Chapitre 19 : Soupe aux potirons

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Les Brûlantes paralysent le pays pendant toute la Saison. Ceux qui n'ont aucune réserve ou aucune possibilité de se réfugier dans une des huit cités Pierres périssent bien souvent.

Mémoire de Terre-Brune

Propriété de l'Académie d'Havre-Pierre



Élie se réveilla en premier. Son corps était étendu de tout son long sur le dos et il était enveloppé d'une couverture qui sentait le fumier mais qui était chaude et confortable. Ses doigts se crispèrent, et lentement il émergea de son lourd sommeil. Ses membres étaient pesants. Le jeune homme était complètement vidé de son énergie.

Il garda les yeux fermés, appelant B. à se manifester. Comment étaient-ils arrivés ici ? Il ne se rappelait rien, mais peut-être que son IA quantique pouvait lui apporter les premiers éléments de réponse. Lorsque ce dernier se manifesta, sa voix interne était d'une grande tristesse.

— Je suis vraiment désolé, Élie. Je ne sais pas comment j'ai fait...

— Fait quoi ?

— J'ai accédé au Réseau pour comprendre qui était celui qui nous poursuivait. J'ai cherché à entrer en contact avec lui et... Élie, je crois qu'il est comme nous et s'est éveillé dans un autre bunker gouvernemental. Je pense que nous ne sommes pas seuls.

— Tu as accédé au Réseau ? Je pensais te l'avoir interdit...

Leur échange, uniquement mental, se murmurait d'un silence absolu. Élie serra les poings.

— Si nous sommes en dangers de mort, argumenta l'ordinateur, j'ai pris les devants. Je nous ai sauvé la vie en nous jetant dans la rivière.

— La rivière Galäb ? Tu as fait ça ?

Il sentait sa patience s'étioler à mesure que l'implant quantique justifiait ses actions.

— Je savais que je pouvais ensuite aider Ash à se maintenir à la surface et je suis parvenu à nous mener jusqu'à la rive pour ensuite nous réfugier sous un arbre. Impossible qu'ils puissent retracer notre piste aussi facilement avec une rivière en furie entre nous.

— Tu... bon, écoute-moi bien B. Nous n'allons pas nous disputer. Merci d'avoir sauvé Ash.

Son implant demeura silencieux, et Élie ne chercha pas à prolonger leur conversation.

Il éprouvait des difficultés à totalement émerger mais quand sa main rencontra le bras d'Ash étendue à ses côtés dans la paille, il sentit son cœur bondir dans sa poitrine.

Etendue, la jeune fille paraissait apaisée. Sa peau était rougie par l'eau-rage, comme la sienne ; l'antique remarqua qu'ils avaient été lavés, changés et accueillis dans ce qui semblait être une écurie. Il s'écria de stupeur lorsqu'il entendit un énorme animal renâcler et frotter le sol de ses sabots.

Un cheval !

Les yeux rivés sur la magnifique créature devant lui, Élie se fit statue. Cette dernière l'ignorait superbement, s'affairant à manger son foin et à boire un peu de son eau. Il n'avait jamais vu d'aussi bel animal ; ses seuls souvenirs remontaient à sa jeune et tendre enfance, dans le parc des Buttes Chaumont à Paris où quelques canards pataugeaient dans le lac artificiel, ou des images dans ses holo-livres. Le fait de contempler un cheval, vivant, devant lui, relevait d'un miracle incroyable.

Sans mots, la gorge sèche, Élie était émerveillé, un peu à la manière d'un enfant face à la magie de Noël. Il secoua Ash pour la réveiller.

— Regarde, un cheval ! s'exclama-t-il dans le mélange de Brunois et de langue antique.

L'Héritage des Antiques T1 : Le ConclaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant