CHAPITRE VI: LES ADIEUX

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Il ne retrouva ses esprits qu’au soleil couchant. En rouvrant les yeux. Les derniers rayons orange que lançaient le crépuscule dans le fond de sa cellule disparaissaient dans le mur et il était allongé au sol dans la paille. Il dégageait une odeur des morts et ses orbites creux tant par la famine que par la fatalité de se savoir condamné à la potence. Il se releva et se réfugia dans un coin de la cellule.

Ses compagnons de cellule ne lui disaient toujours rien. La seule chose qu’ils avaient en commun c’était la potence à l’aube. Des pas puis un gardien qui passait avec un cahier de note. C’était donc vrai qu’avant sa mort on dégustait le poulet sans tête ? les autres prisonniers donnaient leur mets favori et arrivé au tour de Marcus, il secoua la tête tant il refusait d’y croire. C’était donc la fin ? Chaque minute qui passait le rapprochait de la mort. Épuisé, il se rendormi de nouveau.

Dans la nuit alors qu’il dormait des agitations furent entendues à l’extérieur et réveilla toute la prison. Des bruits des lames et quelques bruits sourds. Curieux, tous les prisonniers passaient leurs mains à travers les barreaux de leurs cellules lorsqu’un homme habillé en noir avec un voile au visage foulait le couloir, il maintenait un doigt sur la bouche pour dire aux prisonniers de se taire et ouvrait les serrures pour les libérer.

Au tour de la cellule de Marcus qui regardait, tout le monde se précipita à l’extérieur y compris Marcus. Voulant passer près de la personne qui les avait libérées, l’homme prit sa main et lui parla naturellement

-Par ici !

ils prirent un couloir diffèrent et passait dans le bureau d’un des officiers de la garde qui avait les mains et la bouche liée. Passant par la fenêtre pour se retrouver à l’extérieur, les gardiens donnèrent se battaient déjà contre les prisonniers. Il fut reconnaissant que l’homme dont il ignorait le nom ni les intentions l’en ai délivré.

Son cœur battait si fort et ils continuaient à courir à travers les sombres ruelles et les passages dont il ignorait l’existence jusqu’à se retrouver à la plage de Baybourg. Tout essoufflé il se courba et posa ses mains sur ses genoux pour reprendre haleine. L’homme était en forme et ne se révéla point le visage. Marcus se tourna vers lui et voulut l’exprimer sa gratitude lorsque l’homme secoua la tête

-Tu ne me dois rien. C’est moi qui te dois tout.

Fut l’homme dont la voix aussi était incompatible à sa carrure. Il ressemblait tout de même à un Eldeen vu sa masse et sa taille. En regardant plus loin sur la plage, une silhouette d’une jeune femme qui se dévoilait avec les premières lueurs de l’aube. Dans une robe blanche et une écharpe autour du cou qui flottait au vent.

Marcus se rapprocha et se plaça devant elle. Elle sourit immédiatement et quelques larmes coulèrent de ses yeux

-Marcus !

-Adhor ! que…que faites-vous ici ?

Ces mots n’étaient pas ce qu’il voulait exprimer. De la gratitude et une éternelle reconnaissance mais il s’en gardait avant de connaitre ses véritables intentions

-Que les quatre mers soient louées, tu vas bien.

Elle se précipita dans ses bras l’étreignit fort. Marcus fut de même. Il ne combien de fois il avait rêvé d’un moment pareil en prison. Et le visage de lady Adhor était ce qui le maintenait en vie

-Je…je ne sais comment vous remercier. Vous et l’homme qui m’a fait évadé.

-Nous nous sommes arrangés lui et moi. Je me fiche bien de ce qu’ils disent sur vous. Je sais que tu n’es pas une mauvaise personne. N’est-ce pas ?

Marcus se détacha de ses bras et fut une mine soulagée

-J’ai été piégé. Maintenant. Tout ce qu’il me reste à faire c’est de chercher l’homme qui m’a fait inculper et prouver mon innocence.

-Tu peux faire ça oui ! elle regarda un peu vers le ciel et au loin les hommes qui chargeaient un navire sur le port

-Mais… ? fut Marcus avec les sourcils froncés

-Vois tu…j’ai fouillé dans les affaires de mon père et ce que j’y ai découvert m’a fait déduire que rien de tout ceci n’arrive au hasard. Il est vrai que les évènements ne sont pas venus dans le bon ordre pourtant, depuis le tout début tu es la pierre angulaire de cette histoire.

Marcus resta là sans mot dire. Il aspira l’air frais du matin et ses lèvres s’asséchaient par le froid. Sa chemise était en mauvaise état et il secoua la tête tant qu’il refusait d’y croire

-Que veux-tu dire par là ? que je suis né pour être un brigand ?

sa colère monta d’un ton et il grinça les dents
-Non ! non ! tu n’y es pas du tout. Mon propre père était un pirate. Et la seule raison pour laquelle il était proche de toi c’est parce que c’est lui qui t’avait amené sur cette ile. Je ne l’ai appris qu’après sa mort dans ses notes et écrits. Mon propre père me mentait depuis toujours. Sais-tu combien c’est troublant pour moi aussi ?

Marcus posa la main sur son front. Il était épuisé par tous ces évènements et ce qu’il entendait la déclencha une vertigineuse chaines des causes a effet dans sa tête ; « Le livre sur le pirate. La question d’Algheer, la rencontre avec un pirate, les mots prononcés par l’homme qui avait tué Algheer, sa condamnation »

il respira doucement et pour une fois prit la main de lady Adhor

-Si la marine d’Eldeenne l’apprend, tu seras exécutée toi aussi. Partons loin d’ici.

A ces mots, elle sourit et se précipita dans ses bras. Ses lèvres tremblaient, Marcus compris qu’elle se retenait de parler

-Je vais m’en sortir. Tout ce que tu as à faire, Marcus, c’est de prendre ce bateau et voler vers la liberté. Je t’ai mis dans ce petit sac assez d’argent pour que tu quittes la land Eldeenne et que tu retrouves tes origines. Il y a aussi le journal de mon père…du temps où il était encore « Tu sais qui ».  Il te sera bien plus utile qu’a moi.
Marcus resta ainsi avec elle.

Il trouvait l’offre alléchante et lady Adhor était comme une sœur pour lui. N’empêche qu’il avait nourri une petite affection pour elle depuis qu’il était devenu proche du domaine d’Algheer. Il posa sa main sur sa joue et la regarda. Ses joues rosies et ses lèvres blanches ainsi que la paire d’yeux qui le dévisageait

-Je vous serai éternellement reconnaissant. Vous, je vous dois la vie. Et je souhaite qu’un jour le destin veuille bien me lier de nouveau à toi. Je reviendrai dès que mon innocence sera prouvée.

Il posa ses lèvres sur celle d’Adhor dans un baiser chaste et se retira. Elle ne dit rien et laissa ses larmes exprimer les mots qu’elle avait au cœur. Marcus s’éloigna à pas hésitant et se dirigea vers le port pour embarquer.

Il s’avait qu’il devait se dépêcher avant que toute la ville ne soit au courant de l’évasion massive des prisonniers. Il ne sut jamais quel homme se cachait derrière le voile de son sauveur. Tout ce qu’il voyait était un signe que l’univers était de son côté. Sa destination était « Ile d’huitre » l’endroit où il comptait commencer la quête de l’homme qui avait fait de lui un fugitif

RÊVERIE : UNE NOUVELLE ÈRE DE LA PIRATERIE (TOME I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant