Chapitre 3 : Des gardiens aux pouvoirs étranges

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Ma tête ballottait, se cognant allègrement contre une paroi. Un élancement perça mon crâne quand je la relevais. Avais-je pris un coup ? Les souvenirs revinrent au fur et à mesure que je saisissais dans quel pétrin j'étais fourrée. C'est-à-dire : mains et pieds attachés. Je forçais sur les liens pour les casser, sans succès. Des voix ricanèrent, et je subis un deuxième coup sur la tête. Je lâchais un gémissement.

Fais comme si ça t'avait assommé, me somma Lyra.

– Tu es sûr d'avoir frappé assez fort ? s'assura quelqu'un.

On me secoua, et je suivis le conseil de Lyra.

– Visiblement oui, répondit une autre voix. Une vraie petite nature.

– Le patron va être content, depuis le temps qu'on la cherche.

– Elle nous mènera au reste du groupe, affirma un autre.

Groupe ? Patron ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Mes capacités cognitives s'étaient sacrément réduites avec le choc, et les secousses de la camionnette n'arrangeaient rien. Même si j'obligeais mon corps à rester immobile, la panique brûlait mes veines.

Je ne peux rien faire, ils sont trop nombreux, répondit Lyra à ma question muette. J'ai compté au moins quatre voix différentes et ils ont l'air d'être au courant de nos pouvoirs.

Au moins la capacité de jugement de Lyra était intacte. Je serrais les poings, tentant de contenir mon angoisse. Et mon grand-père ? Il était à l'hôpital ! Cette simple pensée m'obligea à me redresser et me fournit même assez d'énergie pour me lever. Mal m'en prit, car je tombais évidemment droit devant moi. Mes chevilles étaient non seulement liées entre elles, mais aussi au banc sur lequel j'étais précédemment assise.

– Je te l'avais dit ! nargua un de mes kidnappeurs.

Je me tortillais dans tous les sens, dégageant le sac de ma tête. La lumière de la camionnette m'aveugla un instant, cependant je pus éviter un nouveau coup par réflexe.

– Arrêtez ! les suppliai-je d'une voix éraillée. Je ne ferai rien !

L'homme qui s'apprêtait à m'assommer hésita, ses yeux de rat plissés.

Je m'en occupe, m'informa Lyra.

Je sentis le bourdonnement habituel de sa présence dans ma tête s'intensifier, signe qu'elle usait de toute son énergie pour influencer l'homme. Il recula, avant de me saisir les épaules avec brutalité pour me rasseoir sur le banc.

– Qu'est-ce que tu fous ? demanda une femme aux cheveux rasés sur les côtés.

– Ce serait bête qu'elle meure d'un traumatisme crânien, répondit l'homme d'une voix légèrement déformée. On verra, si elle ne se tient pas bien, elle sait ce qui lui arrivera. N'est-ce pas ?

Il s'approcha dangereusement de mon visage, si bien que je pus distinguer les poils qu'il avait au nez.

Beurk.

J'acquiesçais vivement, avant de me recroqueviller contre la paroi. Mes ravisseurs se méfiaient et protestaient.

– Vous comptez me désobéir ? grogna l'homme.

Ils secouèrent la tête, avant de me jeter un regard meurtrier en guise d'avertissement.

On a eu du bol, c'est le chef de l'escouade, soupira Lyra. Même s'il a l'air un peu idiot, facile comme il était à manipuler.

Je restais muette pour éviter d'attirer l'attention. J'étais obligée d'au moins chuchoter pour que Lyra m'entende via mes propres oreilles. Mais je lui adressais quand même un pouce en l'air. Au moins étais-je consciente, désormais. Ce qui n'était pas franchement mieux au vu de l'inquiétude qui me rongeait.

Double JeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant