15- je lis en toi comme dans un livre ouvert.

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-Ascian? Qu'est-ce qui c'est passé ? Bredouilla-t-elle encore sonnée par les récents événements.
Je la fixais un moment quand j'aperçus ses yeux s'agrandir au moment où les images des derniers instants devaient lui revenir en tête, puis elle se calma instantanément comme si elle avait compris qu'il ne servait à rien d'en reparler et qu'elle préférait laisser passer plutôt que de se battre avec moi.
À cet instant j'étais rassuré qu'elle ne veuille pas en reparler mais après plusieurs minutes de silence, je compris que le pire était de ne pas savoir ce qu'elle pouvait penser...
Je raclais ma gorge et répliquais tardivement :
- je ne veux pas que tu partes c'est tout!
Son soupir bruyant me prouvait qu'elle avait bien compris et que je venais sûrement de la remettre en colère ou elle devait sûrement l'être toujours...
- C'est tout ? Répéta-t'elle en relevant ses sourcils clairs presque invisibles sous la pénombre qui c'était largement abattu dans l'habitacle de la voiture.
Puis, voyant que je continuais de fixer la route sans un mot, elle reprit:
- Tu crois que c'est tout ? Depuis des jours tu me fais de plus en plus peur Ascian... J'ai peur de toi, j'en fais des cauchemars de tout ce que tu fais ! Et toi tu veux juste me garder avec toi comme si j'étais une poupée que tu peux contrôler ? J'ai l'impression d'être la prochaine sur ta liste de victimes. Mais est-ce que tu te rends seulement compte de tes actes ? Tu as TUÉ des gens, c'est un meurtre, tu es un meurtrier Ascian !
Plus elle avançait dans l'expression de ses pensées plus sa voix se brisait. Ses mots étaient saccadés par ses reprises de souffle tant elle avait du mal à respirer vers ses derniers mots. Ses pleurs, eux, étaient silencieux, elle ne s'étouffait pas avec ces derniers, ils coulaient juste le long de ses joues indépendamment de sa volonté, des pleurs silencieux qui ne pouvaient être contrôlés.
Elle était en pleine crise de panique. Je ne savais pas qu'elle était sujette à ça, pourtant je l'avais senti venir avec ses battements de cœur irréguliers et ses mains qui tremblaient.
Encore une fois elle pleurait par ma faute, je la terrifiait, c'était ses mots, je n'avais donc rien de bon pour elle...

Je tournai brusquement le volant à gauche vers le bord de la falaise qui donnait sur la ville encore illuminait au pied de la colline où se situait à plusieurs kilomètres le manoir.
Je me garai sur le bout de terre qui se situait entre le goudron de la route humide et la barrière de protection au bord du ravin.
Heidna peinait à respirer et sa main était crispée contre sa poitrine alors que sa bouche entre ouverte tentait d'aspirer assez d'air pour lui permettre de maintenir la tête hors de l'eau tandis que je la sentais sombrer doucement...
Je sortis de la voiture et ouvris sa portière pour m'accroupir face à elle. Ses yeux me fixaient emplis de larmes alors que j'avais l'impression que son regard me suppliait à la fois de la sauver et à la fois de la laisser loin de moi . J'hésitai un instant mais tendis le bras pour la détacher et la soulever doucement de son siège.
Alors que je la tenais dans mes bras, je la senti trembler et j'entendis son cœur battre infiniment trop vite pour elle, je ne savais pas quoi faire. Elle était là, dans mes bras, fragile, me fixant alors qu'elle respirait bruyamment commençant à s'étouffer avec ses larmes, je sentais qu'elle se retenait de hurler de douleur, je le sentais à la manière dont son corps se contractait après chaque petit tremblement et surtout à la manière dont sa mâchoire se contractait et ses doigts s'étaient agrippés à ma chemise.
Je commençais à paniquer, jamais je n'avais été confronté à une telle situation, jamais je n'avais souffert autant en voyant quelqu'un souffrir.
Je vis ses yeux se fermer doucement alors qu'elle tentait dans un dernier espoir de se canaliser.
J'avais horriblement mal au cœur en la voyant dans un tel état contre moi.
Jamais je ne voulais la revoir souffrir, surtout plus à cause de moi, ça m'était invivable de la voir ainsi, de la sentir souffrir et ne rien pouvoir faire de plus que la regarder.
Je ne savais pas pourquoi cette fois-ci était différente, je l'avais tellement de fois vu pleurer, mais je me fis cependant la promesse que cette fois, était la dernière.

Je m'écroulais, à genoux, au Sol, tenant Heidna précieusement contre moi, mon dos claqua contre la roue avant de la voiture et je restais là immobile la serrant dans mes bras aussi fort que je le pouvais comme si je voulais qu'on ne fasse plus qu'un face à l'ennemi invisible, cette angoisse qu'elle devait combattre seule et d'une main j'appuyais sa tête contre mon torse et calais ma tête sur le haut de la sienne, appuyant désespérément mon front contre le haut de son crâne, je ne pouvais me retenir de déposer quelques baisers sur ses cheveux emmêlés qui sentaient le parfum des pins, elle sentait l'air frais, la pluie, l'hiver finalement...
Sa peau était glacée et pourtant elle semblait brûlante, ses joues étaient teintées de pourpre et son front couvert de petites perles de sueur qui brillaient sous la lumière des phares de la voiture.
-S'il te plaît reviens moi, accroche toi à moi, juste cette fois. concentre toi sur mes mots, sur ma respiration ou sur mes battements de cœur, n'importe quoi... Je ne pourrai supporter de te voir ainsi encore plus longtemps par ma faute, je suis tellement désolé Heidna. S'il te plaît reviens à toi.
Tentais-je de lui murmurer à l'oreille désespérément.
- Heidna, tu es beaucoup trop précieuse à mes yeux pour que je te fasse autant de mal qu'à ces filles que tu as vu. Si tu m'en laisse la chance je t'expliquerai tout, je répondrai à tes questions mais s'il te plaît concentre toi sur mes mots et essaie de respirer au même rythme que les mouvements de mon torse.
Je pris doucement sa main et la plaça à plat sur mon torse, sur le haut de mes abdos en dessous du sternum pour qu'elle sente au mieux mes inspirations et expirations, en plus de mes lèvres entre ouvertes qui étaient à quelques centimètres de son front humide, pour qu'elle sente le rythme de mon souffle frais sur sa peau.
Je fermais les yeux et attendis quelques instants, le temps que son cœur ralentisse et sa respiration redevienne stable avant de reprendre parole :
- bien, tu as réussi darling. Tu te souviens, il y a quelques semaines j'ai accepté de t'offrir une réponse à tes questions en échange de ce que je pouvais vouloir de toi, je pensais attendre avant de te demander quelque chose mais j'aimerais jouer mon tour ce soir et te demander de laisser couler pour aujourd'hui et de revenir avec moi au manoir. Je te demande, non pas d'oublier ce qu'il c'est passé mais plutôt de me laisser le temps avant de t'expliquer les raisons pour lesquelles ça c'est passé, tu comprends ?
Elle releva la tête vers moi et planta ses beaux yeux bleus dans les miens puis répliqua:
- la règle était : qu'un souhait à la fois. Je reviens avec toi parceque j'ai nul part où aller et au fond je sais que si tu avais voulu me faire du mal tu l'aurais déjà fait mais je ne te fais absolument pas confiance alors ne t'attends pas à me voir ces prochains jours, je compte bien t'éviter. Par contre je compte absolument pas laisser couler le fait que tu sois un putain de meurtrier, tu paieras pour tes actes un jour ou l'autre et tu as tout intérêt à m'expliquer d'ici la fin de l'année, c'est à dire dans moins de 15 jours, les raisons qui te poussent à faire de telles choses et crois moi je ne vais pas me contenter d'excuses minables, pour une fois agis sans lâcheté sinon je partirais.
Elle se releva et contourna la voiture pour s'installer côté conducteur. Je n'eu même pas le temps de me redresser qu'elle avait déjà tourné la clé de contact et enclenché la première vitesse, pour une fois elle avait été plus rapide que moi pensais-je en souriant.
La seconde d'après elle était partie de nouveau avec ma voiture, quel culot !
Plus j'apprenais à la connaître plus je la désirais, elle me rendait aussi fou de colère qu'elle pouvait me rendre fou d'elle.

La Protégée du Vampire. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant