Chapitre 10 : Les prénoms en K

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Mes yeux s'ouvrirent brusquement. Le souffle court, les détails de la scène s'imposèrent à moi quand je sortis du lit. Une légère chute de tension ralentit mon chemin, mais je chipais une feuille et un stylo dans un bureau. Je griffonnais chaque mot, chaque sentiment que j'avais perçu.

Un nouveau souvenir ? s'exclama Lyra, enthousiaste. Qu'est-ce que c'était ? Qu'as-tu appris ? Comment étais-je ?

Chut, je me concentre, lui intimai-je.

Ne souhaitant pas louper le moindre indice, Lyra accepta de rester muette. Malheureusement, j'avais des trous, je le savais. Râlant tout bas et entendant Nyeleti grogner, je décidais de sortir pour en parler avec Lyra. Peut-être que ça m'aiderait à me souvenir.

J'enfilais plusieurs couches de vêtements, avant de claquer la porte d'entrée. Le froid mordant me réveilla pour de bon, tandis que je longeais la maison. J'aimais écouter le bruit des vagues au loin, mais avais trop peur pour m'approcher de la falaise pour contempler l'eau.

On dirait que tu avais accepté d'aider Kida, malgré que tu sois gardienne de l'âme. J'imagine qu'il y a un serment ou un truc du genre pour protéger le sanctuaire.

Je devais vraiment beaucoup aimer Kida, constata Lyra. Pourtant, son nom ne me dit vraiment rien.

A l'inverse, Kida évoquait chez moi des sentiments contradictoires. De l'affection, de l'inquiétude, du regret et... de la culpabilité. Un cocktail assez étrange tant je n'en comprenais pas l'origine.

Plongée dans mes pensées et dans les hypothèses de Lyra, je ne perçus que tardivement le bruit des pneus crissant sur le chemin menant à la demeure. Inquiète, mon cœur cogna brutalement dans ma poitrine. Je fourrais mon dessin dans ma poche, me demandant qui effectuait une balade nocturne en voiture.

Les phares des véhicules étaient éteints, si bien que je ne compris pas de suite la situation. La lune presque noire m'empêcha de saisir l'ampleur du danger. Mais les armes braquées sur moi et le bruit des hommes qui s'apprêtaient à me foncer dessus étaient assez claires.

Apeurée, je courus précipitamment dans l'autre sens, alors qu'une dizaine d'hommes et de femmes hurlaient des ordres dans tous les sens. Je n'eus pas fait trois pas qu'une corde s'enroula autour de mes pieds, me faisant violemment chuter. Ma tête cogna le sol et siffla rapidement. La douleur irradia dans mon crâne, brouillant mes sens.

Relève-toi ! Vite, Cassi !

Je m'appuyais comme je pouvais, mais le lien m'immobilisait. Un homme saisit mon bras et voulut me traîner vers la voiture.

Lâche-la et défait la corde, lui ordonna Lyra.

L'homme hésita et se figea une seconde. Le bourdonnement emplit toute ma boîte crânienne, puis mon assaillant obéit. Une boule de feu jaillit alors d'une fenêtre, obligeant plusieurs attaquants à reculer. A l'instant où mes pieds furent de nouveau libres, je me précipitais vers l'opposé de la maison, bien déterminée à fuir.

C'est sûrement Kâla ! angoissa Lyra.

Sans rire ! crachai-je malgré la peur qui me tordait les entrailles.

Je me fis prendre au piège, plusieurs sbires de Kâla m'obstruant le chemin. Je bifurquais, un regard en arrière pour tenter de savoir mon nombre de poursuivants. Seulement, dans le noir, je ne saisis pas immédiatement la direction que j'avais empruntée. Et quand je tournais les yeux devant moi, une étendue faiblement éclairée par la lune bougeait au gré du vent. Je me stoppais à peine un mètre avant la falaise, évitant de justesse un plongeon forcé.

Double JeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant