come get me

51 2 0
                                    

                                                                                          Aiden
Cela faisait maintenant plus d'une demi-heure que je répondais à des dizaines de séries de questions du shérif, mais je n'avais que Louisa dans la tête et je n'arrivais pas à me concentrer sur ses putains de questions et ce connard de flic me faisait tourner en rond.

- Aiden, tu m'écoutes ? Est-ce qu'il avait des ennemis ?
Qui n'en a pas, j'ai envie de répondre.
- Non, pas à ma connaissance. A part l'homme au couteau mais ça je me garde bien de lui dire puisque ça m'implique moi aussi et si c'est ce fils de pute qui l'a tué c'est moi qui lui réglera son compte. Œil pour œil dent pour dent, de toute façon je n'ai plus à rien à perdre sur terre à part mes parents qui sont à l'autre bout de la terre.
D'un côté, je disais la vérité, quand je voyais Stan, ce n'était pas pour lui acheter de la drogue, mais pour échapper à cette vie de merde, pour rigoler en buvant quelques bières.

- Aiden, si tu ne coopères pas avec nous, tu ne pourras pas venger ton ami en mettant en prison ses assassins.

Je ne rêve pas, il me fait du chantage, ce connard. Je n'arrive plus à respirer, je vais faire une crise d'angoisse. Mais je n'ai pas rêvé il a bien dit « ses »?
Cela faisait longtemps que je n'en faisais plus. Mes oreilles bourdonnent quand le shérif se remet à me parler.

- On a fini pour aujourd'hui, Aiden. Est-ce que quelqu'un peut venir te chercher?

Bah oui, qu'est-ce que je croyais, ce connard ne ferait pas le retour. C'était à au moins 20 kilomètres de chez moi.
Bon, je réfléchissais, mais mon entourage ne se résume qu'à Stan, Liam et mes parents qui habitent à New York.
Il ne me reste plus qu'à appeler Liam qui va sûrement refuser mais bon je me dis que sur un malentendu ça peut marcher, qu'est ce que je peux être con parfois

Liam

Il était au moins 00h quand la lueur du téléphone de Liam s'éclaire et vibre dans sa poche alors qu'il était sur le point d'embrasser la mannequin avec qui il avait commencé la soirée.
Il s'excuse et attrape son téléphone en repoussant Myla d'une main.
Voyant la silhouette d'Aiden se dessiner sur son écran avec son nom écrit en gros, il décide de sortir de la soirée pour être plus au calme.

- Ouais?
- Mec, je suis au commissariat, tu pourrais venir me chercher? Je t'expliquerai plus tard.
- Tu m'expliqueras plus tard? C'est une blague? Donc non mec, je ne peux pas venir te chercher au commissariat parce que tu vois, moi j'ai une vie à côté de toi et le fait de vivre ensemble ne fait pas de nous des amis. Je veux que tu arrêtes de compter sur moi pour tout et n'importe quoi. Bonne soirée.

                                          Aiden
Je savais que je le méritais. Il vient de me raccrocher au nez.
Je suis maintenant bloqué ici jusqu'à ce que je trouve un moyen de rentrer, et soudain une idée me vint, mais c'était de la folie.
Pendant une fraction de seconde, j'ai envie d'envoyer un message à Louisa, sans savoir si elle avait le permis ou non.
J'en ai vraiment envie, j'ai besoin de dire, "J'en ai besoin". Je n'ai plus le contrôle de mon corps, et je commence à écrire à cette personne à qui je n'ai plus parlé depuis plus de 5 ans.

Louisa
Elle était tétanisée depuis plusieurs heures maintenant, depuis qu'elle avait croisé son regard en ouvrant sa porte. Maintenant, il sait qu'elle est celle qu'il pense, elle a confirmé ses doutes. Toujours assise sur le sol de sa salle de bain, elle réfléchit, les larmes ont cessé de couler sur son visage maintenant couvert de taches noires.

"Notification iMessage" Aiden dit: Je sais. Viens me chercher, s'il te plaît.

Ce message était suivi d'un partage de localisation. Elle n'avait pas le permis, mais elle avait une trottinette électrique.
Non, cela est impensable. Plus de 20 kilomètres en trottinette, c'est énorme, bien qu'elle soit chargée à fond, à deux en plus.
Mais elle n'a pas d'autre choix, elle lui doit bien ça, et encore plus, elle lui doit une vie.
Alors elle attrape son sac, téléphone dans la poche, pull sur le dos, enfile ses chaussures.
Elle sort et pense cette fois à fermer sa porte.
Elle prend les escaliers, convaincue qu'elle ira plus vite que dans l'ascenseur, et regrette quand elle se rappelle qu'elle a 17 étages à descendre.
Quelle ironie de se dire qu'hier elle aurait tout fait pour ne jamais le recroiser, alors que maintenant il devient ce qu'elle désire le plus.
Elle n'en a pas le droit, et elle le sait, mais elle ne peut plus s'en empêcher.
En arrivant en bas, essoufflée, elle sort et se prend une vague d'air très chaud qui ne fait que rappeler que c'est l'été à San Diego.
Une fois son antivol retiré, elle enfourne sa trottinette d'une main et attrape son téléphone de l'autre pour avoir le bon itinéraire.
20 minutes plus tard, elle arrive à l'endroit partagé par Aiden.

                                     Aiden
Elle est là, je la vois. Enfin.
Elle n'est pas dans une voiture, elle est dans, comment dire? Une trottinette? J'ai limite envie de rire. Alors elle n'a pas passé le permis? Ce n'est pas étonnant après tout.
J'ai envie de lui poser tellement de questions.
Elle me rappelle ma sœur, j'ai des souvenirs de nous trois soudain à la fête foraine, ses longs cheveux noirs qui volaient au vent, ses yeux si verts que personne ne pouvait leur dire non, et son sourire, son magnifique sourire.
Elle descend, mais elle hésite et je le vois.
Pourquoi a-t-elle si peur de moi?
J'ai l'impression que faire usage de la parole à ce moment pourrait la briser en mille morceaux. Je ne dis rien, elle s'avance.
Je ne suis plus qu'à un putain de mètre d'elle, elle me regarde avec peur, elle est tétanisée par moi.
Je déteste la voir craintive. Je veux qu'elle me veuille parce que je la veux. Je sens les larmes couler.
Et ma parole dépasse mes pensées.

- Louisa, prends-moi dans tes bras, je t'en supplie.

Je pleure comme un enfant.
J'ai l'impression qu'elle ne comprend pas pourquoi je lui demande une chose pareille, comme si je lui avais demandé de sauter d'un pont.
Mais au final, elle le fait et se met à son tour.

                                    Louisa
Elle est en train de vivre quelque chose qui, pour elle, était inimaginable il y a 3 heures.
Pourquoi fait il cela?
Pourquoi la réconforte t il?
Elle qui lui a tout pris. Elle ne comprend pas et choisit d'être égoïste juste ce soir, car elle a besoin de lui.
Il répète : pardon, excuse-moi, je suis désolé de t'avoir abandonnée, si tu savais comme je m'en veux. Elle comprend que quelque chose ne va pas.
Elle ouvre son téléphone dans le dos d'Aiden et vérifie ce qu'elle craint ; le dernier message qu'elle a envoyé à Aiden il y a de ça 5 ans est marqué comme « non envoyé ».

The neighborOù les histoires vivent. Découvrez maintenant