La fin du trajet fut insoutenable. Lyra ne se manifestait plus et même si c'était récurrent quand on se fâchait, Shiro et Darius craignaient que ça soit définitif. Nyeleti me portait plus de confiance quand les garçons, particulièrement Shiro, insistaient pour que la gardienne de l'âme revienne. Passée la compréhension de notre situation compliquée, l'asiatique semblait me reprocher d'avoir éloigné Lyra.
Darius quant à lui m'ignorait, se contentant du minimum syndical. Fini les plaisanteries amicales, place aux rapports cordiaux. Ce changement radical de comportement me glaça, d'autant plus que l'absence de Lyra me rendait terriblement seule. L'ambiance était devenue étrangement lourde, seulement allégée par le caractère fidèle de Nyeleti.
Je somnolais, les yeux dérivant sur le paysage quand la voiture se stoppa. Une brise salée chatouilla mes narines lorsque Nyeleti ouvrit la porte et je bondis de mon siège. Avant même de savoir où nous étions, j'accourus près du bruit agréable des vagues. Au bas d'une petite pente, la mer se déchaînait contre les rochers. Un sourire se dessina sur mon visage, car qui disait mer, disait nager !
Le vent glacial me mordant le visage me ramena cependant à la réalité : je mourrais d'hypothermie avant de profiter de la moindre brasse. D'autant plus que la petite hauteur qu'impliquait la pente vint titiller ma peur du vide, m'obligeant à reculer de quelques pas. Nyeleti me rejoignit, mains sur les hanches.
– Il n'est pas loin, affirma-t-elle en posant une main sur sa poitrine.
Je l'interrogeais du regard, curieuse. Alors que j'observais l'horizon, quelque chose dans l'eau produisit des remous encore plus violents. Les vagues reculèrent anormalement, avant qu'un trou ne se forme dans l'eau. Un phénomène peu naturel, malgré mes maigres connaissances marines.
Sachant pertinemment sa signification, je scannais les alentours avec anxiété. Pas une âme en vue, nous étions dans un véritable trou paumé en bord de mer. Une aubaine pour le gardien que le coin abritait. Le tourbillon jaillit alors dans l'autre sens et grandit comme pour toucher le ciel. Puis au lieu de retomber, le tourbillon d'eau nous fonça dessus.
Je me protégeais de mes bras, tandis que Nyeleti créait une barrière de feu. Évidemment éteinte en une seconde. Derrière nous, Shiro forma un mur de terre et Darius se protégea avec son propre tourbillon de vent.
Résultat, seules Nyeleti et moi fûmes trempées jusqu'aux os. Claquant des dents à cause du froid, je cherchais l'auteur de cette mauvaise farce. Pas un deuxième Darius, s'il vous plaît ! Le tourbillon se retira, laissant sur son passage un jeune homme en combinaison de plongée. Ses cheveux blonds trempés, il nous observa tour à tour, bras croisés.
– Feu, terre et vent, récita-t-il en pointant chaque gardien. Donc Nyeleti, Shiro et Darius ?
Son accent norvégien était appuyé, mais son anglais compréhensible. Je remerciais le ciel d'avoir bien travaillé cette langue, car j'avais appris que c'était l'outil de communication universel entre gardiens.
– Tu étais obligé de faire ça pour nous identifier ? éructa Nyeleti en chauffant ses paumes pour faire sécher ses vêtements.
En un rien de temps, de la vapeur s'échappa de sa tenue et lui permit de se réchauffer. Je ne pouvais pas en dire autant. Le blond m'observa un doigt sur le menton.
– Lyra, j'imagine ? sourit-il.
– Cassiopée, corrigeai-je, amère. Et toi, t'es qui ?
Il leva un sourcil, ses yeux bleus me détaillant des pieds à la tête. Malgré mon visage impassible, je tremblais des pieds à la tête. Cet abruti allait me rendre malade !
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Double Je
ParanormalCassiopée ne connaît pas la solitude. Depuis toujours, elle communique et partage son corps avec une autre âme. Le jour où un ennemi immortel l'attaque, Cassiopée est embarquée dans un conflit vieux de plusieurs siècles. Secourue par des mages aux p...