the shower

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Le visage de Liam était passé de l'amusement à l'incompréhension, mais le visage de la présumée Louisa avait tout de suite compris qu'il devait faire comme si de rien n'était.

- Oui, j'ai changé d'avis. Je peux ? Elle avait presque les larmes aux yeux devant le visage de Liam qui s'efforçait de rester serein alors que mille questions se bousculaient dans sa tête, à commencer par qui était cette inconnue dans son appartement ? Elle tremblait.
- Oui, viens, je vais te donner des serviettes.

Aiden, qui ne semblait pas faire attention à leur comportement étrange bien qu'il se soit attardé une seconde de trop, s'assit sur le canapé et alluma une application pour acheter à manger.

Tout cela semblait irréel pour elle, elle se pinçait pour être sûre qu'elle n'était pas bloquée dans un de ses cauchemars, mais la marque rouge qui se révélait sur son avant-bras lui prouvait bien le contraire.

Elle n'avait pas la force de parler, alors elle le suivit sans rien dire, ne sachant pas si elle le faisait en âme et conscience ou si elle était juste programmée pour faire abstraction du reste.

Elle prit les serviettes et s'enferma dans la salle de bain sans le remercier, ni qu'il ait le temps de lui poser une des mille questions qu'il avait en tête.
La même salle de bain qu'elle en inversé, en croisant son reflet dans le miroir, elle remarqua automatiquement son teint aussi blanc que la neige. Non, ce n'était pas possible.
Elle a rêvé. Son prénom résonne dans sa tête depuis les dix minutes qui se sont écoulées.
La douche. À cause de cette foutue fuite, elle se retrouve dans le même appartement que lui.
Quelle était la chance pour qu'il soit là au même moment qu'elle ? Sûrement très infime mais pas inexistante.

Elle entre alors dans la douche une fois avoir retiré vite ses vêtements, allume l'eau, brûlante.
Sa peau lui fait bien comprendre qu'elle a mal, mais cela ne fait qu'aggraver la chose puisqu'elle tourne encore plus la poignée de la douche.
Plus l'eau se réchauffe, plus sa peau rougit. Une fois que cela n'était plus supportable, elle arrêta la douche et sortit de celle-ci.
En attrapant la serviette que Liam lui avait donnée, elle remarqua à quel point sa douche était chaude. Elle s'enroula autour de la serviette et manqua de lâcher son téléphone qui glissait à cause de l'humidité qui s'était invitée sur l'écran.
Maintenant qu'elle est sèche et qu'elle a revêtu les vêtements qu'elle avait emportés au préalable, elle se préparait à sortir, mais le temps d'un instant, elle avait oublié qu'il était là, dans la pièce, derrière cette porte qui se tient grande et imposante et qui semble de plus en plus difficile à pousser.
Sa respiration était saccadée, maintenant elle peinait à reprendre son souffle avec autant de chaleur dans une salle de bain, malgré le fait qu'elle soit plutôt spacieuse pour un appartement.
Elle fermait de plus en plus les yeux, elle allait faire un malaise.
Elle ne pouvait pas demander de l'aide, elle en était incapable dans l'état dans lequel elle se trouve.
Puis tout devient noir, tout devient calme, sa peau ne la brûle plus, ses problèmes ne sont plus les siens, elle est avec ses parents, dans la voiture juste avant le drame, tous les passagers perdent la vie sous ses yeux, tous sauf elle.
Elle se réveille en sursaut, elle est allongée dans la salle de bain de Liam, elle essaie de mettre de l'ordre dans sa tête, mais la migraine qu'elle a maintenant à cause de son malaise lui empêche de retrouver tous les éléments de pourquoi elle est là.
À chaque fois qu'elle en fait un, elle revit ce moment, toujours celui-là, la mort de ses parents et de sa meilleure amie.
Parfois, elle aimerait mourir avec eux. À quoi bon la vie sans eux ? Sa vie se résume à des crises d'angoisses, des malaises, des cauchemars, et à chaque fois elle se réveille.
Au début, elle a voulu se donner la mort plusieurs fois et se serait mentir de dire qu'elle n'y pense pas encore à certains moments, mais elle avait conclu que mourir serait une trop facile excuse.
Une fois qu'elle reprend à peu près la situation en main, elle se relève avec une douleur dans le crâne et ne peut s'empêcher de s'appuyer sur la double vasque, puis vacille et faillit manquer de peu les toilettes.
Elle vomit, elle n'a rien mangé depuis très longtemps, c'était de la bile qu'elle vomissait.
Elle prie pour que personne ne l'ait entendue vomir. Elle est tellement mal, elle transpirait, elle le sent à cause d'une goutte de sueur qui coule le long de son front, puis dans les toilettes. Où était-ce des pleurs ? Il y avait sûrement des deux. Elle n'aime pas pleurer, pleurer ne ramène pas les morts, pleurer n'empêche pas les cauchemars, pleurer n'enlève pas les malaises, pleurer ne sert à rien quand le mal est fait.

Elle ne sait pas combien de temps elle avait passé dans cette pièce, elle tire la chasse d'eau et se relève, en croisant une nouvelle fois son visage dans le miroir, il était livide. Elle se retourne et fait face à la porte qui semble encore être son ennemie.

Elle était bloquée, son cerveau lui interdisait de toucher la poignée. Il était maintenant 21h45. Elle était paralysée par toutes ces questions qu'elle était venue fuir ici. Ici, elle voulait oublier les dernières années de sa vie, mais lui en avait décidé autrement.

22h, elle fait les cent pas. Des pas s'approchent. Ils stagnent devant la porte. Non, elle va ressombrer. - Tu peux sortir. Ce n'est pas sa voix, c'est celle de Liam, pour une fois, elle était heureuse de l'entendre.

- J'ignore pourquoi, et je ne pense pas que c'est ce soir que tu me le diras, mais aid... heu, il est parti, donc tu peux sortir.

Des larmes coulent comme si il lui avait sauvé la vie. Elle hésite, elle passe sa vie à hésiter, elle le sait. Mais elle a envie de lui faire confiance.
Elle ne sait pas s'il l'a reconnue, et elle espère de toutes ses forces que non.
S'il se souvient d'elle, il se souvient de son secret. Elle entrouvre.
Liam est là, elle avait presque oublié qu'il était là. Elle ne pense qu'à lui.

- Tu as besoin de quelque chose ?

Pourquoi devenait-il si gentil tout à coup, depuis combien de temps était-il derrière la porte ? Est-ce de la pitié ou de la gentillesse pure ? Elle déteste ça, la pitié, elle interdit qui que ce soit d'en avoir pour elle parce que c'est elle la méchante de l'histoire, elle ne mérite aucune forme de pitié, l'accepter serait lâche.

Elle le sent. Il ne comprend pas et ne sait pas comment évoquer le sujet. Elle n'a pas envie qu'il le fasse, et il le comprend. S'il pensait qu'elle était folle, qu'est-ce qu'il se dit maintenant ? Évidemment, elle n'a pas le temps d'y réfléchir. Alors elle fait semblant d'aller bien, mais elle et lui maintenant sont liés par cette question. Elle sort en le regardant. - Je suis désolée. C'est tout ce qui sortira de sa bouche, puis elle part.

Elle ouvre son « chez elle » qu'elle n'avait toujours pas fermé.
Elle ne sait pas quoi faire, elle se sent perdue, enfin cela fait cinq ans qu'elle se sent perdue.
Une fois dans son lit, une envie de vomir la prend quand elle se rappelle qu'elle n'a toujours rien mangé.
Vite, elle court, se penche et vomit du sang et de la bile, il faut vraiment qu'elle mange quelque chose même si elle le vomit directement.
Elle ne peut même pas se laver le visage, elle passe une lingette dessus. Elle a pensé à déballer ses cartons, mais maintenant qu'elle sait qu'elle a comme voisin son plus grand cauchemar, elle a envie de disparaître pour toujours, mais son téléphone en a décidé autrement.
C'est cette notification Instagram qui l'a sortie de ses pensées. Liam_dct91911 a demandé à vous suivre.

The neighborOù les histoires vivent. Découvrez maintenant