Beyond The Grave

23· Ethelred

Loch Ness, Highlands, Ecosse

— T'avais raison c'est bien des Frisons, s'exclame Blair en courant vers la clôture suivie d'Abigail et Ruby, des carottes pleins les bras.

Lorna reste à côté de moi, et j'en profites pour avoir une conversation avec elle tout en observant Abigail du coin de l'oeil.

— Enfin seuls hein?

Ses yeux s'écarquillent et comme je le pensais, elle attendait ce moment avec impatience.

— Ouais, pour être honnête, je suis venue te retrouver dans ta chambre hier soir, mais t'y étais pas. J'étais un peu déçue.

Cette fille est vraiment sans gènes. Elle n'a aucun respect pour Abigail. Même si aux yeux de tout le monde notre relation est à peu près aussi flou qu'aux nôtres, elle n'est pas sans savoir qu'il y a belle et bien quelque chose. Mais elle ne se gêne pas pour essayer de devancer son amie lâchement.

Mauvaise pioche.

— J'étais avec Abigail, dans sa chambre. N'essaie pas de retenter ta chance ce soir, ça sera pareil.

Son air dépité me ravit plus que ce que je ne l'aurais pensé et j'insiste en attachant mes cheveux, laissant apparaître les traces violacées qu'Abigail a laissé dans mon cou hier soir. Ça ne fera que confirmer ce qu'elle s'imagine, aussi démesuré soit-il.

En réalité, je penses que si je ne nous avait pas interrompu hier soir, les pensées de Lorna auraient étés pas si loin de la vérité.
Mais je n'en avais pas la force. La voir me retenir pour ne pas me voir partir et la laisser seule m'a fait dépasser mes limites. Je ne dois pas craquer, elle est brillante, elle doit avancer. Je ne peux pas bloquer sa vie avec mes projets d'avenir minables, parce que je sais que si nous passons le cap, elle ne sera pas qu'une histoire d'un soir.

— Ethelred tu peux nous aider s'il te plais? La barrière est coincée! Me demande Ruby en agitant ses bras un peu plus loin. 

Je laisse Lorna à son imagination et m'empresse de rejoindre les filles sans regarder en arrière. Le loquet fini par céder en insistant un peu et les trois amies se faufilent comme des enfants pour aller voir les vaches. Seule Abigail se hâte vers un des chevaux. J'avais oublié à quel point cette race était imposante et majestueuse.

Mes souvenirs d'enfance remontent à nouveau à la surface et un plus particulièrement.

Roheryn, le frison que mon père m'avait offert pour mes dix ans. Un étalon aussi majestueux que le Shire de mon frère que je me suis résolu à vendre à la mort de ma mère, n'ayant plus le cœur de monter à cheval.
Les balades dans les champs commencent à me manquer autant que mon vieil ami.

Abigail passe sa main sur l'encolure de ce qui s'avère être une jument et l'animal est beaucoup plus sociable que ce que je l'aurais imaginé. Pour des chevaux laissés pour compte, ils aiment le contact humain.

— Regarde comme elle est belle, me dit ma petite rousse les yeux aussi pétillant qu'une enfant devant une licorne.

— Je te l'accorde elle est très jolie. J'aime beaucoup cette race.

— Ah oui?

Son regard s'émerveille en se retournant vers moi, attendant d'avoir plus d'informations de ma part, mais comme d'habitude, je me contente d'éluder sa question.

— Tu veux qu'on fasse un semblant de balade dans le champs?

— Mais on a pas de matériel Ethelred!