Chapitre 6 : La Belle au bois dormant

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L'agent d'accueil tapota sur son clavier avant d'acquiescer. Il me fournit une carte, quelques indications superflues, puis m'autorisa à entrer. Je posais un pied devant l'autre lentement, avec une appréhension grandissante et familière. Quand j'arrivais devant la chambre, je perçus des voix provenant de l'intérieur.

Oh oh, mère Gothel est de sortie, apparut Lyra.

Bien que je fus soulagée de ne plus être seule dans ma tête, je tournais les talons immédiatement.

Cassi, c'est lâche, me morigéna Lyra.

Je lui rendrai visite plus tard, promis-je. Je ne vais pas déranger quand sa famille est là.

Dis plutôt que tu n'oses pas affronter sa mère.

Je ne te rappelle pas à quel point elle m'apprécie, ironisai-je.

Aussi fort que j'aime notre voisine, certes. Je comprends que tu n'aies pas le courage de supporter son air de renard vicieux et ses insultes à la mord moi le nœud.

Soulagée que Lyra soit compréhensive, plus encore qu'elle m'adresse de nouveau la parole, je pris le chemin de la sortie en longeant le mur. Heureusement que mes kidnappeurs n'avaient pas cassé mes plus précieuses affaires : mon téléphone et mes lunettes. Sans elles, le monde serait encore plus flou qu'il ne l'est déjà. Je pris le premier bus disponible, direction la maison.

Nous étions désormais dimanche, mais je ne me sentais pas du tout d'attaque pour la fac du lendemain. Je chassais ces pensées, songeant seulement à revoir mon grand-père en un seul morceau.

Il va falloir qu'on parle, me rappela Lyra. Je veux bien te donner un peu de temps, mais il s'agit aussi de ma vie.

Je fermais les yeux, acquiesçant. Sa demande était tout-à-fait légitime.

Ça ne te fais pas peur, cette histoire ?

Bien sûr que si. Mais si tout est vrai dans leur récit, alors Kâla est un danger. Non seulement pour le monde, mais aussi pour pépé et toi. Et puis... j'aimerais bien retrouver mes souvenirs.

De toute manière, tu les auras dans le nouveau corps que tu habiteras.

Sauf si je ne sais pas utiliser mes capacités comme je l'ai fait jusque là, supputa-t-elle.

Je n'avais pas envisagé cette éventualité. Je me frottais les yeux, incapable de peser clairement le pour et le contre. Mon cœur battait la chamade quand je passais la porte de l'immeuble et que je grimpais les étages. Je poussais le battant de l'appartement, après avoir déverrouillé la serrure. Au moins mon grand-père n'avait pas oublié de fermer la porte à clé.

Pépé ? l'appelai-je, le ventre noué.

Cassiopée ! Je ne t'attendais plus, sourit mon grand-père, aux fourneaux dans la cuisine.

Mes épaules se relâchèrent sous le coup du soulagement. Je lui sautais dans les bras, démontrant une affection peu usuelle. Cela ne lui échappa pas, mais il m'enlaça sans commentaire.

Justement, le repas est quasiment prêt !

L'après-midi était déjà bien entamée, mais mon grand-père aimait manger à l'heure espagnole.

Tu dois me raconter ce que tu as fait ce week-end, décida mon grand-père. Tu ne t'es pas changée depuis vendredi ? Ton histoire va être passionnante !

Et merde, j'avais oublié ce détail.

Justement, je file prendre une douche et je t'explique, grinçai-je.

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