Beyond The Grave

31• Ethelred

10-11 George IV Bridge, Edinburgh

— Arabella, la table douze, maintenant.

— Parles moi mieux, s'énerve la petite blonde toujours aussi arrogante.

— Et sans discuter Hanna Montana!

Elle s'en va, les bras remplis de plateaux, la mine boudeuse d'une enfant de huit ans. Pour une fin d'après midi, c'est le rush. Je suis trop fatigué pour être gentil et l'humeur de la petite nouvelle ne m'aide pas à garder mon calme. Je dois reconnaître qu'elle travaille bien et que sans elle ça serait une galère sans nom mais son manque de réactivité me rend fou.

— Ethelred calme toi ou je te vire, s'égosille à son tour Duncan en cuisine.

Ses menaces ne me font pas peur. Je sais que sans moi, il ferme boutique, mais je ferrais mieux de me tenir à carreau. J'ai d'autant plus besoin de cet argent depuis que Walter a eu la merveilleuse idée de m'annoncer, par message, il y a quelques heures, qu'il allait habiter avec sa copine. Alors je ne lui en veux pas et je suis très heureux pour lui, mais égoïstement, j'ai peur pour la suite des choses. Heureusement mon travail de pilleur de tombes m'avait rapporté assez d'argent pour tenir quelques mois, mais il va falloir que je me hâte de trouver autre chose si je ne veux pas finir à la rue.

Le regard d'Abigail se pose sur moi en entrant dans le café et toutes les images de cette nuit me reviennent.

Qu'est ce que j'ai fait...

Je n'ai pas réussi à dormir, me torturant mentalement à cause de l'erreur que j'avais commise. Le pire dans cette situation est que si j'avais l'occasion de recommencer je le ferais sans hésiter alors que je m'étais promis d'être la personne qui prendrait soin d'elle. Au lieu de ça je ne suis qu'un énième connard qui va finir par lui briser le coeur un jour ou l'autre.

Ses cheveux roux noués partiellement avec un gros flots bougent au rythme de ses pas, accompagnés par les volants de sa robe. La même que celle du premier jour où je l'ai vu et dessinée.

— Bonsoir un chocolat chaud s'il vous plait, à emporter, ajout-elle après avoir jeté un coup d'oeil à la salle bondée.

— Désolé mademoiselle nous n'avons plus de places assises ce soir.

Notre petit jeu voué à faire semblant de ne pas se connaitre me convient toujours aussi bien qu'il m'amuse. C'est d'autant plus drôle de la voir faire comme si nous ne nous étions jamais vu et qu'elle ne connaissait pas mon prénom alors que la nuit dernière elle le murmurait dans mes bras.

— Je peux être honnête avec vous ? me demande t'elle en se penchant sur le comptoir pour parler plus doucement. Votre chocolat chaud n'est pas terrible, je ne viens uniquement pour voir le barman qui est assez mignon.

Son petit sourire provocateur me donne envie de claquer mon tablier au sol et de m'enfuir de cette vie de merde avec elle, mais la blonde vient briser mes rêves.

— Ethelred, tu peux me préparer la commande seize s'il te plais, au lieu de jouer les jolis coeurs ?

Le petit rire qui échappe à Abigail a l'air d'amuser la petite jeune mais je ne me gène pas pour la réprimander tout en remplissant son plateau de bières pressions.

— Je penses que le peu de compliments qu'on t'a fait sur ton travail te sont montés à la tête Hanna Montana. Tu vas changer de ton.

— Si j'ai pas le droit d'utiliser mon téléphone pendant le service j'estime que tu n'as pas à draguer les clientes.