t'intéresses à moi alors que tu ne sais pas qui je suis vraiment.
Une panique s'empara de lui ; il ne pouvait pas s'intéresser à elle. Cependant, elle avait raison, il ne savait pas pourquoi non plus.
- J'ai à manger, lui dit-elle en levant son sac avec la marque du service de livraison de fast-food jusqu'à sa tête avec un sourire qui se voulait rassurant mais qui, il le savait, ne l'était pas.

Elle le regarda, mais rien ne se passa, ses yeux étaient vides. La dernière chose qu'elle avait mangée était trois bouchées de pâtes la nuit dernière. Rien qu'en la voyant, il devinait qu'elle était en sous-poids.
Elle prit le sac de nourriture et le posa sur la table, il avait faim mais ça lui fit plaisir qu'elle mange d'elle-même.

- Il n'y a qu'une seule boîte, mais tu peux manger. Il lui dit cela comme si elle n'était pas en train de le faire sans qu'il ne lui donne l'autorisation, son jeune se rallonge mais le fait qu'elle mange est plus important.
- Merci, merci beaucoup.

Alors qu'elle avait presque terminé son bol de pâtes, on frappa à la porte. Cependant, la personne qui avait frappé n'attendit pas qu'on lui ouvre ; elle entra. Louisa effrayée se cacha instinctivement derrière Liam qui semblait surpris de la situation, il se demandait à quoi elle pensait en se cachant derrière lui comme si il pouvait la protéger en général et encore moins face à Aiden, enfin si cela avait été lui.
Elle se sentit bête quand elle réalisa que c'était sa tante, qui l'avait pourtant prévenue de sa visite plus tôt dans la journée.
Un sourire apparut sur le visage de Louisa, mais Liam vit bien que c'était faux, qu'il était là pour la rassurer, ce sourire qu'elle affiche à sa tante, ce sourire faux elle ne prétend pas l'avoir avec lui, avec lui elle ne fait pas semblant elle est elle. Mais pourquoi ?
Est-ce qu'elle sent comme lui cette connexion inexplicable ?

- Ma chérie !! Dans mes bras !! Alors, comment ça va ? Tu es bien installée ?! Sa tante a l'air d'une petite femme pleine de joie de vivre qui sourit toute la journée et ce-ci est contagieux car sans s'en rendre compte Liam la regarde en souriant sincèrement.

Une fois toutes les questions posées, elle posa les yeux sur le jeune homme dans l'appartement de sa nièce, qu'elle n'avait jamais vu, mais elle n'y prêta pas immédiatement attention, elle regarda simplement Louisa avec un sourire malicieux qui voulait tout dire, Liam comprit qu'il y avait un quiproquo mais il n'avait pas forcément envie de démentir pour l'instant.

- Ma chérie, je t'ai fait des courses, et un très gentil garçon m'a proposé son aide. Il habite dans l'appartement en face du tien, tu le connais peut-être.

Ils comprirent tous deux en même temps que c'était lui qui avait proposé d'aider sa tante à monter les courses.

- Je vais aller l'aider, c'est mon colocataire. Bonjour, madame, je m'appelle Liam, je suis l'ami de votre... enfin ?
Il ne savait pas qui était cette femme pour elle.

- De ma nièce. Bonjour à toi, je suis contente qu'elle se fasse des amis.
Elle parut froide d'un seul coup et il fut déçu d'avoir pensé qu'elle n'était que joie et rire.

Il sortit de l'appartement.

- Tía, c'est gentil, mais il me reste tout ce que tu as acheté.
- Tu ne manges pas ? Dit-elle étonnée.
- Si, bien sûr que si, mais tu as beaucoup trop acheté pour moi.
Le premier mensonge, elle n'a pas mangé une seule chose qui sortait de ses placards ou qui avait été payée par sa tante.

- Qui est ce jeune homme qui était dans ton appartement il y a 5 minutes ?
- C'est mon voisin et mon nouvel... mon nouvel ami. Elle se surprit elle-même à dire que Liam était son ami, à vrai dire il n'y avait pas vraiment de mot sur leur relation puisqu'il n'y a pas vraiment de relation quelconque.
- Ton ami, bien sûr !
- Tía ! Louisa était surprise de voir que sa tante pensait qu'elle aurait déjà pu trouver un petit ami alors qu'elle était là depuis moins d'une semaine et qu'elle n'était vraiment pas douée pour les relations humaines depuis quelques années...
- Et comment as-tu rencontré ton « ami » ? Elle continue de ne pas la prendre au sérieux en abusant de sa prononciation du mot ami.
- J'avais une fuite, et il est venu me la réparer.
- Hum, intéressant... Dit-elle au bord de la crise de rire comme si ce que disait sa nièce était improbable.
- Ce gars ne m'intéresse pas de toute façon. À vrai dire, elle n'y a jamais pensé.
- Ma chérie, tu as le droit de tomber amoureuse. Es-tu sûre que ça va en ce moment ?
- Oui, je vais très bien, c'est juste que ça ne m'intéresse pas et que cela est beaucoup trop.
- Et son colocataire, tu l'as rencontré ?
- Non, je ne l'ai jamais vu. Je pense qu'il était en vacances.

Le deuxième mensonge. Rien que de parler de lui lui donnait le tournis.
Liam entra avec un sac de provisions et un paquet d'eau, il le suivait.

- Merci, mon garçon, comment t'appelles-tu ?
- Aiden. Je m'appelle Aiden.
- Aiden, Aiden, ça me dit quelque chose, tu n'avais pas un ami qui s'appelait comme ça, Louisa?

The neighborOù les histoires vivent. Découvrez maintenant