Double Je

Chapitre 18 : La vérité fait presque toujours mal

– C'est ici ? espéra Tobias, à bout de forces. Pitié, dites-moi qu'il ne faut pas grimper plus haut !

– Voilà le sanctuaire, confirma Shiro.

La magie qui entoure les lieux le crie, intervint Lyra.

Effectivement, une sorte de bourdonnement emplissait l'air, comme un écho lointain.

– Les murmures des gardiens, chuchota Shiro.

Je fronçais les sourcils, me demandant comment il pouvait identifier cela. Cependant, l'étendue d'eau nous séparant de l'entrée m'interpella.

– Je ne me souviens pas de ça, fis-je en m'approchant de la rivière en amont.

– Après plusieurs siècles, c'est normal que la morphologie des lieux ait changé, remarqua Darius en plaçant une main autour de mon bassin.

Il rapprocha ses lèvres de mon oreille.

– Tu vois que tu as réussi, me chuchota-t-il.

Je souris, chatouillée par sa bouche. Je l'embrassais tendrement, une main sur sa joue. Ça n'aurait pas été possible sans son soutien, c'était certain ! Mon cœur se gonfla, prêt à exploser par la présence de Darius et le soulagement d'être arrivée à destination. Je m'imaginais déjà flâner pendant trois semaines dans mon canapé pour laisser mes muscles en paix.

– Ce n'est pas moi que l'eau va déranger ! s'exclama Tobias en craquant ses doigts.

Il plaça ses mains paumes vers l'eau, avant de les pivoter lentement. Dans le même temps, comme Moïse, il ouvrit un passage au sec. Shiro s'occupa d'établir deux mini barrages, créant un chemin permanent.

– Allez, on n'a pas que ça à faire ! s'enjoua Nyeleti, toute pimpante à l'idée de toucher notre but du doigt.

Elle fut la première à gravir les marches, avant de disparaître dans l'ouverture de la roche.

– Au moins, l'entrée ne s'est pas écroulée, constatai-je.

Tu crois que la barrière magique des gardiens compte pour du beurre ? claqua Lyra.

Nyeleti éclairait le chemin de l'index, avant de tomber sur un embranchement de couloirs.

– C'est lequel, Lyra ? questionna-t-elle.

Par pitié Cassi, ton sens de l'orientation n'a pas intérêt à nous faire défaut.

Je me grattais la tête, essayant tant bien que mal de me souvenir du chemin.

– Je n'en sais rien, avouai-je au bout d'un temps. Il ne me semblait pas que Lyra avait à choisir entre plusieurs trajets. Les souvenirs étaient trop flous.

– Seuls les gardiens peuvent connaître la bonne porte, affirma Shiro.

Nous nous tournâmes vers lui, surpris. Il afficha un sourire contrit, avant de hausser les épaules.

– Les mages ont forcément construit quelque chose qui ne permet pas à n'importe qui de trouver la relique. Sinon, ça serait trop facile. Et je suppose que les mauvais chemins mènent... à une mort certaine.

Tobias adopta une expression terrifiée et Darius rabroua le gardien de la terre.

– Ne dis pas des choses pareilles !

– Je n'ai personnellement pas envie de mourir bêtement ! rétorqua Shiro.

– Qu'est-ce que tu suggères ? intervint Nyeleti.