Beyond The Grave

29· Ethelred

26A CandelMaker Row, Edinburgh
❤️‍🔥

À peine entré dans son appartement, j'ai envie de m'enfuir en courant. Je savais que c'était une idée merdique de venir la retrouver ici mais son message m'a tourmenté toute la journée. Je voulais qu'elle sache la vérité par rapport à Amy, qu'elle ne doute pas de moi. Pour quelle raison au juste, alors que je passe mon temps à la repousser ? Par soucis de sincérité je suppose.

Abigail pose son sac sur une des chaises qui entourent sa table de salle à manger avant d'enlever son manteau. Elle porte une robe à fines bretelles en velours verdâtre qui lui arrive mi cuisse avec un col roulé moulant en dessous. Ses jambes sont comme d'habitude, couvertes d'un collant semi opaque et le peu que j'en vois me font remonter les souvenirs de la nuit chez Harry. Depuis ce jour le seul contact physique que nous avons réellement eu s'arrête à un baiser. J'ai beau la repousser, elle me manque cruellement.

— Tu t'en sors avec ton job de cambrioleur ? Ça donne quelque chose ? Me demande t'elle avec sa voix douce.

— Pas vraiment, j'ai fini par arrêter vu ce qu'il s'est passé la dernière fois. Je recherche autre chose mais je trouves rien qui puisse me faire un complément d'heures...

Je cache ma gêne en prenant le temps de ranger mes affaires dans mon sac, mon carnet de dessin étant toujours sous mon bras. En le posant sur la table, Abigail s'en saisit sans que j'ai le temps de l'en empêcher, et l'ouvre à une page au hasard. Elle inscrit une adresse à l'aide d'un crayon qu'elle m'a également volé et me rend mes affaires son sourire satisfait plaqué au visage.

— Un de mes amis cherche un palefrenier. Je sais que c'est pas le boulot le plus passionnant du monde mais de ce que j'en sais c'est bien payé et c'est clairement dans tes capacités.

Palefrenier, où elle a vu jouer ça... hors de question que je foute les mains à longueur de temps dans de la bouse de cheval. Je préfères encore les morts.

— Je vois ton air blasé, t'es pas obligé, je te donne juste le contact que j'ai, ça s'arrête là. Je vais me changer, fais comme chez toi.

Elle parle en enlevant ses talons, ainsi qu'en ouvrant l'arrière de sa robe et je fini par détourner le regard jusqu'à ce qu'elle rentre dans la salle de bain. Elle en ressort quelques minutes plus tard à peine et son pull à l'effigie de notre université, bien que trois fois trop grand pour elle, ne cache pas grand chose de ses fines jambes.
Elle attache ses boucles rousses en un chignon bas pas très appliqué et son regard démaquillé croise le miens, figé sur son corps.

— Tu veux bien m'expliquer ton altercation de ce midi ? Tant que tu es là...

Le bruit de la bouilloire m'indique qu'elle s'est éclipsée dans la cuisine pour se faire un thé et je m'autorise à la suivre, m'appuyant contre l'encadrement de porte. La petite lumière orangée du plafonnier éclaire l'appartement que très partiellement, à tel point que les lampadaires du cimetière doivent être à peu près aussi utiles pour éclairer la pièce.

— Ça s'est pas vu ? J'ai réussi à virer Kyle de notre équipe.

— Si j'ai bien vu, mais ma question était, pourquoi ? Qu'est ce qu'il s'est passé pour que tu en viennes à parler de moi aussi fort.

— Il a fait une remarque déplacée sur le fait que je te préférais toi à Amy.

— Et vu que c'est faux tu lui a cassé le nez ? Encore ? Me demande la rousse en versant l'eau brûlante dans son mug abimé.