Chapitre 16 : Deux âmes pour un corps

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Darius ne lâcha pas ma main durant le trajet. Ce dernier n'était pas long, pourtant ma paume eut le temps de chauffer à blanc. Je sentais mon pouls pulser sous l'épiderme, puis m'inquiétais que Darius s'en paerçoive. Lyra avait allumé tous les signaux.

C'est une très mauvaise idée ! Retourne avec les autres ! m'enjoignit-elle.

Relax, répondis-je, contrariée.

Darius leva un sourcil, sans commenter. Ce n'était pas une petite discussion avec ma sœur qui modifierait mon choix ! Si Shiro m'avait proposé ça, Lyra n'aurait rien trouvé à redire. Et j'étais trop euphorique, mon cœur battant la chamade, pour m'opposer.

Le gardien se stoppa, tandis que le brouillard obstruait quasiment toujours la vue. Le gardien lâcha ma main, même si ses doigts semblèrent s'attarder légèrement sur ma peau. A moins que ce ne soit les miens ?

Ses mouvements fluides des bras me ramenèrent au présent, alors que comme les autres mages, il semblait danser en contrôlant son élément. Ses yeux se focalisèrent sur l'horizon quelque peu flou, et son visage exprima une intense concentration. J'avais envie de le questionner sur ses agissements, mais j'étais trop hypnotisée par ses mouvements et la puissance qui émanait de sa magie.

Une brise légère souleva mes mèches auburn, puis de plus en plus puissamment, un souffle balaya mon visage. Je finis par dresser mes bras en protection, les yeux seulement entrouverts. Inquiète, je n'eus pas le temps d'interroger Darius, quand des rayons chauffèrent mes joues nues. Je clignais plusieurs fois des paupières, avant de m'habituer à la lumière étincelante du soleil couchant.

Ma bouche s'ouvrit de stupéfaction, sans produire de son. Le ciel, teinté de rose et d'orangé, était parcouru de quelques nuages cotonneux, semblant aussi sucrés qu'une barbe à papa. Les couleurs se reflétaient sur les pics les plus lointains, décrivant les reliefs de la chaîne de montagne. Une grande étendue baignait dans la lumière, passant à l'obscurité au fur et à mesure que le soleil descendait pour laisser place à la lune.

Empreint d'une magie unique qui fit frissonner ma peau et hérisser mes poils, ce coucher de soleil était le plus spectaculaire et sublime que je n'ai jamais admiré. Le petit détail qui rendait le cadre incroyable, c'était la légère étendue d'eau en contrebas dans lequel l'astre se reflétait faiblement, mais qui faisait briller le paysage d'une deuxième source de lumière resplendissante.

C'est... incroyable, murmurai-je, à court de mots.

Je ne pouvais détacher mes yeux de cette vision, pas plus que je ne voulais cligner des paupières. Je ne souhaitais pas rater une miette de ce spectacle unique. Ça valait presque toutes les douleurs musculaires. La fraîcheur du vent me ramena au passage les effluves boisées, si semblables au parfum de Darius.

Ce fut en m'arrachant à cette illustration, en plongeant mon regard dans quelque chose d'aussi beau, que je compris l'objectif de Darius. Ses yeux pleins de confiance, illuminés par les derniers rayons du soleil, m'observaient avec amusement et... autre chose. Une passion dévorante, une envie de marquer mon visage dans sa mémoire ? A moins que ce ne fut que mon propre désir ?

Darius m'avait fait regarder dans le vide, voire plus, sans que ma peur ne m'étouffe. Parce que subjuguée par la beauté du spectacle, mon vertige ne s'était pas manifesté. La surprise et la confiance que j'éprouvais envers Darius avaient balayé toute crainte.

Mes doigts semblèrent se décoller d'eux mêmes de ma cuisse, comme attirés par ceux de Darius. J'avais terriblement envie de me rapprocher, mais la voix de Lyra hurlait dans ma tête.

Arrête, grondai-je.

Darius cligna plusieurs fois des yeux, avant de se reculer brusquement.

Double JeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant