Chapitre 4 : Un soupçon de magie dans l'air

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Un élancement violent perça mon crâne quand je repris conscience. D'abord confuse, je crus être dans mon lit après une mauvaise nuit.

Ta tête est devenue un véritable punching-ball ces derniers temps, commenta Lyra. Tu vas te transformer en Schtroumpf.

– Toujours aussi rassurante, toi, grommelai-je d'une petite voix. Tu n'as pas d'autres compliments à me faire ?

Oh, à part que tu as mis dix plombes à vraiment te réveiller, non. Enfin, j'imagine que tu saisis que ce n'est pas le moment de te taper ta meilleure sieste, n'est-ce pas ?

Lyra pouvait accéder à ce que mes sens percevaient dès l'instant où j'étais consciente, même si je somnolais. Elle pouvait se remémorer des détails que j'oubliais, ou dont je n'avais pas pleinement conscience en raison de mon esprit brumeux.

Sauf que l'accélération brusque de mon cœur eut le mérite de me rappeler à l'ordre et me faire bondir dans le lit. Le matelas était aussi mou qu'une brique, si bien que je compris que je n'étais pas dans ma chambre. Mes dernières pensées furent mes premières : mon grand-père.

Je dégageais la couverture, incertaine de l'endroit où j'étais, mais sûre de ma destination. Enfin, si je trouvais la porte sans ma paire de lunettes. Je tâtais la table de chevet à côté de moi, mettant la main sur ma sauveuse. Mes verres me permirent enfin d'accéder à mon environnement. Et de repérer des silhouettes potentiellement obstacles.

Quelques secondes restèrent suspendues, avant que je ne me précipite vers la porte. Un bras me barra la route sans ménagement et m'accompagna doucement me rasseoir. Je reconnus les traits asiatiques de Shiro.

– Calme-toi, fit-il de sa voix douce.

Sa poigne était ferme, sans être brusque. Même si j'appréciais sa prévenance, je saisis son poignet avec force et l'envoyai valser. Je pouvais remercier les quelques techniques enseignées par mon grand-père, ayant été soldat à l'instar de mon paternel. J'expulsais Shiro d'un coup de coude, regrettant de le voir ainsi se plier en deux. Je me précipitais vers la porte, n'ayant que la santé de mon grand-père en tête.

Attention à droite ! me prévint Lyra.

Trop tard, deux nouveaux bras encerclèrent mon torse. Je gigotais dans tous les sens, essayant d'écraser les pieds de mon opposant.

– Lyra ! la hélai-je.

– Essaie encore une fois la manipulation et je t'assomme à nouveau ! me menaça l'homme dans mon dos.

Lyra hésita, ne voulant pas se prendre la douleur d'un nouveau coup non plus. Et puis, c'était une occasion unique d'obtenir des réponses, malgré la situation de mon grand-père.

– Lyra, chuchotai-je.

Écoute-les, ça te fera gagner plus de temps qu'à nouveau tomber dans les pommes. En plus, ils ont l'air d'avoir des choses intéressantes à raconter. Je les ai entendu, ils connaissent mes pouvoirs !

Même si ça me tordait l'estomac de ne pas courir vers mon grand-père, j'admis que Lyra avait raison. Je relâchais mes muscles, sans que Darius ne me laisse partir pour autant.

D'accord, acceptai-je. Je ne ferai rien.

Je croisais quand même les doigts. A la moindre ouverture, je me taillais d'ici. Darius ne me lâcha pas et je commençais à ne plus sentir mes bras.

Tu m'empêches de respirer, articulai-je, la poitrine comprimée.

Il souffla bruyamment, l'air caressant légèrement la peau de ma clavicule. Il était si proche que je pouvais sentir son odeur corporelle. Une senteur boisée pas si désagréable, que j'inspirais plus amplement.

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