Epilogue

140 24 10
                                    

Pourquoi il n'y a pas... d'ascenseur ? haletai-je entre deux marches.

Si tu me laissais t'aider, peut-être que ça serait plus facile, suggéra nonchalamment Darius.

Obstinée, je levais ma valise par à-coups, les yeux rivés sur le haut de l'escalier. Darius râla, avant d'envoler mon bagage sur la palier d'un coup de vent.

Eh ! m'indignais-je une fois en haut.

Darius me rejoignit en attrapant mes hanches, taquin.

Si je ne peux pas faire flotter nos gamins, il faut bien que ma magie serve à quelque chose !

Je posais la main sur mon ventre rond, outrée.

Je n'ai pas envie qu'ils aient une peur bleue du vide ! rétorquai-je.

Les hauteurs et moi restions en conflit. Contrairement à Darius qui, en bon mage du vent, les adorais.

Ça les désensibilisera, se justifia-t-il.

Levant les yeux au ciel, je sonnais à la porte de l'appartement. Une jeune femme apprêtée de la tête aux pieds nous ouvrit, nous morigénant.

La prochaine fois, je ne vous ouvre pas !

Ravie de te voir aussi, petite sœur, l'ignorai-je en souriant.

Lyra m'ignora et se baissa sur mon ventre.

Coucou toi ! J'espère que tu seras plus gentille que ta vieille mère, et un peu plus ponctuelle !

Je donnais une tape sur l'arrière de la tête de Lyra, avant qu'elle ne me rende la pichenette sur le nez.

Tu verras, quand tu seras enceinte ! répliquai-je.

Tobias arriva par derrière, et entoura les épaules de Lyra d'une main.

Non mon vieux, je ne te le souhaite pas, argua Darius. Elle est encore plus susceptible que d'habitude !

Mais ! m'offusquai-je.

Darius frotta son nez contre le mien, l'air taquin.

Je t'aime quand même, chuchota-t-il.

Laissant passer, car trop hypnotisée par ses yeux malicieux, je me notais de lui renvoyer la balle plus tard. Avec le temps, mon caractère bien trempé revenait, ce qui engendrait des joutes verbales assez vivifiantes entre Darius et moi.

Pourtant, nous étions tout à fait conscients des limites à ne pas dépasser. Rien que pour cela, je l'aimais plus que tout et supportais ses moqueries ou ses vieilles remarques. De plus, j'étais agréablement surprise de l'observer trouver sa place de père assez naturellement. N'aimant pas le rôle qu'avait tenu le sien, il continuait à se renseigner un peu partout.

N'avait-il pas lu dans un manuel qu'on ne faisait pas voler les enfants à plusieurs mètres de hauteur ? A sa décharge, le petit bout qui courut jusque dans les bras de Darius en redemandait.

Papa ! chantonna-t-il.

Du haut de ses quatre ans, il ne stoppa pas sa course à temps et fonça dans les jambes du gardien du vent. Darius le fit planer – en le gardant dans ses mains – puis se tourna vers moi.

Maman ! poursuivit mon fils en tendant la main vers moi.

Je m'avançais en tenant mon dos, râlant déjà alors que la grossesse n'était qu'à cinq mois. Je tendis le bras, replaçant la mèche noire du garçon derrière son oreille.

Double JeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant