Chapitre 9: Les foudres du jugement (Partie 2)

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Thirteen projeta alors un grand nombre de lames dans tous les sens en tournant autour de Snipe qui essayait de le toucher. Ils furent alors enfermés dans une véritable cage de fils qui entailleraient quiconque serait pris dedans.

– Avec ça, ta mobilité est réduite, alors cesse donc de te débattre, c'est peine perdu, Ren !

– Ça, seul le combat pourra le dire !

Ils restèrent là à se dévisager en silence, évaluant la distance les séparant, le vent, la respiration de l'autre...

Puis, avant qu'un quelconque spectateur puisse déceler un changement dans leur attitude, ils se ruèrent l'un vers l'autre dans un déluge de lames lancées et de coups de feus. Une dague atteignit soudain Snipe à l'épaule qui perdit un instant sa concentration. Thirteen profita de l'ouverture pour se lancer dans un échange de coups en combat rapproché.

Lacéré de toute part, Snipe commença à s'affaiblir, faisant que Thirteen parvint à le plaquer au sol, désarmé, une lame plaquée contre sa gorge.

– Il me semble que rien n'a changé depuis l'époque où on s'entraînait ensemble... Tes amis auraient dû t'empêcher de m'affronter seul.

– Oh, mais ils ont essayé ! Ils avaient bien vu que tu étais plus fort que moi, Dark a eu du mal à accepter notre combat singulier !

– Et pourtant, ils t'ont laissé derrière pour te faire massacrer ! Auraient-ils décidé que tu leur...

Une détonation retentit, coupant la parole à Thirteen. Rien n'arriva pendant quelques secondes, avant que ce dernier ne s'effondre. Snipe le dégagea et se releva en grimaçant.

– S'ils ont accepté de me laisser te combattre, c'est simplement parce que même Dark n'avait pas remarqué l'arme cachée dans mon œil... expliqua le tireur en frottant sa prothèse oculaire fumante.

Il se tourna alors vers le palais judiciaire à travers la barrière de fils et soupira.

– Bon, maintenant, faut que je trouve un moyen de les rejoindre, car c'est loin d'être terminé...

***

En plein cœur de l'édifice, un autre combat bien plus violent commençait. Si le premier opposait un humain et un elfe noir, celui ci se plaçait à un tout autre niveau avec des guerriers divins. Dans cet affrontement, une partie du palais avait déjà été détruit, ravagé par la violence qui s'était déchaînée sans retenue. Les humains qui parcouraient l'endroit évitèrent la zone de combat, non pas parce que le conflit les dépassait en tout point, mais parce que l'opposition de deux auras divines dissuadait tout être de prendre le risque de croiser leur chemin.

Au centre des décombres, Athéna et Osiris se battaient de toutes leurs forces, sachant que le résultat de ce combat déciderait en partie du vainqueur dans cette guerre.

– Je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu aides ces vermines d'humains, ils n'ont jamais rien fait pour nous ! tempêta Osiris. Ils passent leur temps à nous supplier pitoyablement de les aider, sans jamais rien faire en retour pour nous ! De toute façon, que pourraient-ils faire que nous ne pouvons pas nous même ?

– Et pour toi, ça signifie qu'ils doivent tous mourir ? s'indigna la déesse. Tu es un des gardiens de l'autre monde, tu es supposé juger les gens qui meurent pour qu'ils payent pour leurs crimes ! S'ils te répugnent, pourquoi ne pas te servir de ta position pour les changer ?

– Que crois-tu que j'ai tenté de faire pendant des millénaires ? demanda-t-il en lui lançant en regard rempli de mépris. Tu penses que j'ai passé tout ce temps à me tourner les pouces ? J'ai tout tenté pour faire en sorte que les choses changent ! Tout ! Mais ces misérables n'écoutent plus les avertissements ! Ils se moquent éperdument de ce qui les attends après la mort ! Pire, je ne peux juger que la culpabilité que les gens ressentent, et les mortels n'ont de cesse de s'immuniser toujours plus face à ce sentiment ! Ils n'ont aucun regret pour les horreurs qu'ils commettent ! Je me suis trop longtemps fourvoyé dans une voie sans issue ! C'est pourquoi j'ai décidé d'attaquer le problème à la source en devenant juge ! S'ils voyaient l'incarnation de la justice châtier ceux qui enfreignent la loi, alors les choses commenceraient enfin à changer, pensais-je. À tort ! Ces imbéciles ne comprennent jamais rien, même si on épelle tout les mots de plus de cinq lettres pour leurs cerveaux dégonflés par l'inaction ! Les anciens égyptiens faisaient bien de le retirer au moment de l'embaumement, il ne leur aurait été qu'une gêne dans l'autre monde !

– Et à cause de ça, tu as l'intention de tous les massacrer ? Dans de telles conditions, en quoi es-tu si différent d'eux ? Ne ressens tu pas de culpabilité pour les innocents que tu as l'intention d'assassiner ?

Innocents ? Assassiner ? répéta Osiris avant d'éclater de rire. Ces termes ne peuvent s'appliquer qu'aux êtres dotés de raison ! Les mortels ne sont même pas les égaux des bêtes sauvages, car ils sont supposés voir leurs fautes, chercher à les corriger ! Leur refus de se voir tels qu'ils sont me donne envie de dégobiller ! Il n'y a qu'une chose que ces rats savent faire, et c'est mourir ! J'en ai assez d'attendre leur mort pour les juger sans sucés, et encore plus de le faire ici, enchaîné par toutes ces lois absurdes ! Il n'y en a qu'une qui vaille: celle des dieux ! Comment pouvons nous laisser le rôle de juger les humains à ces inconscients ! Ils ne peuvent pas voir leurs propres fautes, comment peuvent ils critiquer celles des autres ?

Athéna grinça des dents, voyant devant elle un miroir de ce qu'elle était, mais en pire. Si Dark et les autres ne l'avaient pas arrêtée, aurait-elle sombré dans le même narcissisme divin qu'Osiris ?

Non... pensa-t-elle. Je pensais déjà comme ça... C'est moi qui a changé, pas lui... Il ne fait qu'accentuer ce que tout les dieux ressentent pour les mortels... Même les plus généreux d'entre nous ne voient en les humains que des êtres incapables d'exister sans qu'on leur tient la main... Comme eux, je refusais de voir qu'ils que nous étions ceux qui dépendaient des mortels, et non l'inverse...

– S'ils n'arrivaient pas à se remettre en question, comment expliques-tu leur soif de justice? s'écria Athé. S'ils ne se souciaient pas des lois, pourquoi les ont-ils créées ? Les humains ne sont pas les êtres que tu imagines ! Pendant un temps, j'ai pensé comme toi, qu'ils ne méritaient pas de vivre, mais je me suis lourdement trompée ! En passant du temps à leurs côtés, je me suis rendue compte que la vraie nature des hommes ne peut pas être estimée, car il est impossible de tout savoir et comprendre d'une personne ! Nous, qui ne cherchons pas à nous comprendre nous même, nous ne...

– Penses-tu vraiment que je vais écouter une criminelle ? la coupa Osiris. Coupable de patricide ?

Elle s'arrêta nette. Osiris profita de ce moment d'inattention pour écarter sa lance de sa lame et la frapper de son poing libre en pleine poitrine. La déesse fut projetée sur plusieurs mètres, mais elle se rattrapa en plein vol et atterrit presque en douceur.

– Tu pensais tout de même pas pouvoir me cacher ça ? Je ressens ta culpabilité, et je m'en sers de passage pour m'engouffrer dans tes pensées ! Il n'y a pas un seul de tes crimes qui m'échappe ! Tu es pour moi un livre ouvert !

– Et tu penses que ça te donnes le droit de me juger ? Tu as l'intention de tuer des milliers de personnes !

– Non, j'ai l'intention d'en tuer des milliards, car tous les humains vont y passer, ainsi que toutes ces autre races qui pullulent et corrompent la paix de ce monde ! De toute façon, peu importe combien je compte en tuer, tu es de loin pire que moi, car c'est l'univers entier que tu menaçais de détruire !

– Je t'interdis de... commença à dire Athé avant que ses jambes ne se dérobent sous elle.

Elle se sentit alors très lourde, incapable du moindre mouvement. Elle resta immobile sur ses genoux, se découvrant soudain couverte de chaînes.

– Tu ne pensais tout de même pas que je t'avais donné un simple coup pour le plaisir ? Je peux à présent te juger pour tous tes crimes, quels qu'ils soient ! Plus la culpabilité d'une personne est importante, plus les chaînes qui la retiennent sont nettes et solides ! Et c'est bien la première fois qu'elles ont l'air réelles sur qui que ce soit !

Il s'approcha d'elle, son épée pointée dans sa direction. Athéna tenta de soulever son bouclier, mais, tout comme son arme, il lui échappa de ses doigts inertes.

– Enfin, c'est normal, personne n'a jamais tenté une telle chose ! De plus, ce n'est pas le crime que tu te reproches le plus, n'est ce pas, Patricide ?

Miracle Maudit - Tome 2 - Nuages noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant