Chapitre 8 : La princesse des cavernes

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J'ouvris progressivement les yeux, l'esprit embrumé. Puis ma nuit me revint en pleine face.

Bon sang ! me redressai-je.

Toi, tu as encore fait un cauchemar, supposa Lyra.

Je me frottais la tête, persuadée du contraire. Je sautais de mon lit pour saisir mon carnet. Je crayonnais rapidement, m'attardant sur certains détails presque frénétiquement.

Ça te dit quelque chose ? interpellai-je ma petite sœur.

Lyra ne répondit rien.

Je... je crois que oui ? Où as-tu vu ça ?

J'en ai rêvé. C'est un souvenir de ton passé !

Quoi ? Pourquoi je ne m'en souviens pas, alors?

Tu ne peux pas rêver, alors peut-être que tes souvenirs se manifestent à travers moi !

Tu dois tout me raconter ! exigea-t-elle.

Je lui expliquais la scène dans les moindres détails, certaine que sa mémoire m'avait été transmise. J'agrippais mon téléphone, avant d'hésiter. La folle envie de partager cela avec les gardiens me tenaillait, cependant je me souvins de la réaction virulente de Shiro et les attentes de Darius. Ils seraient capables de débarquer sans prévenir pour tout savoir.

Je reportais le récit après le départ de mon grand-père. Je ressassais ce nouveau souvenir lointain pendant des heures, détaillant chaque couleur, son ou odeur gravée dans ma tête.

Tu ne penses pas que c'est ton imagination ? douta soudainement Lyra, sur le chemin du retour de l'aéroport.

Comme on s'y attendait, mon grand-père ne réalisait toujours pas qu'il voyagerait jusqu'en Australie. Alors après avoir rangé le bazar monstre qu'était ma chambre, je l'avais aidé à confectionner sa valise. Darius m'avait certifié que pépé ne devait qu'emmener ses vêtements. Tout était fourni et la provenance de tant d'argent m'intriguait.

On verra en en parlant aux gardiens, répondis-je. Je doute quand même qu'un rêve puisse subsister de la sorte dans mon esprit, avec autant de cohérence et de détails. Et puis c'est comme un pressentiment, tu vois ?

J'ai quand même de gros doutes, émit Lyra.

Et j'étais convaincue que la jalousie parlait pour elle. J'ignorais totalement pourquoi ce souvenir m'était apparu, je n'avais rien demandé. Pourtant, j'étais persuadée que Lyra trouvait injuste que j'en ai été la destinataire. Avant de passer prendre mes propres affaires à la maison, je fis un crochet par l'hôpital. Par chance, la chambre de Gwen ne comptait aucun visiteur.

Quand je reviendrai, je te ramènerai, promis-je. Tu pourras me hurler tout ce que je mérite, mais tu seras de retour parmi nous.

Je serrais sa main, entrelaçant mes doigts aux siens. Bien que la peur et les variables inconnues me tordaient le ventre, savoir que je pourrais soigner Gwen me convainquit de tenter le voyage. Mon rêve certifiait que quelque chose se débloquait.

J'ignorais jusqu'où nous irions, aussi bien Lyra que moi, mais ça ne pouvait être que bénéfique. Apporter des réponses et des solutions. Ces trois derniers jours, j'avais énormément réfléchi, à ma vie, le sens que je voulais lui donner, la place de Lyra dans tout ça.

Jusqu'ici, j'avais choisi de la subir, de courber l'échine et faire le dos rond devant la tempête. Parfois, quand l'orage se calmait, je pouvais me redresser pour voir l'horizon s'étendre. Même si je sentais que des épreuves nous attendaient, qu'en face de moi se tenait un mage immortel, je tentais l'aventure. Je ne pouvais rester les bras croisés à risquer de passer à côté de ma vie et de celle de Lyra.

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