Chapitre 2: Les étincelles d'Athènes (Partie 1)

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– Je vois... C'est peut être la seule solution, en effet, dût reconnaître Mel.

Les mercenaires étaient tous réunis sur le pont du vaisseau et avaient entendu le plan de Sophie. Il était absurde, mais certainement moins que l'idée de faire passer inaperçue une déesse.

-Les gens devront de toute façon sentir une présence étrange, autant qu'ils n'en remarquent pas qu'une ! exposa Sophie.

– C'est vrai qu'il existe plus d'un moyen pour se donner une aura impressionnante... admit Dark. Je pense que je peux faire en sorte qu'Athéna passe relativement inaperçue en nous donnant à tous une aura similaire. Par contre, elle risque d'être reconnue si on voit son visage. Elle a beau s'être absentée pendant des années, elle reste la déesse protectrice de la ville, je doute que...

– Ne t'inquiètes pas, Sophie a trouvé une solution.

N'ayant pas encore vu Athéna bien qu'ils sentaient son aura, l'équipage scruta les environs en entendant sa voix étouffée. Al remarqua alors un amas de vêtements en tout genre.

– Tu penses que tu vas trouver un truc qui fera l'affaire là dedans ?

– J'espère bien, parce que j'ai du mal à respirer... répondit la colline de vêtements.

Ils reculèrent de surprise en entendant la masse de tissus prendre la parole.

– Athé ? s'étonna Lisa. T'es là dedans ? T'as pas trop chaud ?

– Je suis une déesse, la chaleur et le froid ne me posent pas problème. Par contre, je suis à deux doigts d'étouffer...

– T'es sûre qu'elle aura besoin de tout ça ? s'inquiéta Snipe.

– On ne sait jamais avec une déesse.... Et au pire, elle pourra rouler jusqu'au vaisseau si elle se fait repérer, ce sera toujours plus rapide que courir !

– Magnifique... grommela Zac, exaspéré.

– Bon, souffla Mel avec lassitude, jette nous ton sort Dark... Et tenez vous tous à carreau ! On approche du point de contrôle.

***

Au même moment, on s'affairait dans le palais judiciaire.

Le bâtiment était immense, dominant toute la ville. Il était recouvert de gravures imposantes, de gigantesques vitraux éclairant l'intérieur par une magnifique lueur aux milles teintes. Dehors, une centaine de personnes faisaient la queue pour faire des réservations. Il n'y aurait pas de grands procès aujourd'hui, mais certains habitués du tribunal tenaient tout de même à assister aux séances du jour, au cas où une affaire prendrait un tournant intéressant. Les autres habitants se contentèrent de regarder, quand ils en avaient le temps, des bribes de procès par l'intermédiaire d'écrans de vision magiques disposés dans des bars, des restaurants et certains parcs.

Les entrées du palais étaient surveillées par des gardes trolls, des créatures de pierre de grande taille dont la capacité intellectuelle limitée les prédisposait à ce genre de travail. Ce n'était pas tant leur stupidité qui les destinait à ce genre d'emploi, mais le manque d'imagination que cela entraînait, faisant qu'ils étaient durs à duper. La tromperie se base sur le contrôle des gens qui se croient plus intelligents à tort. Ce genre de techniques devenaient alors inefficaces sur des êtres qui ne pensaient pas ainsi et appliqueraient les ordres à la lettre, étant incapables d'improviser.

Dans le palais lui même, un jeune secrétaire frappa à une porte.

– Votre Honneur ? Êtes vous réveillée ?

– Oui, vous pouvez entrer, Sillas.

Il ouvrit la porte avec délicatesse et se faufila à l'intérieur du bureau du juge. Elle avait pour habitude de rester tard pour travailler sur certaines affaires importantes, il n'était donc pas rare qu'elle s'endorme à son bureau. Cependant, ce matin, elle était fraîche comme le vent du matin.

Pas bon signe... pensa Sillas.

Quand elle était de si bonne humeur le matin, c'était parce qu'elle avait l'intention de faire un carnage dans la salle d'audience. Elle qui était d'habitude dans un état d'énervement permanent, ne souriait que rarement. Quand elle le faisait, c'était uniquement pour économiser son énergie et la relâcher d'un seul coup, dans un déluge de douleur et de terreur pour ses victimes.

Sillas avait rapidement compris que, quand le juge Storm était de bonne humeur, il fallait à tout prix faire en sorte à ce qu'elle le reste, jusqu'à ce qu'une autre personne face l'erreur de l'énerver. Après, il pourrait dire toutes les mauvaises nouvelles qu'il devait lui faire parvenir sans prendre le risque de finir électrocuté.

Les secrétaires du juge ne duraient en général pas plus d'un mois. Ils commettaient une erreur qui leur valait une punition trop sévère, ou bien ils démissionnaient, jugeant qu'ils avaient risqué leur vie bien assez longtemps. Sillas, en revanche, travaillait pour Storm depuis maintenant prés de trois mois. Il avait rapidement cerné quel genre de personne elle était et avait compris comment la gérer. Parfois, il se mettait exprès le dos au mur pour voir comment elle réagirait. Elle même avait compris quelle sorte d'individu était Sillas, réalisant qu'il était prêt à prendre un risque quand il devait absolument lui dire une chose qui aurait terrifié un autre secrétaire. Il existait entre eux une relation de confiance et de respect mutuel qui leur permettait travailler ensemble de manière efficace.

– Aujourd'hui, vous êtes responsable des affaires portant sur l'atteinte à l'ordre publique de la ville, expliqua Sillas en lui tendant un dossier. Voici les cas datant d'hier qui n'ont pas pu être traités faute de temps, et vous devrez aussi vous occuper des incidents d'aujourd'hui avec les juges Ralpio, Tyso et Faïras. Je me chargerai de trier les affaires de manière efficace, afin que tous les cas urgents soient traités rapidement.

– Merci, vous pouvez disposer.

– Très bien.

Le secrétaire se retourna et se dirigea vers la porte. Il savait que demander ce qui la rendait de bonne humeur était le plus sûr moyen de l'énerver, alors il comptait laisser le soin de poser la question à un autre para-tonnerre, sachant qu'elle ne serait pas assez énervée après pour lui exploser au visage.

– C'est une belle journée, vous ne trouvez pas ?

Il se figea net. Jamais elle n'avait été suffisamment de bonne humeur pour parler du beau temps. Il se retrouvait en territoire inconnu, la situation pouvant évoluer dans n'importe quelle direction, l'une d'elle pouvant au pire entraîner la disparition d'une partie du palais dans un épais nuage de fumée.

Face à un danger inédit, Sillas tenta pour une approche en douceur.

– En effet, c'est ce que j'ai pensé en venant au palais aujourd'hui... dit il sans se retourner.

Il y eut quelques secondes de silence qui n'arrangèrent pas le stress de Sillas qui attendait la réponse de Storm.

– Je ne sais pas pourquoi, continua le juge, mais je sens que ce sera une bonne journée...

– Vraiment ?

– Oui, j'ai hâte de me plonger dans les affaires du jour... dit elle avec le sourire.

– Si vous voulez bien m'excuser, dit calmement Sillas, il y a des dossiers urgents qu'il me reste à traiter avant le début des audiences.

– Faites.

Il sortit de la pièce et s'éloigna aussi rapidement que possible. Après avoir parcouru une centaine de mètres, il jugea qu'il était assez loin et soupira. Il plaignait déjà la personne qui allait attirer l'attention du juge Storm.

Miracle Maudit - Tome 2 - Nuages noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant