2· Abigail

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3A, 4a Haddington Pl, Edinburgh

Mes jambes filent dans les escaliers étroits menant à la librairie et ma montre indique quatre heures quand je passes la porte, faisant retentir la petite cloche au dessus de l'encadrement. Le sourire de ma supérieure m'accueille comme tout les jeudis, et je peux enfin respirer calmement, je ne suis pas en retard.

Bonjour Abigail, je t'en pris va poser tes affaires dans la salle de repos, ton badge est à sa place, me dit elle en mouvant sa cascade de cheveux roux.

Ses taches de rousseurs couvrent son visage pâle et je me fais toujours la même réflexion en la voyant. Si j'avais une grande soeur, je penses qu'elle serait sa copie. Elle doit avoir cinq, six ans de plus que moi, pas bien plus, et nous nous ressemblons beaucoup, à tel point que mon collègue me l'a déjà notifié quelques fois. Au seul détail près que je la trouves cent fois plus jolie. Elle est toujours rayonnante, de bonne humeur, et elle sent délicieusement bon en toutes circonstances. Elle est ce genre de personne qui, en passant non loin de là où on se trouve, dégage un parfum délicat qui lui est propre.

Comme elle me l'a indiqué, je dépose mon sac dans l'arrière boutique, au pied du petit canapé en cuir sur lequel nous prenons le thé, en fin de journée généralement. J'épingle mon badge à mon pull sans manches, en prenant soin de ne pas abimer ma chemise blanche dessous.

Nous avons reçu les nouveautés de Birlinn, ce sont que des formats poche. J'ai laissé les cartons là depuis ce matin pour que tu t'occupes de les mettre en rayon à ton arrivée, je sais que c'est ce que tu préfères.

Je te remercie Eleanor.

Son sourire disparait avec elle, accompagné du bruit de ses talons aiguille sur le parquet. Cette femme est d'une gentillesse hors pair. Lorsque j'ai passé mon entretient, ils cherchaient quelqu'un pour assurer une dizaine d'heures par semaine mais j'ai tout de même tenté ma chance, même si je n'étais disponible que le jeudi à partir de seize heures. Eleanor a accepté ma candidature, me confiant par la suite que mon profil, ainsi que ma passion pour la lecture l'avait touché, et elle a embauché une deuxième personne pour les heures restantes.
En réalité je n'ai pas réellement besoin de ce petit boulot, j'ai la chance d'avoir des parents qui financent mes études et mon logement étudiant, mais un peu d'argent de poche n'est pas négligeable, surtout si il peut être fait en passant une après midi en librairie.

Je m'attelles au déballage des cartons, et je me rends compte que la maison d'édition n'a pas plaisanté. Il n'y a pas loin de deux cents bouquins dans ces cartons. Je les trie par genres et commence à charger mon chariot avec ceux appartenant à la catégorie Fictions Historiques, les séparant des Thrillers & True crimes, en prenant soin de ne pas en corner un seul.

Huit heures passé, les portes de la librairie se verrouillent alors que je place le dernier livre de la catégorie Légende et Tradition, sur le haut du rayonnage en bois avant de descendre de l'échelle sur roulettes. Glenn passe à coté de moi et attrape mon chariot à la volé pour le remettre en place. Je prends un instant pour le remercier mais je ne suis pas sûre qu'il m'ait entendu, il est déjà loin.

Eleanor apparait sous mes yeux, le temps que je replace l'échelle contre le rayonnage, le livre que je m'étais mis de côté entre les mains. Nous avons reçu des exemplaires d'Hex, un livre parlant de la chasse au sorcière qu'a subit Edinburgh dans les années mille cinq cent quatre vingt dix. En le voyant dans les cartons, j'ai mis un exemplaire à côté de mon sac pour m'assurer d'en avoir un avant de partir, de peur qu'ils ne disparaissent tous avant mon retour la semaine prochaine.

Beyond The GraveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant